Tragique indifférence
par le Père Joseph Le Gall, eudiste
Le radical renversement de situation auquel nous assistons dans la « parabole du riche et du pauvre Lazare» ne nous est pas raconté par Jésus pour nous faire peur ou pour nous éclairer sur nos futures conditions de vie dans l’au-delà, mais tout d’abord pour nous faire réfléchir sur le présent, sur « notre présent », sur notre manière actuelle de regarder et d’accueillir les autres, en particulier tous ceux qui sont frappés par le malheur ou qui vivent dans une extrême pauvreté.
Dans la parabole il n’est pas reproché au riche d’être riche. Il n’est pas dit non plus qu’il maltraitait le pauvre. Son seul tort a été de ne pas avoir vu Lazare à sa porte et de ne lui avoir prêté aucune attention. C’est sa totale indifférence qui est vigoureusement dénoncée. Indifférence qui inéluctablement éloigne de Dieu qui, Lui, se fait proche de tous ceux qui souffrent de misère ou d’exclusion, et qui se reconnait en chacun d’eux.
Pour nous, la leçon est claire : c’est notre regard et surtout notre cœur qu’il s’agit d’éduquer. Même si nous ne pouvons répondre positivement à toutes les sollicitations matérielles qui peuvent nous être faites, nous pouvons au moins regarder et saluer amicalement ceux qui, aux portes de nos églises ou dans la rue attendent sans doute de notre part un geste qui ne soit pas seulement matériel.
En nous unissant à Lui et entre nous, dans l’eucharistie de ce dimanche, que le Seigneur nous aide à ajuster nos vies à ce qu’Il attend de nous en racontant cette parabole du riche et du pauvre Lazare !