3ème semaine de carême – 2R 5, 1-15a ; Ps 41 (42), 2, 3 ; 42 (43), 3, 4 ; Lc 4, 24-30.
Nous sommes au début de l’évangile de Luc, et il y a comme une annonce prophétique de ce qui va se passer, de ce cheminement de Jésus parmi nous, jusqu’à sa Pâque, sa mort et sa résurrection. Dans ce pèlerinage, il y a un certain nombre de rencontres qui peuvent nous éclairer, nous conduire sur un chemin de conversion en profondeur. Pas une conversion qui consiste à passer du mal au bien, même si c’en est un fruit, mais la conversion « metaïona » c’est-à-dire un retournement qui nous donne de ne plus être la mesure de nous-mêmes, mais de remettre notre vie entre les mains du Seigneur.
Hier, nous avons médité la rencontre entre Jésus et la Samaritaine, cette femme qui petit à petit, sans que Jésus ne trouve de véritable obstacle en elle, cette femme qui va s’ouvrir à la profession de foi la plus extraordinaire, la révélation par Jésus lui même de qui il est « Je le suis, moi qui te parle ». Aujourd’hui, Jésus est confronté à des gens, qui contrairement à la Samaritaine, sont proches de lui, des habitants de son village, connaissant bien cette parole : « Aucun prophète n’est accueilli dans son pays ». Des fois d’ailleurs, c’est une parole que nous utilisons un peu facilement, que nous pouvons dire pour nous justifier, pour excuser le fait d’avoir du mal à témoigner dans notre entourage. C’est une vérité qui peut s’appliquer à nous : ceux qui sont proches de nous voient bien nos imperfections mais aussi l’incohérence parfois entre ce que nous vivons et ce que nous annonçons. Ce n’est pas le cas pour Jésus ; il y a quelque chose de plus profond. Cela rejoint le prologue de Saint Jean : « Jésus est venu chez lui et les siens ne l’ont pas reçu. Mais à ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. » (Jn 1, 11-12) Ce qui est important c’est de comprendre comment pouvons-nous recevoir celui qui vient, ne pas rester en marge, de moins nous fixer sur ce que nous croyons savoir. Dans beaucoup de circonstances, nous croyons savoir : « moi, je sais. » Une étape importante quand nous devons renoncer à notre expérience, pas mauvaise en soi mais quand elle est érigée en connaissance absolue, qui va nous empêcher de faire une véritable rencontre, la rencontre avec le Christ et son mystère. La Samaritaine ne savait pas grand-chose, elle a accepté de cheminer avec Jésus et d’être en vérité avec lui.
Dans la première lecture, il y a l’exemple de Naaman le Syrien. Un homme important, avec une réputation, sans doute un homme profond. Mais cela ne suffit pas ! On voit le problème auquel il est confronté et qui nous invite à une conversion. Naaman avait peut être une certaine conception de ce que Dieu pouvait faire pour lui, par l’intermédiaire de ce prophète « Je pensais qu’il ferait des choses compliquées, et en fait, c’est bien plus simple que cela ! » Nous avons à accueillir la manière parfois très simple que le Seigneur a de nous venir en aide. C’est le serviteur de Naaman qui vient lui dire « Si le prophète t’avait ordonné quelque chose de difficile, tu l’aurais fait, n’est-ce pas ? » Accueillir la manière parfois déconcertante que le Seigneur a d’agir avec nous ; il passe parfois par des médiations qui ne correspondent pas à l’idée que nous nous faisons de Dieu. Parfois dans la vie, on rencontre des gens très simples, qui ont même du mal à s’exprimer, et si on sait les écouter, ils vont nous édifier.
Il y a aussi l’attitude de la veuve de Sarepta : le prophète vient la voir, il ne lui reste qu’un peu de farine et d’huile pour faire une galette pour son fils et elle et après mourir. Et elle l’accueille, et avec cet accueil, aura pour elle et son fils de quoi manger jusqu’à la fin de la famine.Un aspect important est de pouvoir s’accueillir les uns les autres de savoir mettre une priorité dans la charité. Sans doute un des enseignements importants dans ce temps d’épreuve. Accueillir simplement ce que le Seigneur nous demande. Même si cela nous semble parfois un peu trop humain. Donner la première place à la charité. De toute façon, nous ouvrir dans la confiance, c’est vrai qu’on se dit tous les jours que c’est déconcertant. Nous pouvons être tentés de poser de dogmes et des principes. Nous sommes invités à nous laisser déplacer. Le plus important n’est pas l’approfondissement des dogmes et des principes, mais l’approfondissement de notre rencontre avec le Seigneur.
Nous avons du temps en ce moment, cela aussi est déconcertant ! D’habitude, ce sont nos activités, nos priorités qui priment. Redécouvrons le temps et l’espace de l’intériorité, des rencontres en vérité de toutes les manières possibles. Mettons nous à l’écoute de la Parole de Dieu. C’est la raison pour laquelle si possible tous les jours, il sera proposé à 15h, heure de la miséricorde, de nous relayer par FB pour prier le chapelet de la miséricorde et le chemin de croix.