3ème semaine de carême – Solennité de Saint Joseph, époux de la Vierge Marie (2 S 7, 4-5a.12-14a.16 ; Ps 88, 2-3, 4-5, 27.29 ; Rm 4, 13.16-18.22 ; Mt 1, 16.18-21.24a)
« Elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint ». L’action de l’Esprit Saint, autant au moment de l’Annonciation, de l’Incarnation, de la visitation, de la Pâques du Christ et de la Pentecôte qui sont vraiment des événements centraux de l’histoire de la Rédemption, de ce que Dieu a fait pour nous, est continuelle et permanente. Nous voyons dans ce passage comment nous ne sommes pas préparés à cette action, même si notre cœur est ouvert, nous sommes toujours dépassés par ce que l’Esprit Saint a fait en nous, l’Esprit Créateur, le Père des pauvres, celui qui féconde nos terrains, nos vies, les aspects les plus vierges et les plus stériles. De fait, comment pouvons nous être ouverts d’esprit, rester continuellement ouverts à l’action de l’Esprit Saint ? Un saint a dit que ce qui attire le plus l’Esprit Saint dans notre vie, c’est l’humilité, l’esprit de pauvreté ; et en même temps la présence de la Vierge Marie en chacun de nous : c’est une possibilité offerte de grandir dans cette béatitude « Heureux les pauvres de cœur. » Et puis, continuellement, accueillir la Vierge Marie. Hier sur RCF, notre évêque (Jacques Blaquart, évêque d’Orléans – NDLR) disait l’importance de prier, d’être en communion de vie avec la Vierge Marie si présente dans notre diocèse, dans la vie de l’Eglise de France et du monde entier. Elle nous prépare et nous invite toujours à accueillir la Parole de Dieu et à accueillir l’Esprit Saint.
En quoi Joseph est pour nous un modèle ? L’évangile nous dit que Joseph est un homme juste. Ça n’est pas une vertu limitée à certain, elle est offerte à tous. Plus nous accueillons la Parole de Dieu, plus nous serons ajustés ! Comme ça a été le cas pour la Samaritaine, grande pécheresse devenue une femme juste, ajustée au plan de Dieu et témoin auprès des Samaritains, après avoir accueilli le Seigneur tel qu’il s’est révélé à elle « Je le suis, moi qui te parle. » C’est cela être ajusté : pas une justice morale. Joseph était de cette pâte, par la grâce de Dieu. Bien sûr, ça ne s’improvise pas, c’est une grâce que nous recevons à notre baptême mais que nous avons à cultiver et à laisser convertir. Notre conversion n’est pas notre problème, mais celui de Dieu. Nous avons à accueillir cette grâce de conversion et de retournement, en commençant par reconnaître que nous sommes pêcheurs et que sans Lui nous ne pouvons rien faire et rien vivre. Ce qui est magnifique dans l’attitude de Joseph, c’est qu’il a été tendu entre d’une part l’obéissance à la Loi : Joseph est un vrai Juif, au plus profond de lui-même, comme on l’entendait hier dans la Parole de Dieu, c’est un homme qui a accueilli, gardé et mis en pratique les commandements. Normalement, une femme enceinte en dehors du mariage devait être lapidée. Il est dans le plein respect de la volonté de Dieu, il essaie de la comprendre, sans qu’on trouve en lui le risque de déformer la Loi, comme c’est le cas parfois dans l’esprit des pharisiens. Et d’autre part, il est tendu, tiraillé avec ce désir de respecter Marie. Ce sont deux attitudes qui sont très importantes pour nous : chercher toujours à accueillir la volonté de Dieu dans notre vie, à la garder et à la mettre en pratique.
En même temps, dans cette situation, extrêmement particulière, Joseph a l’immense respect de cette femme Marie. Je suis sûr que même si Joseph n’avait pas les moyens de comprendre ce qui s’était passé (on ne sait pas ce que Marie lui a dit) en tout cas, l’Esprit Saint ne lui a rien révélé avant cette intervention. Vraiment, Joseph a respecté et a eu une immense confiance dans celle qui devait devenir son épouse et qu’il aimait sûrement déjà d’un amour immense. Et c’est pour ça qu’il a décidé de la répudier en secret. Je ne sais pas si vous percevez cette tension que nous pouvons rencontrer. Ce qui est assez étonnant, c’est que l’ange aurait pu parler à Joseph, avant qu’il ait ce travail de réflexion et de discernement à faire. L’ange aurait pu lui dire ce qu’il lui dit dans l’évangile : « ne t’inquiète pas, prends Marie comme épouse, soit le père de cet enfant. » Mais ça n’a pas été le cas. Dieu ne nous préserve pas de ce travail de discernement, parce qu’il nous a voulu libres, nous a donné cette capacité de discerner, de mettre en œuvre notre intelligence, notre foi, qui nous sont vraiment propres, et de pouvoir faire l’expérience de cette justice, de cet ajustement à la volonté de Dieu. Nous aussi, nous avons à faire ce chemin. Du coup, Joseph s’est retiré parce qu’il n’était rien dit, qu’on ne lui avait rien dit sur la place qu’il devait prendre dans le mystère de l’Incarnation. Dans son immense humilité, il s’est dit qu’il n’avait pas sa place, qu’il n’avait pas à s’imposer. C’est le mystère de Dieu ! A cause de cette attitude, Dieu en fait le père de son Fils : « Tu nommeras mon Fils. » Dans la Bible, cette nomination, c’est faire exister : il y a le père géniteur, et le père qui le nomme et l’établi dans une filiation, une lignée, une histoire. Et dans son désir de respecter Marie, de ne pas la juger, Dieu lui dit « tu seras l’époux de Marie. »
Pour les couples ou dans toute relation, nous avons à accueillir cette tension qu’il y a entre le désir premier de faire la volonté de Dieu, qui est le premier commandement « Ecoute, Israël ! », mais écoute et accueille la volonté de Dieu, garde-la et mets-la en pratique.
Nous avons à ajuster nos priorités, à toujours écouter Dieu. C’est ce que Jésus dit à Marthe : « Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. » Dans toute histoire humaine, toujours faire la première place à la volonté de Dieu. Souvent, je dis aux couples que je prépare au mariage ou que j’accompagne, que la condition pour connaître la volonté de Dieu est de la chercher ensemble. Quel qu’elle soit, elle peut transformer nos projets, et il faut accepter d’être déplacé dans nos projets.
Le deuxième commandement est « Tu aimeras ton prochain » : si j’essaie d’aimer mon prochain, alors Dieu va me donner la grâce, comme pour Joseph d’être l’époux de Marie, d’être un vrai époux ou épouse ; et d’être le père de son enfant, c’est-à-dire être un vrai père, une vraie mère, un vrai ami, un vrai prêtre j’espère : c’est pareil pour moi et pour toute personne ! Toujours chercher la volonté de Dieu. Si je la cherche, alors je deviendrai acteur, participant de cette volonté de Dieu, du plan de Dieu. Et par ailleurs, toujours chercher à respecter et à aimer mon prochain : alors je serai pour lui vraiment un aimant, un amoureux, comme Jésus. C’est pour cela que Jésus résume la Loi et les Prophètes dans cet unique commandement « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » Le signe de la Croix, c’est cette tension entre la volonté de son Père et la volonté de sauver tous les hommes : alors, il devient notre unique rédempteur.
Nous, en vivant cette tension entre la quête inlassable de la volonté de Dieu et l’amour de nos frères, alors nous serons vraiment participants au plan d’Amour de Dieu de sauver tous les hommes.
Voilà la méditation de ce jour à l’école de Saint Joseph, à l’école de la Sainte Famille. Nous pouvons demander leur prière et leur intercession.