3ème semaine de carême – (Dt 4, 1.5-9) (147 (147b), 12-13, 15-16, 19-20) (Mt 5, 17-19)
Nous avons aujourd’hui dans cette
liturgie de la Parole, l’occasion de méditer le sens des commandements, avec
cette affirmation, cette sentence de Jésus (dans le sens positif) :
« Celui qui les observera et les
enseignera, celui là sera déclaré grand dans le Royaume des Cieux. »
Ce que nous découvrons dans la bible, au
sujet de la Loi et des commandements, c’est qu’ils sont source de bénédictions.
Avec cette recommandation
importante : les garder. Pas les garder comme un trésor dans un
coffre-fort, ou de la nourriture dans un placard en ce temps de confinement,
mais dans son cœur, avec le souci de les mettre en pratique. C’est à ces
conditions, que l’on retrouve dans l’Ecriture, que les commandements sont
source de bénédictions et peuvent se propager. Dans la mesure où nous gardons
ces commandements et que nous les mettons pratique, alors ils deviennent comme
un enseignement par toute notre vie et
plusieurs générations après nous. C’est la responsabilité des éducateurs, des
parents : garder les commandements, les mettre en pratique et les
enseigner aux générations suivantes. Et après, cette espèce de contagion !
« Il
n’y a pas un peuple sage et intelligent comme cette grande nation. » Voilà comment Dieu nous voit : un peuple
qui manifeste tellement la sagesse de Dieu pas notre sagesse humaine. Même si,
nous le verrons dans l’évangile, Jésus vient accomplir ce qu’il y a de bon en
nous, ce qu’il a semé de bon en nous. C’est la sagesse divine qui nous est confiée et offerte comme un don
précieux dans le fait d’écouter, de garder et de mettre en pratique. Alors,
nous devenons un peuple rayonnant.Ce temps de carême est pour nous l’occasion
de revenir à cet essentiel, à un autre regard sur les commandements. On sait
bien que la France est un peuple de droit, plus attachée aux droits qu’aux
devoirs !
Les commandements sont à accueillir comme
une source de bénédictions. Avec comme contrepartie que si nous ne les gardons
pas et ne les mettons pas en pratique, ils peuvent se transformer en source de
malédiction. Pas les commandements eux-mêmes, mais en ne les gardant pas.
Devenir un peuple rayonnant, que toute notre vie soit un témoignage de cette
sagesse que le Seigneur nous donne.
C’est
ce que Jésus nous dit dans l’évangile avec ce verbe « accomplir »
que nous avons déjà vu il y a quelques semaines dans un évangile dominical.
Jésus « est venu non pas
abolir, mais accomplir. » Ce verbe accomplir a une signification
particulière. On peut le comprendre comme le fait de remplir. Nous sommes des
vases d’argile personnellement et communautairement, dans lesquels le Seigneur
a déposé le trésor de sa sagesse en nous offrant ses commandements (à condition
de les garder et de les mettre en pratique : garder dans notre cœur et
méditer les commandements. C’est Marie qui est pour nous éducatrice de cette manière de garder : tous
les événements de la vie de son Fils, elle les méditer et les symboliser pour
pouvoir nous les transmettre.
Jésus nous dit qu’il est venu accomplir les commandements, c’est-à-dire leur donner tout leur sens. Comme un œuf, rempli, plein ! On comprend qu’on ne peut en changer un iota, parce que c’est une même réalité : on ne peut pas dire qu’on aime Jésus, qu’on aime l’Eglise, si on met de côté certains commandements, parce qu’ils nous apparaîtraient moins importants ou adaptés. Cela s’applique à toutes les réalités de l’existence humaine. Jésus est venu accomplir toute l’histoire du salut et toute l’histoire de l’univers. Tout l’univers a trouvé son accomplissement, sa destinée, en Jésus. On dira la nuit de Pâques « il est l’alpha et l’omega » le principe et l’aboutissement de tout. Face aux scientifiques qui réfléchissent sur la naissance et l’aboutissement de l’univers, les chrétiens ont une parole ultime à proclamer : Jésus est l’accomplissement de toute l’histoire de l’univers. Le concile Vatican II, à la lumière de la Parole de Dieu, a permis de comprendre que Jésus est aussi l’accomplissement de toute culture, de toute civilisation et de toute sagesse. Il y a du bon en toute culture et toute civilisation, parce que Dieu est créateur de tout. Jésus est venu accomplir tout ce qu’il y a de beau et de bon, le porter à son accomplissement, et nous avons à l’accueillir. A la Samaritaine, Jésus est venu la bénir en lui demandant « Donne-moi à boire, donne-moi ce que tu as à me donner. » Et nous, dans notre témoignage, nous avons à accueillir, à nous réjouir, à rendre grâce à Dieu, pour tout ce qu’il y a de bon et prier pour que Dieu le porte à son accomplissement. Il est venu aussi accomplir tout ce qu’il y a de beau et de bon en moi, en chacun de nous. Nous sommes des créatures de Dieu, c’est pour cela que nous avons du bon et du beau en nous. Lord Baden-Powell, fondateur du scoutisme, disait qu’il y avait au moins 5% de bon en chacun à faire fructifier. Jésus est venu porter à son accomplissement tout ce qu’il y a en moi de désir de justice, de partage, de solidarité.
Ces commandements, c’est aussi vivre ce
temps de carême, temps de vivre le commandement du Seigneur d’aller au désert
avec lui, même si nous le vivons cette année d’une manière particulière.
Redécouvrir en nous tout ce qui est de l’ordre de la création, de la culture
qui nous environne. Et en nous-mêmes, faire émerger ce qu’il y a de bon et de
beau. Ce temps de carême nous permet de nous interroger sur nos désirs, sur ce
qui est important pour nous et de le présenter au Seigneur pour qu’il le porte
à son accomplissement. Et alors, il ne faudra pas s’étonner de toute la
fécondité de cela, que nous soyons transformés au terme de ce carême. Que notre
humanité, notre manière de vivre ensemble soit portée à son accomplissement
dans un renouvellement complet de ce que nous sommes. Thérèse de Lisieux
interprétait ainsi « Il faut faire les plus petites choses par
Amour. » Je crois que c’est une très belle façon de comprendre ce que
Jésus dit « Pas un seul iota, pas un
seul trait, ne disparaitra de la Loi. » Sainte Thérèse nous dit de
mettre ça en application dans les plus petites choses, dans ce que le
Seigneur a déposé dans les vases
d’argile que nous sommes. Que nous ne fassions rien si ce n’est par Amour. Si
ce n’est par amour, comme dit Saint Paul « je suis une cymbale retentissante. »