4ème semaine de carême (Is 65, 17-21 ; Ps 29(30), 2a.3-4, 5-6, 9.12a.13cd ; Jn 4, 43-54)
Vous avez vu dans l’évangile selon Saint Jean, il n’est pas question tant de miracle que de signe. Saint Jean précise que « c’est le second signe que Jésus accomplit lorsqu’il revint de Judée en Galilée ». Le premier signe était celui de la transformation de l’eau en vin. L’importance d’un signe est qu’il oriente vers autre chose, vers une autre réalité. Le miracle vaut pour lui-même, ici la guérison du fils du fonctionnaire royal ; mais il oriente vers l’heure de la gloire de Jésus, vers ce qu’il est vraiment venu faire. Rappelez-vous dans la conversation entre Jésus et Marie à Cana, Jésus lui répond : « mon heure n’est pas encore venue. » La clé qui permet de comprendre tous les signes accomplis par Jésus dans l’évangile selon Saint Jean est la croix, c’est l’heure de la gloire et de la glorification de son Père pour laquelle Jésus est venue.
Dans l’évangile d’aujourd’hui, je voudrais attirer votre attention sur trois choses.
La première est la foi par étapes. C’est toujours comme ça. Nous avons vu comment la Samaritaine progressait pas à pas, toujours accompagnée par le meilleur des pédagogues qui soit. Soyons clairs, ce pédagogue est toujours à l’œuvre avec nous ! C’est même l’œuvre de Dieu : l’œuvre de Dieu est que nous croyons en celui qu’il a envoyé. Jésus continue d’agir de bien des manières, en particulier par l’Eglise, par l’Esprit Saint quand nous méditons la Parole de Dieu, et par bien d’autres actions puissantes de l’Esprit Saint. Et il agit vraiment pour nous conduire à la vraie foi. A la fois la profession de foi de Jésus : « Jésus Christ est Seigneur. » Et en même temps une profession de foi qui transforme notre vie.
Le deuxième point : vous avez vu, l’homme s’adresse à Jésus, lui demande de venir voir son fils malade. Et Jésus l’envoie, il ne se déplace pas en personne : c’est la deuxième chose. Saint Jean dit que l’homme « crut à la parole qui lui avait été dite par le Seigneur ». On voit bien ici l’importance de la Vierge Marie qui croit à la Parole qui lui a été dite de la part du Seigneur. Marie est l’éducatrice de notre foi.
La troisième chose : quand son fils est guéri, que se passe-t-il ? Il y a cette expression chez Saint Jean « Il crut ».
Reprenons :
Premier point, on peut croire, « je crois Seigneur ». J’aime ce que dit le centurion romain : « je crois, mais viens au secours de mon incroyance. » Même si on emploie le même mot de foi, ce mot est multiple. Et la foi est toujours en chemin, nous n’avons jamais fini d’accueillir l’Esprit Saint pour qu’il fasse grandir en nous la foi.
Le deuxième point est très important en ce temps de confinement : Jésus agit à distance. Pour les noces de Cana, pour d’autres miracles ou signes qu’il accomplit, il est présent et agit directement sur la personne ou sur les éléments. Mais là, il agit à distance. Pourquoi est-ce important ? Parce que dans ce temps de confinement, nous pouvons nous demander ce que nous pouvons faire, alors que nous restons chez nous, qu’il nous semble que nous ne pouvons pas agir comme le font les médecins, les infirmiers, les commerçants ou encore les enseignants qui accueillent dans les écoles pour prendre en charge les enfants de parents médecins. Si nous nous appuyons sur la Parole de Dieu, nous pouvons vraiment agir à distance. Je voudrais attirer votre attention sur « l’effet papillon » : la théorie scientifique de l’aile de papillon, très intéressante sur un plan spirituel. Un battement d’ailes de papillon à un endroit de la planète peut provoquer un ouragan à l’autre bout.
Comment pouvons-nous nous approprier cela et agir à distance ? C’est aussi la spiritualité de l’école thérésienne, et c’est important aussi pour les enfants (je trouverai l’occasion d’en parler dans les prochains jours avec les enfants). Thérèse de Lisieux dit qu’il faut faire toutes les petites choses avec amour. Vous savez qu’elle est patronne des missions en étant restée au Carmel. Elle a pourtant soulevé la mission de l’Eglise de là où elle était. Elle nous invite à faire de même : par les plus petits renoncements, les plus petits gestes que nous pouvons faire par amour, nous pouvons encourager les médecins, les chercheurs qui risquent leur vie au service de ceux qui sont malades ou les personnes à risque.
Une foi par étape, une foi vivante qui progresse comme une cellule qui se développe.
Jésus qui agit à distance et nous avons, nous aussi, cette capacité d’agir à distance.
Et la troisième chose n’est pas la moins importante dans notre contexte. Vous avez vu que justement, ce passage de la guérison du fils du centurion est cité pour argumenter le principe même de l’Oïkos, de la maisonnée. Cet homme, quand il est touché par la grâce de la foi, c’est toute sa maisonnée, tous les habitants de sa maison, qui vont se convertir de la même manière. C’est pourquoi je vous encourage, et certains le font déjà, de développer cet esprit d’oïkos, cet esprit de maisonnée. N’hésitez pas à le faire là où vous habitez, dans votre confinement. C’est plus compliqué si vous êtes seul, mais si vous êtes quelques-uns, prenez du temps, donnez-vous des rendez-vous de prière. Si vous ne savez pas comment faire, il y a beaucoup de choses sur internet. Et parmi vous, il y en a qui donnent déjà des rendez-vous par internet, sur des réseaux comme Zoom ou Skype. Je vous encourage à le faire, je vous bénis dans cette œuvre. Et j’encourage ceux qui ne le font pas à trouver les moyens.
Nous allons diffuser un moyen proposé par le diocèse : Whaller. Vous allez pouvoir créer des sphères virtuelles, on vous expliquera comment faire, je vous demande de patienter un peu. Mais je vous encourage à y réfléchir, à vous demander comment vous pourrez mettre cela en œuvre, qui vous pourrez contacter, par téléphone ou par internet, pour rejoindre une sphère virtuelle, dans laquelle vous pourrez vous donner des rendez-vous régulièrement pour partager des choses ensemble. Vous comprenez bien que cette méthode, qu’on appelle oïkos, ou petit groupe de maison, ou sphère spirituelle ou de maisonnée, a une puissance d’évangélisation très importante. Je suis en train de préparer un enseignement pour faciliter votre adhésion à ce principe qui est vraiment d’une très grande richesse.
Je rends grâce à Dieu pour cet évangile d’aujourd’hui qui nous permet d’argumenter cette initiative ! Merci à tous et que Dieu vous bénisse.