4ème semaine de carême (Ez 47, 1-9.12 ; Ps 45 (46), 2-3, 5-6, 8-9a.10a ; Jn 5, 1-16)
Rendons grâce à Dieu de pouvoir continuer de méditer l’évangile selon Saint Jean. Nous avions commencé ce temps de carême avec l’évangile de la Samaritaine. Et aujourd’hui, c’est la guérison du paralytique à la piscine de Bethzatha. Vous aurez remarqué quelques détails qui viennent donner une lumière particulière sur cet événement : les cinq colonnades, le fait que cet homme est malade depuis 38 ans et que c’est à côté de la porte des Brebis, la porte par laquelle Jésus va entrer. Ces 3 éléments sont très symboliques : les cinq colonnades sont le Pentateuque ; si vous cherchez dans l’Ancien Testament vous verrez que les 38 ans sont la durée réelle du passage du peuple d’Israël dans le désert. On dit que c’est 40 ans, un chiffre rond, mais en réalité c’est 38 ans. Et la porte des Brebis nous rappelle ce passage de la Parole de Dieu qui dit que Jésus nous voit comme des brebis perdues sans berger, qu’il est le berger de ses brebis et que ses brebis connaissent sa voix, qu’elles répondent à son appel et que c’est lui qui prend soin d’elles. On voit dans l’introduction de ce récit, toutes ces personnes malades : boiteux, aveugles, impotents… Jésus vient prendre soin d’eux.
Le Pentateuque et les 38 années pour que nous soyons convaincus que Jésus est le Messie, il n’y en a pas eu d’autre avant lui : des prophètes l’ont annoncé, des événements l’ont préparé, mais c’est vraiment lui qui est venu accomplir tout ce que la Loi ne pouvait pas accomplir. Le Pentateuque pouvait annoncer la venue du Messie, mais ne pouvait pas accomplir pleinement les aspirations que nous portons en nous : seulement Jésus peut le faire.
Les 38 années dans le désert ont été une préparation mais ces 38 années n’ont pas pu permettre d’entrer vraiment en Terre Promise et c’est Jésus qui vient nous ouvrir le cœur du Père d’une manière totalement gratuite puisque nous sommes des pécheurs, infidèles alors que Dieu est fidèle à sa promesse. Et il est vraiment le berger des brebis…
Regardons comment cela se passe dans ce récit :
Le lieu, cette piscine, est un lieu de mélange de cultures, de compromissions, de mélanges. C’est important pour nous, parce que Jésus n’a pas peur, il n’intervient pas seulement dans le Temple de Jérusalem, mais il vient là où nous vivons dans nos vies un peu mélangées. Et pourquoi y vient-il ? Evidemment pour nous y rencontrer parce qu’il nous aime infiniment. Il vient évangéliser tous ces milieux mélangés, les milieux de nos sociétés mais aussi les milieux de nos propres vies intérieures qui sont un peu mélangés de cette manière là.
Le deuxième aspect important, c’est la question que Jésus pose : « Veux-tu être guéri ? » c’est étonnant, parce qu’a-priori on peut supposer que la personne veut être guérie. Et donc pourquoi Jésus lui demande ? Quand nous avons organisé les soirées Bartimée (soirées de guérison, de pardon et de libération – NDLR) nous avons constaté que le Seigneur veut nous guérir, mais que nous sommes parfois attachés à notre maladie ou à ce qui nous empêche de vivre. Je prends souvent comme exemple cette femme qui est courbée depuis 33 ans, qui rencontre Jésus et qui ne lui demande rien. Le Seigneur veut nous guérir, mais parfois nous nous identifions à notre maladie. C’est important que nous puissions dire « Oui Seigneur, je veux que tu me guérisses. » mais aussi, « je crois que tu veux me guérir ». C’est un acte de foi absolument indispensable.
La troisième chose, c’est que la guérison ne vaut pas pour elle-même. Dans presque tous les miracles, sauf un (l’homme à la main desséchée à qui Jésus ne demande rien) tous les signes que Jésus accomplit se font à travers un dialogue. Le miracle va développer le dialogue. Vous vous rappelez cette femme qui vient toucher le vêtement de Jésus lors de la guérison de la famille de Jaïre, le Seigneur se retourne et veut absolument entrer en contact avec elle. C’est important dans ce temps du carême que dans toutes nos demandes nous vérifions que notre désir, c’est d’entrer en dialogue et en relation avec Jésus.
Et il y a la conséquence de cette guérison qui provoque la réaction de son entourage : Jésus a accompli cela le jour du sabbat, c’est un scandale. Il faut aussi voir en nous et autour de nous les résistances à la manière que Dieu a d’agir. Par exemple, tout ce que nous développons comme temps de prière et de méditation, via Facebook et les réseaux, peuvent être vus comme des pieuseries et que cela ne sert à rien. Il peut y avoir des résistances ici ou là : il ne faut pas se laisser démonter ou désengager. Il ne faut pas avoir peur ! Jésus lui-même, dans tout ce qu’il a fait, a choqué. Des personnes n’ont pas compris pourquoi on réagit comme ça, de manière négative, parce que nous ne pouvons pas maîtriser ; les chemins de Dieu ne sont pas nos chemins. Et quand nous ne pouvons pas maîtriser, notre réaction est la révolte, nous nous détournons du Seigneur.
Et c’est justement ce qui nous rejoint et nous permet de comprendre cette parole étonnante de Jésus : « Va désormais ne pèche plus, car il pourrait t’arriver bien pire encore. » Qu’est ce qui pourrait être pire qu’une paralysie complète ? C’est justement la conséquence du péché. Si je me détourne de Dieu, si je me révolte contre Dieu, je me retrouve dans une situation pire que celle du paralysé physique. Hier, dans la prière du chapelet, une personne demandait que personne ne se détourne et ne se révolte contre Dieu. Je pense que se détourner de Dieu et se révolter contre Dieu, cela ne nous ferme pas à la miséricorde : il faut demander pardon. Etre angoissé, c’est normal, c’est une réaction humaine ; mais le plus vite possible, demander pardon et revenir vers Dieu.
Et il y a aussi ce témoignage. Il est important de témoigner, n’ayons pas peur de le faire ! Même si ça peut provoquer des situations négatives, d’agressivité envers nous parce que les gens ne comprennent pas, n’ayons pas peur de témoigner. Ce témoignage portera du fruit et il va nous installer dans la guérison. Témoigner de sa guérison et des grâces reçues est une manière de nous les approprier.
La dernière chose que je voulais dire et pas la moins importante : c’est Jésus qui opère ce miracle, c’est lui qui guérit. Personne d’autre ne peut vraiment guérir. Evidemment, il y a le travail des médecins, et Dieu qui est la sagesse éternelle donne à l’homme et la femme de progresser dans ces domaines et de donner le meilleur. Nous voyons dans l’évangile que c’est Jésus qui guérit.
Je termine par cette petite phrase très importante « Lève-toi, prends ton brancard et marche ». Vous voyez comment Jésus nous restaure : cet homme était vraiment paralysé, en position horizontale, il était porté par les autres et il ne pouvait pas marcher. Et Jésus, par cette guérison, par ce signe accompli, va le restaurer, le faire passer d’une position horizontale qui est celle de la mort, à « Lève-toi ! » c’est-à-dire « Sois ressuscité, prends ton brancard. Alors que tu étais porté par les autres, maintenant, tu peux assumer pleinement ton existence. » Nous voyons bien dans combien de domaines nous avons besoin d’être guéris aussi, de pouvoir assumer notre vie et ce confinement qui est le nôtre ; de ne pas nous terrer, nous enfermer en nous-mêmes, mais de nous ouvrir aux autres, de marcher. Parce que nous sommes des vivants, des bipèdes ! Le Seigneur nous demande de ne pas être statique et d’avancer avec lui.
Rendons grâce à Dieu pour tout ce qu’il accomplit. Ce qui est dans la Parole de Dieu est vivant, éternel et efficace. Accueillons la Parole de Dieu, laissons nous toucher et transformer par elle. Levons-nous, soyons vivants, assumons notre vie, les services que nous pouvons proposer aux autres et marchons. C’est comme ça que le Seigneur vient à notre rencontre ! Amen