4ème semaine de carême (Ex 32, 7-14 ; Ps 105(106), 4ab.6, 19-20, 21-22, 23 ; Jn 5, 31-47)
La grande œuvre de Dieu ! Vous vous rappelez que Jésus dit « Mon Père est toujours à l’œuvre. » Pas seulement du temps où Jésus arpentait notre terre, mais depuis son Ascension et jusqu’à aujourd’hui, le Père est toujours à l’œuvre. Et quand la question est posée à Jésus de savoir comment travailler aux œuvres du Père, Jésus a répondu : «L’œuvre du Père est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. »Jésus dit ici « ce n’est pas d’un homme que je reçois le témoignage, mais je parle ainsi pour que vous soyez sauvés. »
Il y a dans l’expérience spirituelle de Sainte Thérèse de Lisieux une grande plainte au sujet de ces personnes qui reçoivent leur gloire les uns des autres. C’est vraiment un grand danger, on sent dans cet évangile la plainte de Jésus que nous ne croyions pas en lui. Ce n’est pas un problème de capacité, comme si nous avions du mal à faire un exercice physique ou à préparer un plat ou faire une bonne connexion internet parce que nous n’avons pas les moyens ou la force. Ce que Jésus pointe, c’est qu’il y a une autre orientation de la vie, une orientation fondamentale de notre vie qui n’est pas dans la recherche de Dieu, qui doit concentrer toute notre énergie et notre force. Aimer Dieu de tout notre cœur, de toutes nos forces, de toute notre âme, de tout notre esprit, ça doit être l’orientation de notre vie.
Soyons clairs : en réalité, ça c’est le grand miracle de Dieu. Vous vous rappelez ce que Dieu dit à Sainte Brigitte : « Ta conversion, ce n’est pas ton problème, c’est le mien. Occupe-toi de moi et je m’occuperai de toi. » Il doit y avoir une orientation de notre vie résolument vers Dieu .Et là, ce que Jésus reproche, c’est qu’il y a une orientation fondamentale de la vie qui n’est pas dans la recherche de la vérité, la vérité vraie, la Vérité qu’est le Christ lui-même, mais une orientation de notre vie de recevoir des autres des congratulations, des félicitations. Dans les Béatitudes, Jésus dit : « Malheureux êtes-vous si vous recevez votre gloire les uns des autres, car vous avez déjà votre récompense. » Alors qu’il y a une autre récompense, qui nous est accordée de manière certaine puisque Jésus le dit, dans le fait de chercher Dieu.
C’est ainsi que s’est introduite notre démarche de Carême, avec les 3 P, Prière, Partage, Pénitence. « Retire-toi et ton Père, qui est là dans le secret, te le revaudra. » C’est ça la grande récompense de notre Dieu : si de toutes mes forces je le cherche, la réponse de Dieu est de se laisser trouver. Et quand il se laisse trouver, je fais l’expérience, comme Saint Augustin, que « je ne t’aurais pas trouvé si tu ne m’avais pas cherché d’abord. »
Tout cela est une histoire d’attraction… Et il y a un grand danger à orienter notre vie vers la recherche de biens matériels, de biens passagers, et en particulier de se réjouir et de chercher à alimenter cela « Dites du bien de moi, dites que ce que je fais est bien. » En même temps, c’est important la bénédiction, on a besoin de s’encourager les uns les autres, de remercier, de se bénir au nom de Dieu. Mais il ne faut pas que ça soit comme dans la maladie grave des hommes à qui Jésus s’adresse, de chercher notre bonheur dans la gloire que nous recevons des autres. Il y a une grande plainte de Jésus, que Thérèse exprime : comment pouvez-vous accueillir le bonheur si vous vous satisfaites de ce petit bonheur, de ces petites miettes et que je ne cherche rien d’autre ? Continuons cependant de bénir le Seigneur et de savoir nous remercier pour toutes les petites choses. Mais quand nous sommes remerciés pour de petites choses, n’oublions jamais de le renvoyer vers Dieu.
Dans ce récit, Jésus insiste beaucoup sur le témoignage : presque 10 fois le mot « témoignage » ou « témoigner ». Il dit que « tout cela lui rend témoignage » c’est-à-dire que nous avons tous les moyens d’accéder à cette relation avec Dieu. C’est l’œuvre de Dieu, par Jésus, celui qui est venu manifester le visage de son Père et ouvrir tous les chemins. Il a ouvert tous les chemins ! On rêve en ce moment d’avoir un flux très bon sur internet et il y a des moyens pour cela, mais là, Jésus est celui qui par son Esprit Saint, est venu tout rendre d’une fluidité extraordinaire. Saint Jean Eudes dit que la volonté de Dieu est tellement importante et vitale qu’elle doit être aussi facile à trouver que l’air que nous respirons. Les symptômes de cette maladie éclairent aussi sur notre véritable maladie : « Je ne peux pas respirer parce que je ne cherche pas suffisamment la volonté de Dieu qui se laisse trouver, comme l’air que nous respirons. »
Jésus dit que parmi les témoignages, il y a celui de Jean Baptiste, le témoignage du Père, des Écritures et celui des œuvres. Comment pouvons-nous traduire cela ? Dans notre vie, il y a des personnes qui sont des Jean-Baptiste pour nous : par leur attitude, par leurs paroles, par leur témoignage parfois très simple, ils nous ont aidé à nous orienter vers Dieu, en se disant « Cette personne qui témoigne de celui qui l’habite, me donne envie de le rencontrer. »
Alors, prenons le temps, aujourd’hui, de faire le point sur nos Jean-Baptistes. Et il y a les œuvres, c’est-à-dire tout ce que Dieu a fait pour nous. Dans le miracle de la gratitude, nous apprenons à regarder ce que Dieu a fait pour nous. Parfois, ce sont des miracles de guérison, de libération, comme nous le vivons et que nous le vivrons encore dans les soirées Bartimée. Mais le Seigneur a des moyens très simples et très quotidiens de nous manifester son Amour. Comment est ce que je peux reconnaître et rendre grâce ?
Le Père lui-même parle à ma conscience. Quand Jésus est baptisé dans le Jourdain, le ciel s’ouvre et il ne s’est pas refermé ! Et le Père dit « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ! » Quand dans notre âme et conscience nous sommes portés à faire le bien, alors c’est le témoignage du Père. Comment avoir conscience que quand je fais du bien, quand je m’ouvre et me convertis, c’est vraiment le témoignage du Père ?
Et il y a les Écritures : quel est notre rapport à la Parole de Dieu ? En ce temps de carême, nous avons bien des occasions de nous interroger… Aujourd’hui, simplement aujourd’hui, quelle place je fais à la Parole de Dieu, comment je l’accueille pour qu’avec la Vierge Marie, je puisse dire « Qu’il me soit fait selon ta Parole » ?
Seigneur, convertis-moi ; Seigneur, touche-moi ; Seigneur, remplis-moi : Seigneur, viens affermir ces multiples témoignages que tu permets dans ma vie pour que je puisse te connaître et cheminer avec toi. Amen