5ème semaine de carême -année A (Jr 20, 10-13 ; Ps 17(18), 2-3, 4, 5-6, 7Jn 10, 31-42)
Les dégâts que peuvent causer les problèmes internet sont moins importants que ceux provoqués par notre fermeture à la foi et au caractère raisonnable de la foi. C’est ce que Jésus essaie de nous dire dans ce passage d’évangile. Laissons-nous interpeller !
J’ai été fortement interpellé par un film « Jésus l’enquête » : c’est l’histoire vraie, dont le héros a écrit un livre vendu à des millions d’exemplaires, un best seller. C’est l’histoire d’un journaliste complètement athée, dont la femme se convertit. Il décide alors de mener une enquête sur Jésus pour prouver à sa femme qu’elle se trompe. On ne peut pas lui reprocher son manque de rigueur, car il va aborder toutes les questions médicales, théologiques, philosophiques, sur la vie du Christ et les mystères de sa vie. A la fin, au terme de ce cheminement, une philosophe athée lui dit « au fond, qu’est ce qui t’empêche de croire ? ». En s’appuyant sur ce travail de la raison, il arrive petit à petit à reconnaître le caractère raisonnable de la foi et il y adhère d’une façon extraordinaire. Il devient croyant et son témoignage va convaincre de nombreuses personnes. Je vous invite à regarder ce film extraordinaire pendant ce temps de confinement ! (Ce film est disponible à la location sur « lefilmchretien.fr »- NDLR)
Il y a deux aspects importants, comme l’image biblique de l’aigle. Je fais référence à une histoire que j’ai déjà racontée à une soirée Hosanna’M. C’est l’histoire d’un petit aiglon sauvé de la mort par un montagnard qui ne sait pas quoi en faire et le met dans un poulailler au milieu des poules. L’aiglon sent bien qu’il n’est pas fait pour vivre comme une poule et un jour, dans le ciel, il voit passer un aigle. Son instinct alors lui fait prendre conscience de la vie qui est la sienne et il cherche à rejoindre les hauteurs. Et c’est notre vie : nous sommes faits pour les hauteurs et c’est pour cela que Jésus est venu. Nous sommes faits pour la vie divine et tout ce que Jésus a accompli, c’est pour nous rendre l’identité qui est la nôtre, alors que nous pouvons nous évertuer, même dans notre confinement, à vivre comme des poules dans notre poulailler. Alors que nous sommes des aigles !
C’est sur ce chemin que Jésus nous conduit dans l’évangile : il nous faut deux ailes, celle de la foi et celle de la raison. J’ai été marqué par le pape Benoît XVI qui avait dit, lors de sa venue en France, que Dieu ne nous demande pas de renoncer à notre raison. Ce n’est pas possible ! On peut admettre que nous n’ayons pas la foi. Sainte Bernadette quand elle témoigne dit « On m’a demandé de vous le dire, pas de vous convaincre. » Nous pouvons donner notre témoignage de foi, mais ce n’est pas sûr qu’il touche les gens. Jésus dit même « Quand votre témoignage n’est pas accueilli, secouez jusqu’à la poussière de vos chaussures. » Cela veut dire que ce n’est pas de votre fait, vous avez fait ce qu’il fallait pour que la foi soit accueillie.
C’est la première étape, la première aile. La deuxième aile, ce sont les œuvres : tout ce que Jésus a fait est bon. Saint Jean Eudes parle des mystères et états de la vie de Jésus : il y a ce que Jésus a fait quand il arpentait notre terre, et il y a dans ces états et mystères (naissance, croissance, signes et miracles, Passion, mort et résurrection) ce sont des états qui nous ouvrent à un mystère, qui nous communiquent ce pour quoi ils ont été vécus. Quand Jésus a vécu la tentation au désert, pourquoi l’a-t-il vécue ? C’est pour nous rejoindre dans les moments de tentation. Quand il a vécu la souffrance, pourquoi l’a-t-il vécue ? Parce qu’il veut nous rejoindre et nous communiquer toutes les grâces acquises dans cet état là si on peut dire. Quand il est mort sur la croix, c’est parce qu’il voulait communiquer à notre propre mort la victoire, c’est-à-dire la résurrection. Et ça, ce sont les œuvres de Dieu. En contemplant les œuvres de Dieu, il y a tout ce que Jésus a fait de bon, l’Ecriture dit qu’il a passé sa vie en faisant le bien. Jésus dit “Regardez au moins les œuvres, ce ne sont pas mes œuvres. Je viens accomplir ce que le Père fait. Ce que je fais, c’est ce que j’ai vu faire par mon Père.” Jésus accomplit des œuvres qui sont celles du Père. Il y a un chemin : quand je regarde Jésus, les œuvres qu’il a accomplies et qu’il continue d’accomplir, alors j’accède à ce que le Père fait et je peux vraiment entrer dans cette relation profonde qu’on appelle la foi.
Foi et raison me permettent de m’envoler comme un aigle. Jésus dit qu’il est le Fils, le Fils de Dieu et c’est pour cela qu’il a été accusé. Dieu aurait un fils et lui, vrai homme serait le fils de Dieu ! Et ça, pour les Juifs, c’était inacceptable, incompréhensible. Hier nous avons médité la folie de la croix : concevoir que Jésus est vraiment le Fils de Dieu : les historiens attestent l’existence de Jésus, mais qu’il soit le Fils de Dieu mort et ressuscité, nous y accédons par la foi qui est une grâce. En regardant les œuvres de Jésus qui accomplit les œuvres du Père, petit à petit et de plus en plus, vous reconnaîtrez que le Père est en moi et que je suis dans le Père. C’est important de mobiliser toute notre attention, d’ouvrir notre cœur, de demander au Seigneur d’enlever les obstacles qui nous empêchent d’accéder à cette réalité du mystère des états et à la réalité de la vie de Jésus qui continue aujourd’hui les œuvres du Père. Quand nous allons vivre la Semaine Sainte, c’est important de les regarder comme ça. “Croyez les œuvres, et ainsi vous reconnaîtrez de plus en plus que le Père est en moi.” Nous n’assistons pas à une sorte de pièce de théâtre, à un roman très beau et très profond. Mais nous assistons à ce que Jésus vient faire pour accomplir les œuvres du Père.
Et si nous les contemplons de cette manière là, il va se passer en nous le miracle de la foi, de la pleine adhésion de tout notre être, cœur, âme, esprit, corps, à la réalité de la vie de Dieu en nous. L’autre chose incroyable, c’est que tout ce que Jésus est, il nous le communique. Lui, le consacré, le mis à part, par notre baptême, nous sommes consacrés et mis à part. Lui est envoyé dans le monde, il est le Messie ; nous sommes aussi envoyés dans le monde, et même dans notre état de confinement. Hier, nous avons eu une réunion avec les catéchumènes : nous avons partagé sur ce sujet, en méditant sur l’évangile de la multiplication des pains. Jésus nous dit que nous ne pouvons pas sauver le monde entier, mais nous demande de lui donner nos pains et nos poissons et lui accomplira ce miracle. « Tu ne peux prier que 5 minutes par jour ? Et bien donne-moi ça, donne-moi ça ! Et ne te dis pas que parce que tu ne peux pas tout faire, tu ne dois rien faire ! » Vous vous rendez compte, si chaque médecin disait la même chose ? Jésus est le Fils et nous sommes fils et filles de Dieu. Jésus est dans le Père et le Père est en lui et à cause de Jésus, nous sommes dans le Père et le Père est en nous. De la même manière que tout ce que fait le Fils est ce que fait le Père, nous accomplirons les œuvres du Père. Chacun ! Cette transformation est absolument incroyable : C’est quand même incroyable que par un défaut de raison, un dysfonctionnement de la raison, nous ne puissions pas pleinement accéder à cette réalité de la vie de Dieu en nous et accomplir les œuvres du Père. C’est quand même incroyable que Jésus nous ait tout communiqué parce que le Père veut nous communiquer sa vie. Et quand Jésus dit « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » mesurons-nous bien ce que cela veut dire ? ça s’accomplit par une transformation de tout notre être, par la puissance transformante de la Parole de Dieu en contemplant dans les Écritures et dans notre vie les œuvres que Jésus accomplit qui sont les œuvres du Père. Et à la mesure où nous les contemplons vraiment avec sincérité, alors nous reconnaîtrons de plus en plus que le Père est en Jésus et que Jésus est dans le Père. Et de plus en plus je pourrais dire le Père est en moi et je suis dans le Père. Et nous y sommes, ensemble frères et sœurs ! Nous y sommes ensemble. Amen