Ac 2, 14.22b-33 ; Ps 15(16), Mt 28, 8-15
Asseyez-vous confortablement ! Non pas que l’homélie va durer particulièrement longtemps (je n’en sais rien à vrai dire…) mais pour que vous soyez bien et que nous soyons bien ensemble. Ça passe aussi par notre manière de s’asseoir et d’être à l’écoute.
C’est assez étonnant cette finale de l’évangile « Cette explication s’est propagée chez les Juifs jusqu’à aujourd’hui. » À peu près tous les jours, je prie en invoquant la puissance de la Parole de Dieu qui est tranchante comme une épée, comme un glaive à double tranchant. C’est-à-dire qu’il tranche dans les deux sens, pour être sûr que c’est bien tranché. Et par la puissance de cette Parole, je coupe les liens de transmission. C’est une manière de prendre autorité dans le nom de Jésus sur tout ce qui fait du mal. C’est vraiment ce que Jésus a demandé à ses disciples et j’aime bien obéir à Jésus. Des fois, on est confronté à des réactions hostiles, dubitatives par rapport à toutes ces prières ; pourtant, elles relèvent de la plus profonde tradition chrétienne. Et en même temps, elles reposent aussi sur le mandat de Jésus « Chassez les esprits mauvais. » Moi, je m’appuie sur la Parole de Dieu et je coupe, en son nom, par sa puissance, pas celle d’un homme mais celle du Christ, les liens de transmission.
Et là justement, il semble qu’un lien n’ait pas été bien coupé ! Ce lien de transmission, « cette explication s’est propagée chez les Juifs jusqu’à aujourd’hui » Je pense que la question que nous pouvons aborder aujourd’hui est : comment va-t-on sortir du temps de Pâques ? D’abord, j’ose espérer que nous n’allons pas en sortir, que la grâce de Pâques va se propager jusqu’à aujourd’hui et jusqu’à demain, et jusque dans le moment où le Seigneur reviendra dans sa Gloire juger les vivants et les morts dans sa Miséricorde. Est-ce que nous allons sortir indemne de Pâques ? C’est un thème qui peut être important alors que nous sommes soumis à cette pandémie, à la propagation de ce virus. Est-ce que, par ailleurs, nous allons sortir indemnes de Pâques ? Est-ce que nous allons être infestés par la grâce de Pâques ou être « divino-résistants » comme disait le Père François Varillon ?
Dans l’évangile d’aujourd’hui, il y a un certain nombre d’attitudes qui sont possibles et je voudrais d’ailleurs en rajouter une qui pour moi est parlante. C’est ce récit assez extraordinaire que rapporte Franz Kafka « Un message impérial ». Vous pourrez regarder sur internet (voici un lien pour le lire : https://oeuvresouvertes.net/spip.php?article713 – NDLR) ce sera l’occasion d’un plongeon dans la culture littéraire d’un auteur qui a vraiment marqué son temps. Il raconte qu’un empereur a un message à propager ; il appelle un de ses serviteurs et pour être bien sûr qu’il l’entend, le lui dit dans l’oreille, le lui fait répéter et lui demande d’aller propager ce message. Le récit assez étonnant, montre cet homme qui essaye de traverser la foule, il a beaucoup de mal et il doit franchir une multitude de portes. Finalement, et je résume ce récit, il finit par dire que ce message n’arrivera jamais à son terme.
Des fois, je me dis qu’il peut y avoir une telle réaction en nous de se dire que finalement, la Bonne Nouvelle, confrontés aux gens qui disent « Mais si Dieu est Amour, pourquoi il y a tout ça ? » Est-ce qu’on va pouvoir changer le monde par la propagation de la Parole de Dieu ? Est-ce que ça va vraiment changer notre vie ? Il y a des gens qui se confessent toujours des mêmes péchés « ça change rien…. ». Et parfois, dans le temps de confinement, les défauts, les travers de nos personnalités apparaissent plus au jour. C’est une chance en fait, ce n’est pas pour nous dire « C’est comme ça, ça ne changera jamais ». Il y a une forme de malédiction proclamée que de dire « De toute façon, tu ne changeras jamais. » C’est une malédiction qui porte des « fruits », et il faut la transformer en bénédiction. La grâce de Pâques, c’est que tout est transformé. Sans doute pas comme on le voudrait, pas à la vitesse où on le voudrait, mais c’est un fait, une assurance, nous avons à nous approprier cette bonne nouvelle : oui, la grâce de Pâques peut tout transformer. C’est la première attitude !
La deuxième attitude est précisément, et c’est un drame, l’explication donnée par les grands prêtres : c’est une manière de ne pas se laisser contaminer par Pâques ! On va donner des explications rationnelles : « Les gens disent qu’il est ressuscité, mais on n’y croit pas, ça ne donne rien, ça ne change rien… » Et cette explication-là continue de se propager dans le monde aujourd’hui.
Et il y a ces femmes vraiment contaminées. Elles sont bouleversées et il y a ce mélange à la fois de crainte et de joie. Pourquoi la crainte ? Parce qu’il faut réaliser que cet homme qu’elles ont vu mort et mis au tombeau, est ressuscité. Il est ressuscité ! Et c’est quelque chose d’incroyable que Jésus soit ressuscité ! Ce n’est pas qu’il est réanimé, comme Jésus a réanimé Lazare dans l’évangile selon Saint Jean. Mais il est ressuscité. La mort est vaincue ! Et il y a tellement de témoins qui ont propagé, qui ont infecté pourrait-on dire, par ce virus de la foi, que ça devient extrêmement difficile de dire que ça n’est pas vrai. Ou il y a quelques choses en nous qui refuse de se laisser contaminer par ce virus de la foi.
Alors, comment ça s’est passé ? D’abord, Jésus est venu. Et comme nous allons l’entendre au Cénacle, il dit « La paix soit avec vous. » Jésus nous salue ! Je vous invite, au long de toute cette semaine, à guetter les salutations de Jésus. Comment vient-il à notre rencontre ? Et vous pouvez le noter dans votre cahier, ce cahier que vous avez ouvert pour y marquer toutes les grâces de la gratitude. Dans ce cahier, je vous invite à marquer les salutations de Jésus dans votre vie. C’est la première chose.
La deuxième chose qui relève de notre attitude, c’est comment se manifeste notre adoration. Ces femmes se jettent à ses pieds, c’est un geste d’adoration. Vous savez que vendredi il va y avoir l’adoration de 23h à samedi 7h30. Mais ayons d’autres moments dans la journée, dans notre coin de prière (il ne faut pas mettre au placard les croix que nous avons fabriquées, les coins de prière établis) la place centrale de la Parole de Dieu. Il ne faut pas la mettre au placard, au contraire ! Que ces lieux de la Parole, et les moments de louange, soient des lieux où nous puissions nous jeter aux pieds de Jésus pour l’adorer. L’adoration est la source et le fruit est cet empressement à témoigner de la bonne Nouvelle.
Encore deux petites choses.
La première c’est Jésus qui commande : « Allez dire… » Ce n’est pas une option, il ne dit pas « Est-ce que vous voudriez bien… » Vous comprenez bien qu’il y a un enjeu décisif : c’est la réponse définitive de Dieu à la situation du monde aujourd’hui. On ne peut pas la garder pour nous ! Nous sommes des privilégiés, nous avons été témoins de cette bonne nouvelle et de ce qu’elle accomplit en nous. Nous en sommes les premiers témoins. Et nous ne pouvons pas garder ça pour nous !
Comment Jésus rétablit la communauté des frères. Le premier acte de Jésus c’est : « Allez dire à mes frères… » Il rétablit les liens entre nous ; on peut être témoins et d’autant plus témoins que nous le sommes en tant que communauté fraternelle. C’est pour cela qu’il faut nourrir, continuer d’établir, de participer à ces liens que nous établissons, y compris par les moyens numériques comme FB, Youtube… Il faut évangéliser ces réseaux qui sont utilisés par beaucoup de monde. N’allons pas dire que nous n’en voulons pas ou que nous n’y croyons pas. La question est « Qu’en fait-on ? Ou que n’en fait-on pas ? » Et c’est pareil, il faut contaminer les réseaux sociaux par cette maladie de la foi. Et on peut les contaminer, les réseaux sociaux ! Pourquoi pas ? Filmons-nous, même de façon très simple, même si c’est fragile, si ça tremble, contaminons les réseaux sociaux de nos témoignages. Pourquoi pas ? Pourquoi pas ? Beaucoup d’entre vous ont un téléphone et on peut dire « Voilà, je voudrais témoigner aujourd’hui de ma foi. » Pourquoi pas ? Pourquoi est-ce qu’on ne le ferait pas ? C’est la question… Ce n’est pas de se dire c’est bien ou ce n’est pas bien. La question est de se dire « Pourquoi on ne le ferait pas. » Amen