Homélie du jeudi 30 avril 2020 – Père Gilles Rousselet

1 Mai 2020 | Actualité, Homélies

3e semaine du Temps Pascal année A – Ac 8, 26-40 ; Ps 65(66) ; Jn 6,44-51

D’une certaine manière, on a dans les Actes des Apôtres le témoignage de ce que Jésus dit dans l’évangile.

Il y a d’abord Philippe qui est vraiment disponible, c’est le moins que l’on puisse dire ! Dieu lui parle directement, sans médiation. C’est « l’ange du Seigneur » mais il est l’envoyé, le messager, Dieu lui-même qui parle. Quand l’ange du Seigneur parle à Zacharie qui a beaucoup de peine à accepter cette promesse que sa femme va être enceinte, l’ange du Seigneur lui dit qu’il est toujours en rapport avec Dieu : « Ce que je te dis est directement la volonté de Dieu ». Ça ne se discute pas !

L’ange du Seigneur lui parle et lui dit d’aller à un endroit et il y va directement.

Il y a deux aspects : l’eunuque, l’Ethiopien qui est vraiment attiré par Dieu. Quand Jésus dit « Nul ne vient à moi s’il n’est attiré par le Père » on voit bien comment cet eunuque est attiré par Dieu. Comment est-il attiré par Dieu ? Simplement en lisant la Parole de Dieu.

C’est une rencontre entre deux attractions : l’Ethiopien est attiré par la Parole de Dieu et il est ouvert aux explications de Philippe. Philippe est attiré par la volonté de Dieu à se mettre au service de cet Ethiopien. Et à la fin, il y a ce moment où « hop », Philippe est soulevé, vraiment comme un aimant qui soulève une petite limaille de fer, pour l’emmener ailleurs. Et c’est la réalité ! Évidemment il y a un côté un peu surnaturel où on dit « c’est magique ! » mais c’est la réalité de la vie de l’Église. Et il y a eu bien des périodes de l’Église où les choses se sont passées comme cela.  Par exemple, au moment où l’École française s’est redéployée après le concile de Trente, on a vu des saints, comme Saint Jean Eudes, attirés par la Parole de Dieu, par l’appel de Dieu, à tel point qu’on avait l’impression qu’il n’y avait pas de résistance. C’était presque immédiat et ça a produit des fruits extraordinaires. Au demeurant, Saint Jean Eudes était aussi un homme fragile, puisque le lendemain de son ordination, il est tombé malade pendant 2 ans. C’était aussi un temps de confinement !

Attendons-nous quand même à ce que ce temps de confinement porte des fruits de fécondité apostolique. À condition de se laisser attirer par la Parole de Dieu, de se laisser attirer par Lui.

La foi est une histoire d’aimantation. On est attiré parce que la Parole de Dieu, la révélation de Dieu en Jésus-Christ est évidemment attractive. Il y a quelques décennies, on disait que les prêtres devaient être des hommes mangés comme du bon pain. Bon, je pense qu’on est un petit peu revenu là-dessus, peut-être parce qu’en essayant de les manger on s’est rendu compte que ce n’était pas forcément digeste ! On n’a pas tous un bon caractère comme Jésus… En fait, c’est la question : comment le Père nous attire ? Par son Fils. Nous sommes le Corps du Christ ; c’est nous !

Notre vision pastorale, celle que l’on essaie de déployer depuis des années, le but est que notre communauté partout où elle est présente de toutes les formes possibles soit attractive. Plus exactement, qu’elle ne fasse pas d’obstacle à l’attraction que Dieu fait sur les personnes qu’il veut rencontrer. Jésus dit « Je vous précède en Galilée ; je vous précède dans le cœur des personnes vers qui je vous envoie. »  Mais si on est comme des vitres sales, encombrés, embourbés, on ne va pas laisser passer grand-chose de la lumière. Et donc, on risque de freiner l’attraction ; par exemple, il y a une puissance qui freine l’attraction qui pourtant est réelle, c’est la division. Notre capacité à nous critiquer les uns les autres, de critiquer ce qui est fait est un obstacle majeur à l’attraction que le Père exerce par  le Fils. Jésus dit « Nul n’a vu le Père si ce n’est celui qui est descendu d’auprès de lui. »

Jésus nous révèle en plénitude, sans aucun obstacle, le visage du Père. Le pape François nous dit que Jésus est le visage de la miséricorde de Dieu : quand je vois Jésus, je vois le Père. Il n’y a pas de doute à avoir là-dessus.

On pourrait dire que certains sont attirés et d’autres non… Je pense que chacun est attiré, bien sûr, chacun de nous reçoit la grâce. Et nous avons des histoires, des parcours, où il y aura des éléments révélateurs de cette attraction et des éléments qui vont y faire obstacle.  Grâce à Dieu, il y a la miséricorde de Dieu. Dieu ne cesse jamais de travailler, d’attirer et jusqu’au dernier moment cette attraction peut s’exercer. Comme par exemple le bon larron, à côté de Jésus sur la croix, l’évangile nous dit que les deux larrons se sont révoltés contre lui ; et qu’il y a eu un retournement et qu’un des deux a finalement pris sa défense.

Celle qui va permettre l’attraction, qui va la rendre possible, l’attraction du Père par le Fils, c’est Marie. Marie est celle qui enlève tous les obstacles, à cause de son immaculée conception. Elle enlève tous les obstacles qui nous empêcheraient de profiter de l’attraction de Dieu.

Et le Bon Larron, justement profite de cette médiation : Marie est médiatrice de toutes les grâces. Vous voyez au moins qu’elle enlève les obstacles. Les obstacles extérieurs et intérieurs, car il y en a aussi. Il faut demander à Marie de nous rendre ouvert, aimantable à l’attraction divine.

L’autre chose très belle que l’Écriture nous dit est qu’ils seront instruits par Dieu lui-même. Hier, dans l’enseignement d’Hosanna’M, j’ai partagé avec vous comment nous pouvons connaître la volonté de Dieu, c’est-à-dire nous laisser instruire directement par lui, d’une certaine manière. Et il y a un aspect particulièrement important, c’est la conscience. Je vous ai cité un passage de Gaudium et Spes qui dit que la conscience « est le sanctuaire où Dieu lui-même parle ». Le problème est que ma conscience est un peu polluée elle aussi, par un tas de choses, par le péché. Mais aussi simplement par le fait que je n’ai pas exercé ma responsabilité d’éclairer ma conscience. Je veux dire en écoutant l’enseignement de l’Eglise, en écoutant la Parole de Dieu, et en exerçant mon discernement.

Dans l’évangile de dimanche prochain, il y a le Bon Pasteur qui écoute ses brebis. Vous écouterez bien cet évangile où Jésus dit que les brebis reconnaissent la voix du pasteur. Nous avons à écouter la voix du pasteur. C’est difficile en ce moment où il y a tellement de médias qui parlent, de savoir qui dit la vérité. Et bien, si nous voulons savoir qui dit la vérité, allons la chercher là où elle s’est révélée en plénitude, dans la Parole de Dieu. Il faut passer beaucoup de temps à méditer la Parole de Dieu…

Et rappelons nous, comme disait le pape Jean-Paul II, l’eucharistie est le médicament de l’immortalité. C’est-à-dire que la vie éternelle, la résurrection que nous avons reçue à notre baptême a besoin d’être nourrie, d’être entretenue, enrichie et elle l’est véritablement par l’eucharistie. Et donc c’est vrai que l’eucharistie n’est pas une option. On ne peut pas dire, c’est toujours un peu délicat, « Je suis croyant mais non pratiquant ». Parce que c’est comme si je disais « J’aime, mais je ne pratique pas, ou je suis musicien, mais je ne pratique pas… » Là, la question de la pratique est plus importante encore, on a besoin de nourrir la foi que nous avons reçue à notre baptême, don gratuit. Cette foi par laquelle le Seigneur nous attire, quelques soient les moyens qu’il emploie pour ça. Encore une fois, le premier moyen qu’il utilise pour attirer, c’est moi. Est-ce que je favorise cette attraction ou est-ce que j’y fais obstacle ?

Amen