Homélie du vendredi 1er mai 2020 – Père François Jourdan

3 Mai 2020 | Actualité, Homélies

3ème semaine du Temps Pascal année A – Ac 9, 1-20 ; Ps 116(117) ; Jn 6,52-59

Nous vivons aujourd’hui d’une manière étrange… C’est la fête du travail, alors qu’il y a plein de chômeurs comme jamais. C’est la fête de Saint Joseph que nous avons déjà fêté le 19 mars, et les textes que nous avons n’ont rien à voir avec Saint Joseph. En plus, on a, dans la suite normale de la liturgie, ce discours sur le Pain de Vie de Jésus, alors que nous ne pouvons pas communier, sauf les 3 que nous sommes ici. Mais sinon par communion de désir qui nous rappelle alors que la communion nourrit notre cœur profond. Le Seigneur nous le dit.

Et nous avons cette conversion de Saint Paul. Il y a des gens aujourd’hui qui, de manière un peu rapide, mais souvent en matière religieuse par manque de formation et de réflexion, disent que c’est saint Paul qui a créé le christianisme. Vous voyez bien que ce n’est pas vrai ! Parce que justement, les chrétiens avaient peur de ce persécuteur qu’était Saint Paul. Et Ananie, l’évêque du lieu, à Damas, n’était pas du tout pressé d’aller le baptiser ! On voit bien  que rassemblées dans ce passage de Saint Luc, il y a des évolutions qui ont pris du temps. Paul, quand il était au martyre de St Etienne et qu’il l’approuvait, a certainement été interpellé mais ça ne nous est pas dit. Et nous comprenons que, comme souvent dans nos vies, il y a des temps parfois assez longs par lesquels nous mûrissons. Et puis, tout à coup, c’est mûr ; ça paraît rapide, alors que ça ne l’est pas. 

Le chemin de Damas est devenu un exemple très étonnant, que l’on retrouve aussi dans l’histoire de l’Église, chez beaucoup d’entre nous, même aujourd’hui. Il y a parfois des évolutions qui se font de manière sourde pendant un temps. Et puis d’un coup, ça éclate, c’est mûr et on a compris ! Et là, Saint Paul a vraiment bien compris… Et nous voyons combien cette petite église qui démarre là-bas à Damas (nous pensons aux chrétiens de Damas aujourd’hui, bien sûr) a fait du chemin ! Et il a fallu du courage aussi, pour accepter l’invraisemblable ! Nous avons des choses tout à fait étonnantes dans ce passage de la Parole de Dieu.

Jésus qui vient donner, se donner à travers le pain de l’eucharistie. C’est l’aboutissement, c’est l’accomplissement de l’Alliance d’Abraham, il faut le rappeler, pour faire corps avec nous, c’est le cas de le dire, et corps profond. Pour transfigurer tout ce que nous faisons, notre vie, en particulier, ce n’est pas dit mais nous pouvons l’ajouter aujourd’hui, pour le 1er mai, cette transfiguration de notre travail. Nous avons à peaufiner et à améliorer les conditions de ce travail. Et pourquoi nous travaillons, et ce que nous faisons dans ce travail. Il y a des travaux qui sont valorisants, et d’autres qui ne le sont pas, ce peut même être le contraire. Le travail pour travailler et pour modifier le travail dans la société et dans nos sociétés qui se disent avancées ; mais pas toujours, des fois ça peut même être régressif, même s’il y a des possibilités beaucoup plus grandes qu’autrefois.

Et nous avons à vivre avec ce cosmos considérable que nous n’avons pas à abîmer sinon ça va se retourner contre nous. Ce n’est pas malin du tout ! Alors, nous avons à apprendre et là aussi, il y a un travail à faire dans la société. Peut être que ce que nous vivons aujourd’hui, avec ce virus qui n’était absolument pas envisagé, ça nous tombe dessus à tous ; c’est peut être l’occasion justement de prendre du recul et maintenant qu’on ne peut plus travailler parce que quand on travaille on travaille ensemble. On ne peut plus être ensemble, alors il y a bien le e-working pour parler français, le télé-travail,  mais on voit bien que ce n’est pas très vivable, ça va bien un peu, mais nous sommes faits pour vivre ensemble. On ne peut plus : c’est l’occasion de réfléchir et j’espère que pour nos sociétés et pour le monde entier, nous allons avoir cette prise de conscience que ce virus nous oblige à prendre, et que nous allons la prendre j’espère, pour pouvoir non seulement faire ce qu’il faut pour que ça ne revienne plus, mais pour que nos solidarités soient ajustées avec la situation du monde dans lequel nous nous trouvons.

Invoquons saint Joseph, cet homme juste et bon, modeste mais qui a fait son travail. Soyons nous aussi justes, bons et modestes et faisons le travail d’aujourd’hui auquel l’Esprit Saint nous pousse dans le monde et dans l’Eglise.