Homélie du mardi 5 mai 2020 – Père Gilles Rousselet

7 Mai 2020 | Actualité, Homélies

4e semaine du Temps Pascal année A – Ac 11, 19-26 ; Ps 86(87) ; Jn 10, 20-30

Il y a dans cette liturgie de la Parole la mention de la main, la main du Père et la main de Jésus « Personne ne peut les arracher de la main du Père » et dans la première lecture « La main du Seigneur était avec eux. » Cette main dans la bible est vraiment le pouvoir de Dieu qui agit dans notre vie avec puissance.

 Vous avez vu que rien qu’en annonçant le kerygme, le pépin de l’Église, il y a une grande fécondité apostolique. Il n’y a pas besoin de chercher autre chose à annoncer que « Jésus est le Seigneur ». C’est ça le pépin de l’Église ! Pépin, pas dans le sens d’un problème comme on dit « Tiens, on a encore eu un problème ce matin avec la programmation en live » ce qui n’est pas le cas mais qui arrive parfois. Le pépin, c’est ce petit grain dans la pomme : on sait à peu près combien il y de pépins dans une pomme, on ne sait pas du tout combien il y a de pommes dans un pépin ! Quand nous semons ce pépin de l’Église qu’est le kérygme, il y a une grande fécondité à la fois par la puissance même transformante de ce pépin, mais aussi comme le disent les Actes des Apôtres, parce que « la main du Seigneur était avec eux ». 

Dans l’évangile, Jésus nous dit que nous sommes dans la main de Dieu,  « Personne ne peut les arracher de la main du Père ». C’est quelque chose qui doit remplir notre journée, notre joie, notre cœur : nous sommes dans la main du Père et rien ne peut nous arracher de la main du Père ! On peut avoir autour de nous des agressions, des angoisses… Jésus ne nous a jamais dit qu’il nous préserverait de toutes ces inquiétudes et ces soucis. Mais il nous dit « Moi, je vous garantis une chose plus sûre que tout ce que vous pouvez voir et entendre autour de vous : vous êtes dans la main du Père, je vous y ai mis, votre nom est inscrit dans la main du Père et rien ne pourra vous arracher de la main du Père. » Ça c’est la Parole de Dieu.

Hier, on se disait que c’est parfois difficile de faire la part des choses entre ce qui vient du bon pasteur et ce qui vient de l’esprit du monde ; si nous regardons la Parole de Dieu, il n’y a absolument aucune ambiguïté : rien ne peut nous arracher de la main du Père parce que c’est là que Jésus nous a établis et parce que le Père et lui sont un dans l’Esprit Saint.

Alors la question qui doit maintenant nous travailler sur cette certitude qu’il n’y a aucune ambiguïté que Jésus est le Seigneur et que grâce à lui nous sommes dans la main du Père est comment, d’une certaine manière, être sûr que nous le sommes ? Jésus dresse un itinéraire…

Ça m’a toujours touché, la description que Saint Jean fait de Jésus sous la colonnade de Salomon, la sagesse même. Il n’est pas sous la sagesse, il est la sagesse. « Jésus allait et venait dans le Temple » un peu comme si il était à la recherche des brebis. La sagesse est là : « Voulez-vous entrer en relation avec moi ? » Alors, il y a cette démarche des Juifs qui font cercle autour de lui pour le piéger et qui vont poser une question qui laisse entendre qu’on pourrait reconnaître qui est Jésus sans l’exercice de notre propre liberté. Ils lui disent « Donne-nous la preuve que tu es le Seigneur : nous exigeons que tu nous dises si tu es le Seigneur, sans que nous fassions l’exercice de notre liberté. » Il est possible, je ne dis pas que c’est toujours le cas, mais il est possible qu’il y ait parfois en nous, en moi, comme une attente de cet ordre là : que j’aie vraiment la preuve que tu es le Seigneur. Alors que sainte Bernadette dit « On m’a chargée de vous le dire, pas de vous convaincre » ! Et Jésus, quand il envoie ses disciples en mission, leur dit « Allez annoncer le Royaume de Dieu, mais si on ne vous accueille pas, ce qui est parfois une réalité, secouez jusqu’à la poussière de vos sandales. C’est-à-dire, vous annoncez le kerygme, le pépin, la richesse de l’Église ; si ce n’est pas accueilli, ce n’est pas de votre fait, ce n’est pas de votre faute.

Comment Jésus décrit ceux qui sont ses disciples ? Jésus décrit un itinéraire. La première étape est qu’il est là, la sagesse incarnée est là, auprès de nous. Déjà à Pâques Jésus a dit « Je veux célébrer ma pâque chez toi. » Il est là, il vient, il est disponible. « Jésus allait et venait » ça veut dire qu’il n’est pas en  train de courir à deux endroits, « On parlera demain, c’est trop tard pour aujourd’hui. » Il est là, disponible, à notre disposition. La première chose, il dit à ces personnes-là « Vous ne croyez pas » C’est le premier niveau. Peut-être devons-nous avoir la simplicité de dire que nous ne croyons pas ou que nous ne croyons pas beaucoup. On peut dire « Ma foi est inébranlable », ok, d’accord, c’est possible… J’aime ce que dit le centurion romain « Viens au secours de mon incroyance » : reconnaître qu’il n’y a pas assez la foi, ou parfois même pas la foi.

La deuxième chose, c’est que ses brebis écoutent sa voix. C’est comme ça que ça commence. Comme il et là, disponible, il va il vient… Parfois on a l’impression qu’on court, qu’on n’est jamais disponible… Le nombre de fois où on m’a dit que je n’étais pas disponible ! Mais là Jésus est là, il vient, il va, il est à notre disposition. Mais il faut l’écouter…

Quelle est la place de la Parole de Dieu dans notre maison : bien en évidence quelque part ? Je me rappelle ma grand-mère paternelle qui disait quand elle était malade d’un cancer des os qui la faisait souffrir, quand elle passait devant la croix de Jésus plantée au milieu de l’étagère de son salon, elle s’arrêtait là et elle disait « Jésus je t’offre ça. »  Quelle est la place de la Parole de Dieu dans ma maison ? Est-elle disponible, ouverte, ou est-elle parmi d’autres livres de la bibliothèque ? Est-ce que je prends le temps de l’ouvrir ? Tiens, je vais manger un petit pain de la Parole de Dieu aujourd’hui. Vous vous rappelez l’enseignement de Marie-Anne un mercredi qui invitait à la faire. Est-ce qu’on l’a fait depuis ? Est-ce que depuis on a demandé un petit pain de la Parole pour aujourd’hui ? C’est la première chose.

La deuxième chose, c’est « Moi je les connais », ça veut dire se laisser connaître. Parce que évidemment que Jésus nous connaît. Mais est ce que je me laisse connaître ? Il y a quelque temps je vous avais proposé une célébration pénitentielle sur le modèle de ce que le pape François nous a proposé. Nous sommes-nous confessés de cette manière-là ? Avons-nous entendu le message du pape sur cette question ? Est-ce que vraiment je me présente devant le Seigneur tel que je suis ? Se laisser connaître par lui… Ou bien, est-ce qu’on renvoie ça aux calendes grecques, plus tard, quand je pourrais rencontrer un prêtre ? Le pape François a ouvert des perspectives dans ce domaine là qui sont très importantes.

« Et elles me suivent »… Je peux avoir entendu Jésus, me laisser connaître et rester là, ne pas bouger. Le suivre, c’est vivre comme lui. Le résultat inimaginable est qu’il nous donne la vie éternelle et que nous ne périrons pas. Ça c’est la grâce.

Et le dernier étage de cette fusée dans laquelle le Seigneur nous emmène « Quand je serai élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes », le dernier étage, c’est la connaissance du Père. « Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout ». C’est la contemplation suprême : nous revenons à l’enseignement de Jésus à la Samaritaine qui a ouvert ce temps de confinement : « Le temps est proche et il est là où les adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité » c’est vraiment la grâce totalement gratuite que Jésus nous accorde.

Mais il faut emprunter le chemin, écouter sa voix, nous laisser connaître par lui et le suivre. Amen