4ème semaine du Temps Pascal année A – Ac 12, 24-13,5 ; Ps 66(67) ; Jn 12, 44-50
Asseyez-vous ! J’aime bien dire ça, au moins il y a Marie-Anne qui s’assoit (présente à l’oratoire-NDLR). J’imagine toujours les enfants dire « On est déjà assis, pourquoi il nous dit de nous asseoir ? » C’est important quand même… Il y a une personne qui témoignait de sa manière de participer à cette messe devant son écran. Au début, elle restait assise et ne répondait pas ; elle s’est rendu compte petit à petit qu’en répondant elle rentrait plus dans l’action liturgique. Je pense qu’il nous arrive de ne pas répondre parce que nous sommes derrière un écran et que ça peut nous paraître ridicule de répondre ; je vous propose simplement d’essayer de répondre.
Pendant le chant d’entrée, je me disais « Allez, chantons tous ensemble, probablement qu’on va finir par s’entendre, peut-être même autrement que par les liens des réseaux ; je crois que nos sens se développent autrement. Évidemment je ne peux pas vous entendre avec mes oreilles, vous vous pouvez, mais moi non. Mais je pense qu’il y a une autre manière, d’autres sens qui se développent justement en ce moment, et peut-être que nous pourrions nous entendre, peut être nous pourrions mieux nous percevoir. En tout cas, moi c’est l’expérience que je fais. Petit à petit, je ressens quelque chose que je ne ressentais pas quand je célébrais la messe tout seul, parce que je célèbre la messe tous les jours, même avant le confinement. Il m’arrivait de célébrer la messe tout seul et je faisais un gros travail pour que l’Esprit Saint m’établisse en communion avec vous tous pour qui je célébrais cette messe. Là, depuis le confinement, il y a quelque chose qui a changé. Je vous partage ça comme ça, et comment nous pouvons y contribuer les uns et les autres.
En tout cas, si les réseaux sociaux sont capables de véhiculer des choses, aussi importantes que la Parole de Dieu et nos témoignages, je pense que l’Esprit Saint peut véhiculer une certaine communion spirituelle ensemble, que nous pouvons ressentir. Oui, je crois que nous pouvons la ressentir ce qui fait qu’au terme, même les personnes seules, si nous prions intensément pour elles, je pense qu’elles seront touchées par ça. Jésus envoyait Sœur Faustine auprès des personnes malades qui allaient mourir en lui demandant de prier le chapelet de la miséricorde et les personnes sentaient sa présence. Elle avait sans doute ce don particulier qu’on appelle le don d’ubiquité, ce n’est pas notre cas à tous. Mais la communauté peut avoir ce don par la communion qui nous anime, d’être auprès des personnes pour qui nous prions. Sinon, je ne sais pas trop ce que ça aurait comme sens…
Dans la première lecture, nous avons ce témoignage « la Parole de Dieu était féconde et elle se multipliait » La Parole de Dieu c’est Jésus, justement parce que nous nous le transmettons les uns aux autres : hier, on avait la deuxième rencontre des petits groupes de partage. Je sais aussi que la fraternité Alpha se retrouve de manière régulière. C’est ce qui se passe depuis le début de l’Église dans les Actes des Apôtres. Nous témoignons de ce que Jésus nous a donné.
Dans l’évangile, il y a aussi quelque chose qui me touche beaucoup « Jésus s’écria » Ce n’est pas pour faire du bruit, mais vraiment pour être entendu. Hier dans l’enseignement, j’ai repris ce cri qui traverse en particulier l’entrée messianique de Jésus à Jérusalem, en tout cas tout ce passage. Parce qu’avant il y a le cri des aveugles, après le cri des enfants qui crient et cette foule qui crie pendant que Jésus entre à Jérusalem. À tel point que la terre se fend dit un passage de l’Ancien Testament. Et là « Jésus s’écria » parce que ça rejoint le cri sur la croix : le cri de la vie contre le cri de la mort, le cri de la vérité contre le mensonge. Pour que nous l’entendions parce qu’il y a un enjeu vraiment décisif. Au-delà de toutes les voix qui se donnent à entendre, on dit souvent que le mal fait plus de bruit que le bien, et là le Bien s’exprime. C’est le Bien avec un grand « B », c’est l’unique source du bien qui s’exprime pour qu’on l’entende. Et il s’écrie quoi ? « Celui qui croit en moi ce n’est pas en moi qu’il croit mais en celui qui m’a envoyé. » Vous voyez, ce que Jésus est venu accomplir, c’est vraiment nous plonger dans la bénédiction du Père et il faut que nous entendions cela, à tous les niveaux. À l’approche de la mort, c’est le moment où nous allons être accueillis dans le sein du Père, dans la bénédiction du Père. Ce jour-là le Père nous dira « Mon fils, ma fille, entre dans la joie de ton maître ».
Il y a besoin d’entendre que ce cri se fasse entendre au-delà de la mort. C’est pour ça que Jésus s’écrie : il y a des morts en nous, il y a des doutes, des incapacités de croire.
Dans notre paroisse, il y a deux choses sur lesquelles nous insistons. Ça me permet de comprendre et d’illustrer : la première chose est les cinq essentiels. On dit toujours que les 5 essentiels (je ne vais pas les redire, vous les connaissez par cœur, enfin j’espère) nous les vivons : ici la louange, ici la formation, ici du service… Mais dans les Actes des Apôtres, ce qui est dit, c’est que les 5 essentiels doivent être vécus en même temps et de manière équilibrée. Et nous disons aussi que les 5 essentiels vécus en même temps permettent à toute personne d’entrer dans la dynamique par la porte qui lui convient. Ce sera peut être la porte de l’enseignement, la porte de la louange, la porte des services… Mais en offrant ces 5 essentiels, on permet à chaque personne de se reconnaître et de se nourrir des 4 autres, en fonction de ce qui lui manque, pour avoir une vie de disciple missionnaire qui soit bien nourrie.
Et nous parlons aussi du maillage. Qu’est ce que c’est ? C’est la reprise de cette parole que Jésus dit à Simon Pierre : « Désormais ce sont des hommes que tu prendras ». L’idée que nous avons est que nos propositions soient comme un filet ; pas pour capturer mais pour que toute personne qui entre au contact de l’Eglise puisse trouver quelque chose qui lui convienne pour poursuivre son chemin.
Il me semble que dans l’évangile d’aujourd’hui, et c’est là que je voulais en venir, Jésus nous présente une sorte de maillage de sa personnalité, qui fait que chacun d’entre nous peut se laisser accueillir, car il s’agit de ça : c’est nous qui accueillons Jésus bien sûr, mais c’est lui qui nous accueille, c’est lui qui nous reçoit, qui a toute initiative. Il y a dans cet évangile, plusieurs révélations de ce qu’est Jésus. Et si nous regardons bien, et ce que je vous propose de méditer aujourd’hui, c’est que chacun peut être touché par un aspect de qui est Jésus pour nous et donc de se laisser toucher et se laisser entraîner. Il dit d’abord qu’il est l’envoyé du Père, le messie, c’est ça que cela veut dire. Il est l’envoyé du Père, il est celui qui a reçu la mission d’accomplir la volonté de Dieu. Je ne suis pas venu faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. La volonté de celui qui m’a envoyé c’est qu’aucun de vous ne soit perdu.
La deuxième manifestation de Jésus est qu’il est la révélation du Père. Il est la révélation de la tendresse du Père. Je sais qu’il y en a parmi nous qui souffrent de l’absence du Père. Jésus est venu nous révéler le Père, et le Père qui nous bénit. Et il y en a qui peuvent découvrir Jésus comme la lumière qui jaillit dans les ténèbres, cette lumière qui est en permanence avec nous. Et il y en a parmi nous qui reconnaissent combien ils ont besoin d’un sauveur. C’est ce que je disais dans l’enseignement hier. Hosanna, ça veut dire Seigneur sauve ! Et je pense que notre conversion commence par le fait que nous avons besoin de reconnaître que nous sommes pécheurs, que nous avons besoin d’être sauvés et que Jésus seul peut nous sauver.
Jésus dit aussi « Je suis la Parole de Dieu » Il y en a parmi nous qui peuvent être touchés par la Parole de Dieu. Ça devrait être le cas et cette parole est quand même extraordinaire : c’est « Je t’aime ». Dieu ne nous aime pas de loin, mais il nous aime de près. C’est la Parole qui s’est incarnée, le Verbe de Dieu. L’incarnation à Noël c’est la Parole qui s’est faite chair. Et à Pâques, c’est la Parole qui est clouée sur la croix pour dire « Regarde à quel point je t’aime ».
Jésus dit encore « Il est le juge qui ne juge pas ». C’est assez paradoxal, il n’est pas venu pour condamner. Le jugement de Dieu, la miséricorde de Dieu, c’est l’amour au-dessus de la justice. Il y a bien une justice, bien sûr : quand Jésus est cloué sur la croix, c’est la justice qui s’accomplit.
Et la dernière chose qui n’est pas la moindre, c’est qu’il est le donateur, il est le donateur de la vie. Qui d’entre nous peut dire qu’il n’a pas une plus grande aspiration à recevoir la vie et la vie en abondance ?
Je voulais vous proposer cela aujourd’hui. Peut être dans la journée, prendre un peu de temps et voir de quelle manière vous êtes touchés par Jésus. Parce qu’il est une richesse de personnalité, il se présente à nous de telle manière que chacun de nous peut être touché par la manière qu’il a de se présenter. Et du coup, de ne pas avoir besoin d’aller chercher ailleurs. Parfois on a une idée très monolithique de Jésus et on pense que cette idée est la seule. C’est étonnant dans les évangiles, comment Jésus se présente comme un jardinier, il est pris pour un fantôme, il est repoussé de la ville quand il a guéri les lépreux. C’est étonnant la richesse de la personnalité de Jésus !
Amen