6ème semaine de Pâques année A – Ac (18, 9-18) ; Ps 46(47) St Jn (16, 20-23a)
Prenons la situation que nous vivons avec ces gestes barrières ; je voyais une personne communier avec la visière et au moment de communier, elle avait oublié qu’elle avait une visière ! Tous ces événements que nous vivons, nous pouvons les méditer inlassablement… C’est une parabole ! Est-ce qu’il nous arrive de considérer que nous avons besoin de la miséricorde de Dieu, pour recevoir la Parole de Dieu et pour communier ? On réalise parfois que quelque chose nous en empêche –pas d’ordre extérieur, mais d’ordre intérieur… C’est l’occasion d’éveiller les consciences : quand on fait un geste de façon machinale, on ne se rend pas toujours compte de la portée du geste. À la messe, ‘signer la parole de Dieu’ en évitant de toucher le livre… ‘se signer’ avec un masque, comment signer mes lèvres et mon cœur ? Cette barrière peut être une manière de nous réapproprier le sens des gestes.
Au début de la pandémie, on l’avait expérimenté avec le geste de paix : on ne pouvait plus se serrer la main, se faire la bise. Il nous faut redécouvrir la portée du regard. Quand j’étais au collège mercredi, deux garçons qui étaient dans la même classe, étaient super contents de se revoir… J’ai demandé à l’un d’eux : comment as-tu vu que l’autre était content de te voir ? puisqu’ils ne pouvaient pas se serrer la main, faire l’accolade, le ‘tcheq’. Il m’a répondu : J’ai vu dans ses yeux qu’il était content de me voir ! S’il n’avait pas eu son masque, il n’aurait pas perçu son regard de la même manière. Son regard était lumineux, et dans ton regard aussi je vois que tu étais heureux de le retrouver… Se réapproprier les gestes, en redécouvrir le sens… et se réapproprier le sens des rites également.
Nous sommes au Cénacle avec la Vierge Marie, depuis hier. Ces neuf jours qui nous séparent de la Pentecôte, nous devons être à l’écoute… Dans la première lecture, le Seigneur dit à Paul : “Sois sans crainte, parle, ne garde pas le silence. Je suis avec toi et personne ne s’en prendra à toi pour te maltraiter”… Paul a reçu dans sa prière une indication, une parole, une vision qui a été un réconfort pour lui. Dans le Cénacle, tel que nous allons le vivre, il nous faut prendre le temps d’écouter les motions de l’Esprit Saint, ce qu’Il va nous dire… Au Cénacle, prier avec Marie c’est vraiment la clef ; on dit que Marie est l’épouse de l’Esprit Saint. Marie a une relation avec l’Esprit Saint qui est sans nulle autre pareille ! Personne ne peut revendiquer une telle relation avec l’Esprit Saint, sauf Jésus… Nous pouvons demander à Marie de nous communiquer cela, Marie sait que sans l’Esprit Saint, nous ne pouvons rien faire. Sans Lui, on ne pourrait pas répondre à l’amour du Père. L’Esprit Saint nous est donné pour développer l’esprit filial.
Encore deux petites choses :
Jésus nous dit encore, au Cénacle, et c’est un peu étonnant… Il ne dit pas : vous me reverrez, mais “Je vous reverrai “! Nous disons : “Je veux voir Dieu” et là c’est l’inverse. Évidemment Jésus tient sa promesse… On pourrait penser : Seigneur, tu vas me voir, mais moi, je ne vais pas te voir ! Si je vois Dieu en face à face, Jésus nous dit qu’il nous faut le suivre c’est-à-dire, voir son dos ! Si je suis face à Dieu, je suis à contre-courant ! Il s’agit d’avancer avec Lui.
Quelles sont les occasions où Dieu peut me voir ? Prenons l’exemple de la Samaritaine, dont le récit a inauguré ce temps de retraite, elle dit : “Il m’a dit ce que j’ai fait”, et non pas “Je lui ai dit ce que j’ai fait “! Dans ce temps de confinement (ou de déconfinement) l’important c’est de me laisser regarder par le Christ. Comment me laisser regarder par Lui ? le laisser me voir… Ne vous inquiétez pas, les masques ne posent aucun problème, ces masques-là ! Ce qui pose problème ce sont ceux que nous nous mettons intérieurement… quand je ne veux pas montrer à Dieu qui je suis en vérité. Dans le sacrement de la réconciliation –car maintenant vous pouvez le faire, de même que communier, vous pouvez venir à la messe, il faut juste prendre rendez-vous.
Alors comment puis-je me laisser regarder par le Christ ? Quelles sont les attitudes intérieures qui font que Dieu ne peut me regarder tel que je suis…Tout cela pour que cette promesse puisse s’accomplir : “Je vous reverrai”.
La deuxième chose qui est importante, Jésus prend l’image d’une femme qui accouche, qui est dans les douleurs de l’enfantement, mais quand on dépose dans ses bras ce bébé qui vient de naître, c’est la joie. Evidemment au travers de cela, Jésus nous parle aussi de la mort et la résurrection, il nous annonce cette joie ! Le cœur dans la Bible n’est pas essentiellement le siège des émotions. Jésus ne parle pas d’une joie émotionnelle mais de celle qui envahit toutes les puissances de notre être, la volonté, la liberté, l’intelligence. C’est beaucoup plus profond ! Cette joie c’est la Joie de la résurrection que seul Dieu peut nous donner…
Marie est tellement importante car elle est ‘acclimatée’ à la Joie divine…à la Joie céleste, même au moment le plus terrible de la Passion de son Fils, elle avait cette Joie communiquée par son Fils, la joie de la certitude que son Fils faisait “toutes choses nouvelles”… Elle seule, peut, en toutes circonstances, nous communiquer cette Joie !
Amen !