7ème semaine du Temps Pascal Année A- Ac 19, 1-8 ; Ps 67 (68) ; st Jean 16, 29-33
Il faut bien comprendre l’interpellation de Jésus : « Maintenant, vous croyez ! » C’est une phrase ironique de la part de Jésus, ça veut dire : maintenant, vous dites que vous croyez !… Avec une expression actuelle, on dirait ‘mon œil’ ! En fait, ils ne croient pas, la preuve c’est qu’ils vont le laisser seul, et c’est une expérience que nous pouvons faire. Dans les épreuves, laisser Jésus seul en nous, c’est-à-dire nous renfermer sur nous-mêmes dans la colère, l’amertume, la tristesse, ce qui est naturel pour des créatures comme nous sommes… en tous cas, c’est une manière de le laisser seul, de s’isoler des autres, de se renfermer sur soi-même, de se ‘confiner’ en soi-même. Je dis ça sans aucune critique.
Saint Paul dans la première lecture, parle de baptême de conversion, il s’agit bien de ça : nous sommes appelés à nous convertir et à nous tourner vers le Seigneur. Une des caractéristiques de cette façon de faire, les disciples d’ailleurs le disent : « nous n’avons plus besoin qu’on t’interroge »…c’est bien dommage ! Ce qui veut dire, ça y est nous croyons en toi, on n’a plus de questions à te poser… Pourtant c’est le moment d’entrer dans ce dialogue, si nous croyons en Jésus… par exemple ce matin, en me levant, je me suis dit ‘Il fait beau, je crois qu’il fait beau’, en sortant j’ai ouvert la porte et j’ai vu qu’il faisait beau, donc je ne pose plus de question ! Il fait beau… Ce n’est pas l’attitude que le Seigneur attend de nous, il attend de nous un dialogue et la preuve que nous croyons en Lui, c’est que nous continuons à dialoguer avec Lui, en particulier dans les épreuves. J’entends des personnes qui me disent qu’elles interpellent Jésus : Pourquoi ? Qu’est-ce qui se passe ? Ça ne dérange pas Jésus qu’on l’interpelle, qu’on lui demande… Beaucoup de passages dans l’Évangile sont des clefs, dans la tempête les disciples disent à Jésus : « Mais ça ne te fait rien » ?
Dans d’autres passages aussi, nous percevons que Jésus attend de nous que nous soyons vraiment en dialogue avec Lui. Le moment le plus crucial c’est quand Simon Pierre marche sur l’eau. On se dit ’ C’est extraordinaire’, pourtant nous le faisons en permanence ! Marcher sur l’eau, par exemple revient à prendre sa voiture, je prends un risque… des risques de cette manière nous en prenons tout le temps. Le grand miracle de ce moment là, c’est quand Simon Pierre crie ! Le pape François nous dit que la prière véritable commence par un cri… comme le cri d’un bébé que seulement sa maman est capable de comprendre. Là, on est vraiment dans la prière, cela jaillit du plus profond de nous-mêmes…
Jésus nous ouvre un chemin. Je cherchais une image pour comprendre ce chemin qu’Il nous invite à emprunter. Il y a quelques mois, on s’est rendu compte que sur le terrain du presbytère, il y a une remontée d’eau, une nappe d’humidité sur le sol. J’étais un peu inquiet, pensant qu’il y avait peut être une grosse fuite d’eau… on a contacté l’entreprise qui avait fait des travaux : ‘Vous avez dû crever un tuyau’. Ils sont venus, ont creusé et ont constaté qu’effectivement ils avaient crevé un tuyau. On est remonté à la source… C’est ce que Jésus nous invite à faire : dans les épreuves, il faut remonter à la source. La première source à laquelle nous avons accès, c’est la Parole qu’il a dite. Nous avons lu dans l’Evangile : « Je vous ai parlé afin qu’en moi vous ayez la paix ». Cette parole nous l’entendons pour nous aujourd’hui- Dans l’épreuve, si je veux comprendre le sens de ce que je vis, j’ouvre la Parole, pas comme je « pique la bible », c’est-à-dire je l’ouvre à n’importe quel endroit et ça marche ! Non c’est dans la foi que je dois faire cette démarche ! Dans le sens de demander à Jésus de m’éclairer…
Une autre manière de remonter à la source, Jésus dit : Vous allez me laisser seul mais je ne suis pas seul ! puisque le Père est avec moi. Alors là c’est l’assurance absolue et définitive que nous ne serons jamais seuls. En Lui nous pouvons trouver la paix, grâce à cette relation indestructible que Jésus a établie avec son Père dans l’Esprit Saint. Jésus n’est pas demeuré dans la mort, il est entré dans la vie éternelle… Comme Jésus vit en nous, dans les épreuves, nous méditons la Parole de Dieu et dans la méditation de la Parole de Dieu, nous remontons à la source qui est le cœur du Père. C’est la relation que Jésus a noué en nous par le baptême dans le don de l’Esprit Saint. Nous bénéficions du même lien, de la même assurance… mais c’est vrai qu’il faut creuser !
Heureusement que les ouvriers au presbytère étaient venus avec une pelleteuse, car s’il avait fallu creuser à la main, ils n’en seraient jamais sortis… Nous avons la grâce de la prière, la grâce de l’Esprit Saint, la prière des frères.
Comme il est dit dans la première lecture, nous allons vous proposer dans les soirées HosannaM de mercredi prochain et le suivant, une préparation à l’effusion de l’Esprit Saint. Le baptême de l’Esprit Saint, pour nous renouveler dans ce temps d’épreuve, où nous sortons du confinement… Nous sommes pétris de ce que nous avons vécu, nous avons besoin d’être renouvelés dans l’Esprit Saint. Retrouver la vigueur, la force, la lumière, la fraîcheur, la vie que nous avons reçue à notre baptême. Elle a besoin d’être sans cesse renouvelée. À mercredi prochain ! C’est ouvert à tous !
Amen !