Père François Jourdan
32ème semaine du temps ordinaire – Année A (3 Jn 5-8 ; Ps 111 ; Lc 18, 1-8)
Bien sûr nous devons comprendre ces paroles que nous entendons, même si nous sommes un peu habitués. Et nous avons repris le refrain du psaume « Heureux qui craint le Seigneur », mais ce n’est pas la crainte de la peur évidemment, nous le savons bien. C’est la crainte respectueuse, et il faut quand même la rappeler. Nous ne sommes pas avec un Dieu de peur, on l’a eu pendant des siècles, et ce n’était pas fidèle au sens que nous avons. Nous savons que Dieu est sauveur. Si Il est sauveur, on ne peut pas avoir peur de lui évidemment, c’est impensable. Or on a eu peur, on a eu une religion de peur pendant des siècles. Alors donc c’est un travers bien sûr, nous le voyons bien. Nous comprenons bien quand le psaume dit ça, nous faisons une relecture à la lumière de l’accomplissement dans le Christ, nous voyons combien le Seigneur nous aime. Il court après la brebis perdue, on ne peut pas avoir peur de lui, ce n’est pas possible. Donc qui craint le Seigneur c’est à dire, vraiment, dans le respect du Seigneur, mais en même temps qui est tenace, voyez. Et c’est ça, Le Fils de l’homme quand il viendra, trouvera t-il la foi sur la terre ? Ça demande une ténacité, c’est vrai. Mais une ténacité, c’est vrai, ajustée, pas du tout de la même manière que ce juge sans justice que Jésus met en parabole évidemment, Dieu n’est pas comme ça. Mais nous devons comprendre que, je le disais au tout début de cette Eucharistie, eh bien c’est dépouillant. Tous les gens qui sont des maîtres de vie spirituelle ont très bien senti cela, partout, dans toutes les religions. Voyez, ce mystère qui est devant nous et en nous, eh bien il est dépouillant pour nous. Et ça ne marche pas comme des mathématiques ou comme de la physique, c’est complètement idiot, prendre Dieu pour ça ! « Ah bah c’est Dieu qui m’envoie, Il ne m’aime pas, en ce moment ça ne va pas bien. » On entend des réflexions comme ça, c’est une vision affreuse de Dieu, voyez. On retombe dans une vision païenne de Dieu, c’est la psychologie humaine évidemment, ne nous laissons pas prendre. Alors, nous savons qu’il y a bien sûr en plus, on est bien placé avec toutes les sciences humaines aujourd’hui, pour savoir qu’il y a bien d’autres causes qui entrent dans toutes nos vies, hein, y compris le « Conarovirus » là ! Et bien d’autres choses, voyez, qui font peser, etc. Dieu, là dedans, ce n’est pas lui qui est derrière, tout de suite, lui qui a donné, comme certains ont dit, que c’est lui qui a envoyé le « conarovirus » pour nous punir. Ce sont des visions affreuses de Dieu, voyez, ne nous laissons pas prendre par cette tendance psychologique facile qui existe aussi dans toutes les religions. Non, nous savons que Dieu est sauveur, et que Dieu se livre à nous, et que Dieu se donne à nous. Mais pas comme on l’imagine. Ah mais c’est justement là où ça ne va plus ! Parce qu’on veut toujours le faire à notre image. Et bien non, il n’est pas comme ça, et c’est dépouillant en effet, de marcher avec Lui. Les apôtres en effet ont bien vu ça avec le Seigneur Jésus, hein. Et de temps en temps il y a eu un peu de tirage…, nous comprenons bien ! Alors, ne nous attelons pas de tout cela, hein, et comprenons bien notre situation au contraire, dans notre régime d’alliance avec Dieu, une alliance où Dieu nous aime et nous respecte. En même temps Il ne nous impose pas, et on ne marche pas comme des mécaniques. Voilà. Alors au contraire, puisqu’Il nous aime, eh bien il y a une certaine distance, et de sa part aussi d’une certaine manière. On dira par crainte, quand même un respect pour nous, voyez, de sa part. Et par moment, on aimerait que ce soit Lui qui soit une marionnette et puis qu’Il fasse notre volonté. Alors non. Nous savons bien. Allons jusqu’à accepter en effet de ne pas toujours bien comprendre ce que nous avons à vivre, mais ensemble de le porter. Et après coup, des fois, on comprend mieux. Finalement la volonté du Seigneur, ce n’était pas ce qu’on avait compris au départ. Et il faut ré-ajuster là. Il faut peut-être s’y prendre autrement. Voilà. Demandons au Seigneur ce dépouillement, et cette liberté, la liberté du Christ.