Père Laurent de Villeroché
Apocalypse 14, 14-19 ; Ps 95 ; Évangile st Luc 21, 5-11
Comme le rappelle l’Évangile, nous risquons toujours de nous laisser égarer, surtout lorsque la vie bouscule un peu – et c’est le cas en ce moment – il nous est sûrement bon, alors, d’entrer dans une attitude plus contemplative, contemplative de ce qui se passe, du travail de Dieu, de l’Esprit dans notre monde, avec un aspect de maturation un peu lente et invisible.
C’est à cela que nous invite la première lecture de l’Apocalypse ; il y avait une nuée blanche et sur la nuée, quelqu’un d’assis pareil à un fils d’homme. Ce symbole, cette image se rattache au livre de Daniel et Jésus, vous vous en souvenez sans doute, y a fait une allusion directe devant ses juges au moment de sa condamnation à mort. Lui aussi a été bousculé à ce moment-là, c’est le moins qu’on puisse dire, devant ses juges il déclarait : « Vous verrez le Fils de l’Homme siéger à droite de la puissance et venir sur les nuées des Cieux ». Cette image est à prendre dans toutes ses dimensions, pas dans un sens spatial mais dans un sens symbolique. La nuée, c’est le symbole de la présence divine, comme au désert. La couleur blanche c’est le symbole de la victoire, la position assise c’est le symbole de la solidité, du pouvoir, on est assis et on peut parler. Nous sommes donc invités, par l’Écriture, à contempler, dans ce Fils d’homme, en Jésus, le Roi, Roi de l’univers comme nous l’avons célébré il y a deux jours, dimanche. Ce Roi qui est également le moissonneur ; bien sûr, pour nous, cela résonne avec de multiples passages de l’Écriture, le bon grain et l’ivraie, où nous sommes invités dans la parabole à laisser l’ivraie faire son travail – si l’on peut dire – faire son travail de division, jusqu’à la moisson, car alors il y aura le tri : le bon grain et l’ivraie. Cette ivraie est dans le texte de l’Apocalypse, il y aura des choix, du tri à faire… Il y a surtout ce temps de la moisson que nous sommes invités à contempler. Lorsque le fruit s’y prête, lorsque le fruit est là, que le moissonneur y met la faucille car la moisson est à point.
Savoir discerner dans nos vies ce qui est à point, savoir accueillir dans nos vies tout ce qui peut nous renvoyer à cette forme de joie, de fécondité, de nourriture assurée, de bonheur, de récoltes de ce qui vient après tant de travaux. Comme je le disais à l’instant, ces lentes maturations invisibles ; tout ce qu’on sème, on ne sait pas trop ce que ça donne, et puis ça vient… Parfois il y a des alchimies étonnantes dans la vie, et du positif (terme un peu moderne) peut venir, tout cela peut aboutir à un champ de blé mûr que des moissonneurs joyeux vont récolter.
Fêter la fin de l’année liturgique, c’est aussi se rappeler cela. Parce que le Christ règne dans nos vies, la moisson s’achemine également. Nous savons aussi dans ces rapports à l’Écriture que nous sommes invités à aller à la moisson, car elle est abondante et les ouvriers sont peu nombreux. En cette fête de fin d’année liturgique, laissons-nous tout simplement appeler par le Seigneur parce que nous sommes capables de contempler ce qui germe déjà. Demandons au Seigneur d’être de ceux qui vont être les ouvriers à sa moisson ; soyons ces ouvriers-là et Lui, en son temps, comme Il le souhaitera, viendra moissonner. Amen !