Homélie du mercredi 25 novembre 2020

26 Nov 2020 | Homélies

Père Gilles Rousselet

Apocalypse 15, 1-4 ; Ps 97 ; Lc 21, 12-19

Je trouve pour le coup que le verset du psaume illustre bien l’ambiance dans laquelle le Seigneur veut nous plonger : « Grandes, merveilleuses Tes œuvres Seigneur Dieu Souverain de l’Univers ». Voilà : Grandes, merveilleuses Tes œuvres qui ne sont pas seulement celles de la Création, qui sont admirables, mais aussi les œuvres de Dieu, dans le contexte qui est le nôtre. Comme je le disais tout à l’heure en ouverture de cette célébration, le style, le type de littérature qui est employé dans l’Évangile montre ce qu’on appelle la littérature apocalyptique, montre vraiment que Dieu n’est pas du tout indifférent aux événements tels qu’ils se déroulent et même qu’ils se révèlent, qu’ils révèlent Sa puissance et Sa grâce dans toutes les périodes de l’histoire et en particulier dans les périodes de crise. Voilà, il se révèle vraiment comme Celui qui est le Seigneur, le Souverain de l’Univers, le Souverain de notre vie. Évidemment les chrétiens le savent. Pourquoi est-ce qu’ils le savent ? Comme disait une jeune du collège la semaine dernière : parce qu’on nous l’a dit, en fait. Alors le on n’est pas indéfini, c’est vraiment la Parole de Dieu qui nous le dit Qui nous le dit non pas comme un texte qui serait extérieur à nous, mais quand on accueille la Parole de Dieu dans la foi, alors cette Parole de Dieu se révèle à nous. Un peu de la même manière que ce que dit Jésus. Il dit : dans le contexte actuel c’est une chance pour vous, par ce que vous allez faire, vous êtes invités au témoignage. Alors témoignage c’est le même mot que martyre. On n’est pas tous invités au martyre, mais tous invités au témoignage de notre foi dans un monde, dans une société qui a vraiment besoin, un besoin brûlant on peut dire d’entendre une parole de vérité et de sagesse, qui, dans le contexte où finalement tout passe. Jésus vient d’annoncer la destruction du Temple de Jérusalem, qui pour les Juifs est la référence des références. C’est la présence de Dieu. La destruction du Temple de Jérusalem, eh bien c’est la fin du monde, en fait, la fin du monde qui a un sens. Alors Jésus va nous révéler que l’on ne peut pas s’appuyer sur ce qui passe, mais qu’il faut vraiment s’appuyer sur ce qui ne passe pas. Et le témoignage des chrétiens, eh bien consiste justement à témoigner de cette assurance que nous avons en nous, qui est inébranlable, qui est vraiment fondée sur le Christ, parce que sans cette révélation, comment est-ce que le monde peut tenir et avancer ? Voyez. Et alors ce que Jésus dit aussi à propos du témoignage, c’est à la mesure où nous témoignons, nous faisons l’expérience de ce que Jésus dit, c’est à dire : l’Esprit Saint Lui-même va nous inspirer des paroles. Je suppose que c’est arrivé à tous ici d’avoir une parole, ou un geste, une attitude qui dépasse nos propres limites. Je pense que ça nous est arrivé à tous d’entendre quelqu’un dire : ce que tu as dit m’a profondément touché, ou ton attitude m’a profondément touchée. Et qu’on n’ait même pas eu conscience, on peut dire de la profondeur, de la richesse de cette parole, de ce geste ou de cette attitude que nous avons eue, et qui a pu toucher quelqu’un. Voilà, Jésus nous dit : Dans le contexte dans lequel nous sommes, eh bien c’est le contexte privilégié on peut dire, pour faire l’expérience du Témoignage. Témoigner de la solidité de la révélation chrétienne en Jésus-Christ, et en même temps faire cette expérience incroyable que vous êtes travaillés par l’Esprit Saint. Que vous êtes vraiment la demeure de Dieu parmi les hommes, que vous êtes le Temple de l’Esprit Saint, et que la Parole de Dieu porte du fruit en vous. Évidemment ce n’est pas magique.

Alors il y a deux choses importantes que Jésus dit dans ce contexte. Je ne sais pas si vous vous rappelez, mais ce passage que l’on vient d’entendre fait suite à celui d’hier, et à celui d’avant-hier. Et avant-hier on avait le passage de la veuve qui met tout ce qu’elle a et son indigence dans le Temple. Et au moment même, comme nous l’avons entendu hier, tous les gens s’extasient devant la beauté, ils admirent la beauté du Temple de Jérusalem. Jésus, lui, il admire cette petite femme de rien du tout qui n’a aucune existence sociale en tant que veuve dans le contexte de Jésus, au temps de Jésus. Et alors Lui il admire cette femme qui fait un tout petit geste qui passe complètement inaperçu, alors que tout le monde autour admire la grandeur et la beauté du Temple. Et Jésus nous invite vraiment à être attentif à ce qui ne se voit pas, et pas ce qui est merveilleux, comme on se prépare bientôt à fêter Noël. Alors je suppose que malgré le confinement, il y aura des guirlandes partout, la publicité, des lumières partout. Et Jésus, Lui, va nous demander d’être attentif à ce qui se passe à Bethléem, dans ce petit village, la naissance d’un enfant que personne ne pourrait voir, si ce n’est ceux qui sont rendus attentifs à cette présence. C’est la première chose. C’est donc d’être capable de voir l’invisible. Dieu ne se révèle pas dans les néons et dans les feux d’artifices, mais dans la discrétion, on peut dire, et la vie cachée.

Voilà, la deuxième chose que Jésus nous enseigne, c’est la persévérance. Alors pourquoi est-ce que l’on peut être persévérants ? Justement parce que nous savons que le monde dans lequel nous sommes, il passe. Ce n’est pas un éternel recommencement. Ce n’est pas une espèce de roue qui ne finira jamais, mais vraiment nous croyons à la Parousie, c’est-à-dire au retour de Jésus dans la gloire. Ça peut autant arriver dans trente secondes. En fait on ne sait pas. Nul ne sait ni le jour ni l’heure, eh bien ça peut arriver dans trente secondes ! Ce qui est sûr c’est que au plus profond de nous-même, en nous appuyant sur la Parole de Dieu, nous savons que ce monde passe. Parce que sinon ce serait impossible de persévérer, on peut dire, si l’on n’avait pas cette certitude que de toutes façons Dieu met toujours une limite au mal. Et que un jour Il va révéler Sa Justice, qui est la Miséricorde, et révéler Sa gloire. Et en y associant tous ceux qui L’auront suivi. Voilà, c’est pour ça que nous pouvons persévérer, et parfois c’est vraiment difficile, c’est la raison pour laquelle nous avons tellement besoin de la vie fraternelle, qui est notre soutien on peut dire. Que nous ayons besoin des Sacrements, ça évidemment c’est quelque chose qu’Emmanuel Macron ne peut pas comprendre. Mais nous, nous avons à persévérer dans cette certitude que sans les Sacrements on ne peut pas vivre. Parfois des chrétiens disent : Oh finalement on peut quand même bien s’en passer… Bien non en fait ! On peut survivre pendant quelques temps, mais nous ne pouvons pas nous passer des Sacrements. Nous devons aussi nous nourrir de tous les autres lieux où Dieu se donne à nous dans la vie fraternelle, dans la Parole de Dieu… Mais continuer de prier avec persévérance pour qu’on puisse un jour à nouveau accéder aux Sacrements.

Amen.