Père Joseph Le Gall
33ème semaine du temps ordinaire – Année A (Ap 5, 1-10 ; Ps 149 ; Lc 19, 41-44)
L’évangile, à la fois terrible et magnifique que nous venons d’écouter, n’est pas facile à interpréter dans le détail. Il nous met au moins en face d’une certitude : nous savons désormais sur quel événement débouche toute notre vie actuelle : la rencontre définitive avec le Christ Sauveur, « Alors, on verra le Fils de l’homme venir avec puissance et grande gloire ».
Le jour et l’heure de cette apparition, de cette rencontre, nous sont inconnus, mais sa réalité ne doit pas faire de doute.
La certitude de cette rencontre, en même temps que son caractère inattendu, entraîne pour nous une exigence précise : celle d’une constante vigilance, une vigilance de tous les instants. Il s’agit de nous tenir bien éveillés, de ne pas nous laisser gagner par le sommeil de l’insouciance
Ne nous trompons pas sur le sens des paroles vigoureuses que le Seigneur nous adresse lorsqu’il nous dit : « Redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche ».
Être debout et en état de veille pour le jour où le Christ reviendra ne doit, en aucune façon, nous faire sortir, nous amener à nous évader du moment présent. Être debout, en état de veille, cela veut dire, au contraire, que nous devons vivre l’instant présent autrement qu’en surface.
Demeurer éveillé, constamment vigilant, cela peut vouloir dire tout simplement décider de « sortir », selon les cas, soit d’une vie trop encombrée, sur-occupée, soit d’une vie superficielle ; en tous cas, ne jamais fuir nos responsabilités présentes. C’est même décider de nous y engager toujours plus résolument.
Demeurer vigilants, c’est aussi, bien sûr, chercher, du mieux que nous pouvons, à vivre dès à présent dans une intimité personnelle et profonde avec le Christ Jésus.
« Restez éveillés et priez, en tout temps, nous est-il dit, un peu plus loin dans ce même évangile de Luc. »
Vivre ainsi, nous le sentons bien, est tout autre chose que de nous tenir dans une attente inquiète de la fin du monde ou de notre propre existence. C’est au contraire nous établir dans une attitude de grande sérénité. Car, en définitive, le Seigneur sera et se montrera au dernier jour tel qu’il est déjà rencontré dans nos prières et dans nos rencontres avec nos frères et sœurs attendus aujourd’hui. Seulement les liens d’amitié que nous nous serions efforcés de nouer avec lui et entre nous dès cette vie éclateront alors au grand jour. Et nous saisirons aussi alors la vérité exprimée dans les paroles suivantes d’un chant du temps de l’Avent :
« Quand dans la gloire il reviendra, (quand le Christ reviendra) nous connaîtrons ce que nous sommes, car le Seigneur nous montrera l’Esprit qui brûle (qui brûle déjà) en nos cœurs d’hommes ».