Père Gilles Rousselet
34ème semaine du TO – année A – Apocalypse 22, 1-7 ; Ps 94 ; Lc 21, 34-36
Nous sommes le dernier jour, de l’année que nous avons parcourue avec l’évangile selon Saint Matthieu.
À partir de demain, avec ce premier dimanche de l’Avent, nous allons cheminer avec Marc. Et ce sont les dernières paroles du discours de Jésus qui nous ont marqués ces derniers jours, qui nous ont saisis ; en tout cas, faut-il l’espérer que nous ne les avons pas accueillies un peu par habitude. Cette drôle de maladie qui nous empêche d’être vigilants : finalement on s’habitue à tout, alors que la Parole de Dieu nous saisit ! Et non seulement la parole de Dieu, mais aussi cet autre aspect que sont les événements, c’est bien dans les événements que le Seigneur révèle sa présence. Et aussi comment Il nous conduit dans les événements, non pas comme un marionnettiste, mais toujours pour éveiller notre conscience. S’il y a bien un aspect de notre vie que nous devons redécouvrir, affermir sans cesse par le don de l’Esprit Saint c’est notre conscience : nous ne sommes pas des marionnettes, mais des êtres libres, appelés justement à exercer notre liberté.
Et dans l’évangile, Jésus continue : « Tenez-vous sur vos gardes. » J’avais un peu cette image vous savez, elle est très mauvaise vous allez voir, mais c’est peut-être le matin, puis ce n’est pas l’heure de se livrer à ce genre d’activité : un steak qui est grillé, il n’est pas bouilli dans l’eau, il est grillé, il est saisi vraiment. Voilà, la parole de Dieu nous invite à ne pas nous tenir sur nos gardes de crainte que notre cœur s’alourdisse, il fait que l’on regarde un peu de quelle manière notre cœur peut s’alourdir. Alors évidemment je ne suis pas sûr que les beuveries et l’ivresse… Cela dit, il peut y avoir une certaine ivresse de tout ce qui peut donner des satisfactions passagères. On peut tellement être enivrés de tel ou tel aspect ; quand on parle de Noël, on s’enivre de tout ce que l’on va avoir comme cadeaux, comme occasion de faire la fête, même si elles seront un peu limitées cette année. C’est un risque qui peut effectivement alourdir notre cœur. Et puis évidemment au lendemain des repas de fête, on voit bien aussi comment non seulement notre cœur, mais notre tout notre corps peut être alourdi ! Mais les soucis de la vie, c’est peut-être là-dessus que nous pouvons porter notre attention. Les soucis de la vie, ce qui se passe là en ce moment, ça peut vraiment alourdir notre cœur, alors que nous sommes invités à être libres, à exercer notre conscience.
C’est vrai que nous sommes tous choqués par les décisions, qui nous paraissent complètement absurdes, et qui sont complètement absurdes. Peut-être que c’est l’occasion de nous interroger par exemple : «Quel est le sens, pour nous, de la messe et de ce rassemblement dominical, comme d’ailleurs de tous les jours ? » Est-ce que ce n’est pas aussi l’occasion, voilà de le réveiller ? Voilà de demander à l’Esprit Saint, parce qu’il faut vraiment l’Esprit Saint, pour nous soulever de nos alourdissements, dans tous les sens du terme.
Dans l’éditorial de ce dimanche je cite le témoignage des martyrs d’Abitène [49 martyrs à Carthage en 304, arrêtés à Abitène, aujourd’hui Chaoud en Tunisie, pendant qu’ils célébraient les Saints Mystères.
NDLR]. Voyez ces martyrs qui célébraient la messe, alors qu’on leur interdisait de le faire et quand on les a menacés de mort, ils ont dit « Mais sans la messe on ne peut pas vivre ». Et puis il y a ce développement aussi, devant toutes les tentations, devant toutes les épreuves de la vie, mais sans le dimanche, mais sans la messe nous ne pouvons pas vivre.
Est-ce que c’est vraiment ce qui nous habite en toutes circonstances ? Quand Jésus dit « Priez en tout temps, restez éveillés et priez en tout temps » … évidemment, moi cette nuit je me suis couché, j’ai dormi, on peut se reposer de temps en temps. C’est tout notre être, qui doit être dans une attitude de veille et de prière, c’est les deux ensemble. Est ce qu’on est vraiment toujours dans une attitude de veille ?
L’autre aspect qui m’interroge c’est notre évêque qui nous dit qu’il faut redécouvrir la vie eucharistique. Et qu’est-ce que c’est que la vie eucharistique, c’est vrai qu’on peut vraiment s’engager fortement, il faut le faire pour que l’on ait le droit de célébrer la messe. Mais la vie eucharistique, c’est comment je peux être attentif à la vie qui est à côté de moi, dont je suis responsable : les pauvres, les membres de ma famille…. Je me rappelle le témoignage d’un maire d’une commune, c’était vraiment un maire extraordinaire ; et après plusieurs mandats de suite, il a perdu aux élections, (c’était il y a longtemps peu importe le lieu) et en perdant aux élections, il s’est rendu compte qu’il était passé à côté de sa famille pendant tout ce temps-là, qu’il avait des enfants, qu’il avait une femme. C’est important vous voyez de bien ajuster les choses de tout ce qui est à notre portée, que le Seigneur met à côté de nous, et de bien mesurer les différents engagements que nous avons, pour ne pas nous laisser alourdir par les soucis de la vie, mais la grâce de l’instant présent.
Vous savez bien que la grâce de Noël c’est cet enfant qui va naître, dans un petit village perdu, que tout le monde ignorait à cette époque-là, qui n’avait aucune valeur, aucune dimension historique. Il est né, déposé dans une mangeoire où personne ne pouvait le voir, si ce n’est les bergers. Justement, quelle est la caractéristique des bergers d’Israël ? C’est qu’ils étaient dans une attitude de veille, de disponibilité, ils n’avaient pas de soucis de la vie, que ceux de s’occuper des brebis qui étaient là. Et c’est vers eux, que l’archange est venu, pour leur dire : « Ne craignez pas, une grande joie vous est annoncée, un enfant vous est né, un fils vous est donné. »
J’avais envie de partager ça, ce matin avec vous. Voilà, que ces dernières paroles de Jésus, nous saisissent, mais saisissent vraiment notre conscience.
Que nous demandions à l’Esprit Saint ce que nous devons vraiment faire. Parfois on se livre à des combats qui ne sont pas forcément ceux auxquels le Seigneur nous appelle… En tout cas, toujours rester dans cet accueil de sa présence tel qu’il se montre à nous. Il y a un temps certainement, ce qu’on appelle la parousie où la gloire de Dieu va se manifester dans toute sa splendeur, et on ne pourra pas l’ignorer, ce n’est pas possible. Pour l’instant, dans cet Avent, dans cette venue du Seigneur, dans l’Esprit, dans la vérité et encore une fois dans la liberté. Demandons au Seigneur de réveiller nos consciences qui parfois sont un peu anesthésiées de toutes les manières possibles. Que nous soyons enfants de Dieu, fils et filles de la lumière, sel de la terre et ferment dans la pâte.
Amen