Père Gilles Rousselet
1ere semaine de l’Avent – Isaïe 25, 6-10a ; Psaume 22 ; Mt 15, 29-37
Vous avez remarqué peut-être que la première lecture et l’Évangile commencent pratiquement de la même manière, en référence au temps. Donc dans la première lecture, Isaïe nous dit : « En ce jour-là » ; et l’Évangile commence avec Saint Matthieu : « En ce temps-là ». C’est à la fois des prophéties qui sont annoncées, proclamées, et qui sont en même temps totalement réalisées. Et nous pouvons nous approprier cette annonce. Nous sommes dans ce jour annoncé par le prophète Isaïe où le Seigneur va intervenir, et nous sommes aussi en ce temps-là. Non seulement le temps de l’Avent, mais le temps de notre vie quotidienne où le Seigneur vient se révéler à nous. Et il y a dans ces récits de manière lumineuse une douce lumière, on peut dire, le désir éternel de Dieu de venir à notre secours.
Récemment j’ai eu un contact avec une maman qui avait perdu son mari, et leur fils était vraiment dans une grande détresse là où il faisait ses études. Et cette maman vraiment s’est empressée pour aller voir son fils, le réconforter, et faire en sorte qu’il puisse bénéficier de toute l’aide et le soutien dont il avait besoin dans ce temps d’épreuve. Et je voyais dans ces entrailles maternelles, on peut dire, qui s’exprimaient par cet empressement, quelque chose aussi de ces entrailles maternelles de Dieu qui, depuis toute éternité, on peut dire attendent le moment favorable pour se manifester pleinement.
Hier, vous vous rappelez certainement que nous avons eu ce très beau passage de l’Évangile où Jésus exulte sous l’action de l’Esprit Saint, parce que Son Père révèle aux petits et aux pauvres ce qu’Il a caché aux sages et aux savants. Et la pleine révélation de Dieu en Jésus-Christ c’est Sa miséricorde. En Jésus, on peut dire, le Cœur de Dieu s’est ouvert définitivement, ne s’est jamais refermé. Tout ce que Jésus accomplit, Il le reçoit vraiment du Père. C’est la pleine manifestation de l’Être profond du Père qui est, comme disait un enfant du catéchisme, un père qui aime comme une mère. C’est les entrailles de Dieu qui s’ouvrent et qui viennent nous accueillir dans la réalité de notre vie. Et vous avez vu comment dans l’Évangile, tout est pris en charge, on peut dire, il n’y a pas une seule misère, maladie, pauvreté qui nous accable qui ne soit prise en charge par le Seigneur.
Mathieu décrit l’effectuation immédiate de cette miséricorde : les muets qui parlent, les estropiés qui sont rétablis, les boiteux qui marchent, les aveugles qui voient. Tout le monde est guéri, tout le monde en a pour son grade et peut faire ainsi l’expérience de la miséricorde de Dieu.
Et puis il y a ce petit verset qui dit encore ce regard que Jésus porte sur cette foule, après les avoir guéris. Il se rend compte que ça fait trois jours qu’ils le suivent. C’est légitime quand on reçoit tout de Dieu, eh bien nous n’avons de cesse de le suivre. Les trois jours, c’est aussi la référence à la Passion. Et aussi peut-être la référence à ce départ de Jésus vers Son Père. Vous avez vu comment il dit : « Je ne veux pas qu’ils défaillent en route ». Je pense que Jésus porte sur nous dans ce temps de confinement le même regard, le désir qu’Il a qu’on ne défaille pas en route. C’est la raison pour laquelle il a confié à l’Église les Sacrements, en particulier celui de l’Eucharistie, dont la multiplication des pains rapportée par les quatre évangélistes est vraiment la préfiguration de l’Eucharistie et de ce qu’elle accomplit en nous. Vraiment, résolument, nous ne pourrons jamais vivre, jamais tenir sans recevoir les Sacrements, et en particulier celui de l’Eucharistie.
*La dernière chose qui est encore un aspect du mystère de Dieu tel qu’il se révèle en Jésus-
Christ, c’est la place de l’Église. Si Jésus continue, on peut dire son action directe, miséricordieuse par les Sacrements, Il a choisi aussi de ne pas le faire sans nous.
Vous avez vu que plusieurs fois il est fait mention de notre rôle. D’abord ce « on » qui dépose tous les malades, les estropiés, les aveugles aux pieds de Jésus pour qu’Il puisse les guérir. C’est déjà un premier aspect de notre mission. À la fois par l’intercession, c’est ce que nous vivons aux soirées Hosanna’M ou aux soirées Bartimée, ou dans la prière des frères.
Mais aussi de manière très concrète, en prenant soin et en visitant les personnes qui ont besoin de notre vie fraternelle.
*Le deuxième aspect où nous intervenons, c’est avec les pains et les poissons. Jésus n’aurait pas pu faire la multiplication des pains et des poissons, de cette nourriture si quelqu’un ne Lui avait pas apporté ce peu qui semble si insignifiant mais qui est indispensable. Ce qui a été apporté par ce petit garçon, ce n’est pas dit explicitement dans ce passage d’Évangile, comme dans l’Eucharistie : il ne pourrait pas y avoir la communion si nous n’apportions pas le pain qui est le fruit de la terre et du travail des hommes, et le vin fruit de la vigne et de la vendange des hommes.
*Le troisième signe qui nous montre notre rôle, c’est Jésus qui bénit les pains, qui les multiplie et qui les donne aux disciples pour que les disciples puissent les donner à ceux qui ont faim. Ça, c’est vraiment le mystère de l’Église. C’est notre mission qui nous est confiée, à la fois de prendre soin des uns et des autres, et en même temps de donner l’unique nourriture qui est vraiment nécessaire. Voilà, toute parole qui sort de la bouche de Dieu, et en même temps le Corps et le Sang du Christ dans l’Eucharistie.
Amen.