Homélie du samedi 5 décembre 2020

6 Déc 2020 | Homélies

Père Laurent de Villeroché

1ere semaine de l’Avent  –  Isaïe 30, 19-21.23-26 ; Psaume 146 ; Mt 9, 35-10, 1.5a6-8

Je le rappelais tout à l’heure la Saint André a ouvert notre semaine, la Saint André a ouvert notre Avent. Et cette fête remettait donc toutes les semaines que nous allons vivre jusqu’à Noël sous le signe de la mission, de l’appel. Comme vous l’avez entendu, cela recommence avec l’évangile : les ouvriers qui sont peu nombreux et dont pourtant le Seigneur a besoin. C’est donc très clairement que le Seigneur, nous invite à partir, alors que parfois on a tendance à vouloir rester chez soi. Le Seigneur nous invite à proclamer le Royaume, tout simplement parce que c’est quelque chose que nous avons reçu comme un cadeau, comme une joie. Et puisque nous avons reçu gratuitement, nous sommes invités à donner gratuitement. Jésus proclamait l’évangile et guérissait, voilà le contenu de ce que nous avons à faire et ce dont nous avons à témoigner : hier comme aujourd’hui d’annoncer l’évangile. C’est à dire rappelons-nous l’étymologie du terme d’annoncer une bonne nouvelle et prenons cette nouvelle dans le plus concret : ça veut dire une nouvelle qui fait du bien. Une nouvelle qui fait du bien ! Et si nous faisons le rapport avec la 1ère lecture du prophète Isaïe, sûrement hier, comme aujourd’hui : ça veut dire une nouvelle qui fait du bien, en entretenant l’espérance. Pour le dire avec une image : « Entretenir, c’est sans doute entretenir un feu, pour que la flamme ne s’éteigne pas et puisse éclairer toute la nuit ». Entretenir l’espérance comme on entretient un feu, pour que le froid n’envahisse pas ni les corps, ni le cœur. Entretenir : c’est bien ce que faisait Isaïe dans la 1ère lecture ; Il s’adresse au peuple de Sion, qui est en train de vivre une forme de confinement bien plus grave, que nous vivons en ce moment, puisque les Assyriens, les ennemis de l’époque, les armées sont là devant les murs de Jérusalem, et l’avenir qui s’annonce pour les habitants de Jérusalem c’est tout simplement une ville rasée et la déportation pour les plus vigoureux. Voilà ce qu’ils avaient dans la tête et dans le cœur et à ce moment-là Isaïe annonce, une espérance un peu folle : au fond il les invite à garder confiance. (Comme on dit en français d’une formule rapide : le pire n’est jamais sûr). Espérance un peu folle, en leur disant très concrètement : « Mais Dieu te donnera du pain, le bétail ira paître, et toi même tu as ensemencé par ton travail ». C’est donc l’idée que le peuple n’aura pas simplement à subir, comme c’est possible, mais qu’il pourra faire fructifier les dons de Dieu qu’il continue à recevoir. Et la grande question qui se pose au peuple de l’époque, comme sans doute à nous-mêmes aujourd’hui : est-ce que le peuple se repliera sur lui-même ? ou alors, puisque malgré cet horizon, plutôt sombre, il va jeter la semence en terre faisant le pari de l’avenir.

C’est notre question aussi aujourd’hui, le pari de faire confiance à un Dieu ! comme dit le texte qui ne se dérobe pas. Un Dieu qui nous dit « Oui on ne voit pas forcément clair, sur ce qui vient, mais voici concrètement un chemin de croissance possible ». Ce chemin de croissance possible c’est : faire le choix de ne pas se replier, mais de jeter la semence qu’on peut. Essayer de faire fructifier les relations, les choses, les messages, bref faire fructifier ce que l’on peut. Comme le dit là encore le texte qui est cette annonce d’une bonne nouvelle, une nouvelle qui fait du bien. Ce texte dit : « Voici le chemin prends-le », alors à nous de choisir justement.