Homélie du lundi 7 décembre 2020

8 Déc 2020 | Homélies

Père Gilles Rousselet

2ème semaine de l’Avent  –  Isaïe 35, 1-10 ; Ps 84 ; Lc 5, 17-26

 Je m’arrête avec vous sur cette parole du Livre d’Isaïe « C’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu ». Comme pour illustrer cette revanche de Dieu, cette vengeance qui vient, Dieu dit « Il vient lui-même et va vous sauver. » : voilà quelle est la revanche de Dieu, quelle est sa vengeance contre les forces du mal. On pourrait avoir l’idée d’un Dieu vengeur, d’un Dieu justicier, un peu à l’image de cette très belle sculpture que nous avons dans la salle St Jean Eudes. L’autre jour une personne m’a demandé « C’est qui, ça ? » C’est une représentation de Dieu, avec la grande barbe et probablement le bâton de la justice, en tout cas ce qu’il en reste. Peut-être que nous avons besoin de découvrir ce qui reste de cette vision de Dieu, et de l’accueillir tel que Jésus nous l’a révélé. Parce que nous n’avons aucune idée par nous-même de qui est Dieu.

 Il y a beaucoup de courants philosophiques, de courants de pensée pour essayer d’élaborer quelque chose sur le divin et sur les moyens efficaces pour attirer ses bonnes grâces : eh bien, Jésus est la Révélation. Vous savez ce qu’on dit « Le christianisme est une religion révélée » : ce n’est pas tant l’homme qui tend vers Dieu que Dieu qui tend vers l’homme. Et de manière complètement paradoxale, quand à la fin de l’Évangile les foules disent « Nous avons vu des choses extraordinaires aujourd’hui ». Commençons donc par regarder ce qu’il y a de plus extraordinaire : Dieu s’est fait homme et cet homme est né à Bethléem dans un petit village ; un bébé sorti du sein de sa maman, déposé dans une mangeoire, qui a passé sa vie en faisant le bien, qui est mort sur la croix et ressuscité. Et Jésus disant « Moi, je viens vous révéler le visage du Père. Qui me voit voit le Père. » Et c’est quand même pour nous les chrétiens la révélation la plus extraordinaire ! Car on peut chercher et se dire « Si moi je voyais des signes, alors certainement que je croirais. Et si Dieu est amour, alors pourquoi les choses se passent de cette manière-là ? »

Si nous regardons vraiment comment Dieu s’est révélé, nous allons découvrir le caractère absolument époustouflant, et même « folie pour les uns, scandale pour les autres », aberration pour la plupart d’entre nous. Enfin, de nos contemporains ! Pas d’entre nous, je l’espère. Au point qu’on a jugé bon de remplacer la fête de Noël par quelque chose de beaucoup plus crédible, vous en conviendrez : le Père Noël…. En tout cas, c’est ce qu’on a mis dans la tête de beaucoup de personnes. C’est beaucoup plus réaliste, beaucoup plus incarné, le Père Noël…

Et justement, je pense que le contexte dans lequel on est est précisément celui dans lequel la vengeance de Dieu, sa revanche, peut vraiment éclater à notre conscience. C’est vrai que beaucoup de promesses sur lesquelles nous avons cru pouvoir fonder notre bonheur, notre avenir… Notre avenir est quand même incertain et dans tous les domaines : qu’est-ce que la politique peut, qu’est-ce que la science, l’économie, la philosophie peuvent ? Pas grand-chose… Et il me semble que c’est le moment favorable pour nous, pour découvrir quelle est notre véritable richesse, notre véritable trésor.

Et en particulier ce que Jésus dit dans l’Évangile, qui s’adresse aux scribes et aux pharisiens ; ceux-là même qui ont une conception de la religion qui a fait son temps, celle qui est représentée par ceux qui savent. Mais dans l’ordre de la foi, nous ne sommes pas dans l’ordre du savoir, mais dans l’ordre de la confiance, de l’expérience. Et le premier lieu de l’expérience, c’est justement le pardon. Et Jésus pour montrer à quel point il est venu justement apporter le pardon, et c’est ça la véritable vengeance de Dieu, la revanche sur le mal, sur le péché, sur tout ce qui nous empêche d’être pleinement nous-même, Enfant de Dieu. Et il vient pour que ce soit possible, il vient en personne, cet enfant qui va naître à Noël, c’est le Sauveur, celui qui est venu nous rétablir définitivement dans notre identité d’Enfant de Dieu. Et le fruit, on peut dire, de cette guérison de notre âme, c’est quand il dit à cet homme paralysé : « Lève-toi, prends ton brancard et marche. » Et voilà que nous retrouvons notre véritable mobilité, je ne parle pas d’abord de notre mobilité physique, même si elle est aussi prise en compte, mais la mobilité de notre âme, de notre bonheur, de notre joie, parce que nous arpentons continuellement ce Royaume de Dieu qui, s’il n’est pas tout à fait là, est là quand même. Et avec cette mission qui est la nôtre d’en témoigner. D’ailleurs vous avez vu comment à la fin tout le monde rend gloire à Dieu. Nous avons tellement de raisons de rendre gloire à Dieu car nous savons quelle est la vérité. Nous le savons.

Que ce temps de Noël soit vraiment de toutes les manières possibles, non pas de nous renfermer sur nous-même comme toutes les décisions nous y invitent, mais de nous ouvrir aux autres, et de nous ouvrir pour témoigner aux autres de la gloire de Dieu. Vous savez ce qu’est la Gloire de Dieu ? Elle n’a rien de comparable avec la gloire des hommes… Mais la gloire de Dieu, c’est le poids de son Amour pour nous…

Amen