Père François Jourdan
2ème semaine de l’Avent – Si 48, 1-11 ; Ps 79 ; Mt 17, 10-13
Plusieurs fois dans l’évangile selon Saint Matthieu, Jésus dit : « Élie qui doit venir c’est Jean Baptiste », c’est très clair : donc, comme il était annoncé pour précéder le Messie, dans la tradition juive à cette époque-là, si Élie est venu, donc c’est que Jésus est le messie. Oui mais ce n’est pas un messie comme on l’imagine. C’est bien pour ça qu’Élie n’a pas été bien reçu ; et Jean Baptiste encore moins. Élie, pourtant, la 1ere lecture l’a embelli, avec son char de feu, (historiquement ce n’est pas comme ça que ça a dû se passer bien sûr, enfin c’est une relecture tardive, au moment de l’exil à Babylone). Le 2ème Isaïe est avec les exilés à Babylone et on ne voit pas très bien où Dieu mène l’histoire du peuple Juif : Jérusalem a été détruite, tout est par terre. Et le prophète, comme souvent dans la bible d’ailleurs, mais ce n’est qu’une manière pédagogique, nous le comprenons bien, montre que l’on paie toutes nos erreurs. Alors par la Parole du Seigneur, Élie retient les eaux du ciel, et pour l’éviter, à 3 reprises il en fait descendre le feu. La peur est dominateur, un Dieu dominateur qui est derrière, et bien non ce n’est pas ça, j’aime bien la finale : « Heureux ceux qui te verront, ceux qui dans l’amour seront endormis, nous aussi nous posséderons la vraie vie » eh bien c’est vers ça que nous marchons, pas la vie à la manière humaine (en plus avec le matérialisme ambiant, l’individualisme, le laïcisme français etc.. Ça ne nous aide pas c’est sur), mais ça ne fait rien, nous sommes sur la voie du christianisme, et du Christ. Une vision nouvelle de Dieu. Alors en fait fais-nous revenir et nous serons sauvés. Revenir à cette révélation-là, que souvent dans l’histoire c’est vrai, dans l’Église, les Chrétiens par lâcheté se sont acoquinés avec les pouvoirs politiques bien sûr, alors du coup on nous le fait payer : les laïcards sont anti chrétiens. Encore aujourd’hui nous le voyons bien. On paie des années et des années, des siècles, il faut le dire de puissance du Christianisme, de l’Eglise dominatrice dans la société. Ce n’était pas l’esprit du Christ, mais on s’y était installé allègrement, d’ailleurs tous les peuples font pareil (c’est les vues humaines). Eh bien non, et Jésus annonce déjà que pour lui, de même « le fils de l’homme va souffrir. » c’est un drame le salut et Dieu paie le prix fort, si je puis dire, en Jésus et il ne recule pas et il n’est pas dans la lâcheté. Il va jouer vraiment le jeu de la vie humaine, en naissant de la manière la plus pauvre et la plus simple, au milieu des animaux : c’est mal considéré, on va le voir à Noël ; et il y a les bergers parmi les tout premiers. Ce n’est pas les gens de Jérusalem, c’est complètement renversé. Le renversement évangélique, c’est une clé majeure, pour comprendre cette histoire du salut et notre histoire à nous, que nous avons à vivre aujourd’hui. Osons cette audace-là et, à ce moment-là, le monde sera transformé.