Père Gilles Rousselet
3ème semaine de l’Avent – Nb 24, 2-7.15-17a ; Ps 24 ; Mt 21, 23-27
Trois points
Le premier est la question de la légitimité.
Comment s’exerce-t-elle dans la vie de Jésus et comment elle s’exerce dans notre vie ? Jésus vient juste de chasser les marchands du Temple ; il vient de poser un acte prophétique qui est très important. Sans avoir besoin de le développer ici. Et donc, la question lui est posé « Quelle est ta légitimité ? Cet acte prophétique que tu viens de poser, qui n’est pas du tout anodin, dans le temple et dans ce contexte-là, par quelle autorité fais-tu cela, qu’elle est ta légitimité ? Qui t’a donné ton autorité, de qui la reçois-tu ? » Si on regarde la vie de Jésus, c’est vrai qu’il parlait avec autorité. Il est exprimé plusieurs fois dans les Ecritures « Il parle avec autorité. Et pas comme les scribes et les pharisiens ». Il y a donc bien une différence et la légitimité de l’autorité de Jésus est liée à son lien direct avec le Père qui est source de toute autorité. Parce que Jésus est le fils de Dieu et qu’il vit pleinement cette filiation (il dit « Je ne suis pas venu faire ma volonté, mais celle de celui qui m’a envoyé ») parce qu’il vit pleinement, parce qu’il est même ce lien, il est vraiment le Fils de Dieu, il est la présence du Père, l’incarnation de sa miséricorde et de sa volonté. Alors, de ce lien, il tire toute son autorité, et pas seulement une autorité en parole, mais une autorité en acte. C’est-à-dire que ce que Jésus dit, il le fait. Ce qu’il fait, c’est ce qu’il dit. Quand il parle, son action est l’actualisation ici et maintenant da sa Parole. Je dis bien ici et maintenant, parce que c’est vrai pour nous aujourd’hui. Hier, il y avait une veillée de prière où tous les chrétiens que nous sommes sont appelés, invités à exercer les charismes et à les recevoir. Et il y a une effectuation de ce que Jésus dit : Je vous envoie, j’ai reçu tout pouvoir sur la terre comme au ciel. Je vous envoie et je vous investis de ces pouvoirs, en particulier parmi les plus importants, celui d’exercer la charité fraternelle et aussi de contaminer d’une espérance nouvelle qui n’est pas comparable avec celle des hommes.
La légitimité de Jésus vient du fait qu’il est le Fils de Dieu et qu’il n’y a pas de distance, il ne fait qu’un avec la volonté de son Père. Et donc avec l’autorité de son Père.
Comment ça se passe pour nous ? Comment bénéficions-nous de cette légitimité ? Certainement pas parce que nous avons fait beaucoup d’études, parce qu’on serait, soi-disant, plus intelligents, qu’on pourrait mieux comprendre les choses que les autres. Ça il faudrait vraiment le vérifier. Je pense que la légitimité, nous la voyons par exemple dans la situation du Fils prodigue. Quand le Fils revient vers le Père, il reçoit les signes de la filiation : le manteau, les sandales, la bague. Et cette filiation divine et royale. C’est donc à la mesure où nous sommes revenus vers le Père, à la mesure où nous avons bénéficié de sa miséricorde, que nous avons vraiment une certaine légitimé à exercer l’autorité du Père, telle qu’elle s’est réalisée en son Fils et telle qu’elle s’est accomplie dans l’Esprit Saint. Par exemple, si nous pouvons prier les uns sur les autres pour obtenir des guérisons et des libérations, ce n’est pas nous qui le faisons mais c’est l’Esprit Saint. L’Esprit Saint agit à notre demande, mais c’est parce que, non pas parce que nous sommes meilleurs que les autres, mais parce que nous sommes pécheurs plus pardonnés que les autres. C’est-à-dire que nous aurions vraiment fait l’expérience que nous sommes pécheurs et que nous avons reçu la miséricorde du Père.
Et il y a une autre légitimité, c’est tout à l’heure, celle qu’on va dire au moment de recevoir la communion : « Je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri. » Autrement dit, dis seulement une parole et ma présence ici pour communier à ton corps et à ton sang, est légitime. C’est Jésus qui nous lave les pieds.
Et la dernière chose, c’est pourquoi cette question posée par Jésus, à laquelle ils ne veulent pas répondre précisément parce qu’ils sont de mauvaise foi. Et vous voyez, pour exercer, d’abord pour recevoir l’autorité de Jésus, c’est-à-dire comme elle se déploie dans notre vie, comme elle se manifeste dans notre vie. Pour recevoir des paroles, des réponses de Jésus à ce que nous lui demandons, il ne faut pas être de mauvaise foi. C’est-à-dire, il faut prendre position. Ceux là n’ont pas voulu prendre position, répondre aux questions que Jésus leur posait, car ça les obligeait à être devant la vérité, ils ont refusé cela. Donc ils n’ont pas pu recevoir la légitimité de l’autorité de Jésus qui est notre sauveur, notre médecin, notre ami, notre frère, notre intercesseur, notre paraclet, notre défenseur. Ils n’ont pas pu le recevoir, parce qu’ils n’étaient pas de bonne foi. Il y a donc un point important dans notre vie, c’est d’être de bonne foi, et de ne pas avoir peur de faire un pas en avant et de dire au Seigneur « Me voici Seigneur, pour faire ta volonté. »
Amen