Père Gilles Rousselet
3ème semaine de l’Avent – Sophonie 3, 1-2, 9-13 ; Ps 33 ; Mt 21, 28-32
Hier, par la grâce de la liturgie, nous avons médité un passage de l’Évangile selon Saint Luc avec ce père qui avait 2 enfants ; un homme qui avait 2 fils, et les envoie l’un après l’autre à la vigne, en posant la question au travers de cette parabole : Quel est celui des 2 qui fait la volonté de Dieu ? En nous appuyant sur l’Évangile, nous avons compris, je crois, que celui qui fait la Volonté de Dieu, c’est celui qui se convertit, celui qui a dit : non, non, non, et qui finalement s’étant repenti, c’est ce que nous dit l’Écriture, a été travailler à la vigne de son père. C’est celui-là qui a fait la volonté de Dieu. Ce qui est vraiment au cœur de la Révélation, c’est que en réalité notre vie avance de conversion en conversion. Il y avait un Père de l’Église qui disait : de recommencement en recommencement.
Là, dans l’Évangile, nous sommes dans l’Évangile selon Saint Luc, nous sommes avec la figure de Jean-Baptiste. Figure admirable qui est vraiment au cœur de ce temps de l’Avent, de cette préparation à la venue du Seigneur, et nous voyons à quel point, avec une figure aussi extraordinaire, profonde, lumineuse que Jean-Baptiste, la conversion est vraiment un processus de transformation nécessaire pour la croissance et la purification de notre foi. Ce n’est pas dit explicitement dans le texte mais à ce moment-là, en ce temps-là Jean-Baptiste était en prison. Et il est en prison parce qu’il était témoin de la vérité, d’une certaine manière témoin du Christ puisque Jésus est le Chemin, la Vérité et la Vie. Et en voyant comment Jésus agit, envoie, il est saisi d’un doute. Et vraiment il s’agit de ça. C’est ce qu’on appellerait la nuit de la foi, qui est une étape vécue par certains grands saints, et certains grands mystiques. Ce n’est pas la même chose que la nuit des sens. Là c’est vraiment la nuit de la foi. Parce qu’en voyant comment Jésus agit, ça ne correspond pas à l’idée qu’il avait d’un Messie qui devait, si on résume un peu la pensée de Jean-Baptiste, qui devait venir récompenser les justes et punir les pécheurs. Vous vous rappelez les images très fortes que Jean-Baptiste prend : la cognée est à la racine de l’arbre, et la pelle à vanner va faire son œuvre. Vous savez comment ça marche une pelle à vanner, on envoie un stock de blé en l’air, et puis le vent enlève ce qui n’a pas de consistance, et ne tombe que ce qui est assez lourd. Donc Jean-Baptiste avait une idée de Dieu qui était vraiment un Dieu qui exerçait la justice.
Et comme Jésus agit, évidemment il est troublé. Alors ce qui est très beau c’est que dans ce processus de conversion, vous voyez, même Jean-Baptiste a besoin de se convertir. Dans ce processus de conversion, Jean le Baptiste va directement à la source, et il envoie deux de ses disciples vers Jésus en demandant : est-ce que tu es vraiment celui qui doit venir ? Et si ce n’est pas le cas, est-ce que nous devons en attendre un autre ? Et Jésus répond d’une manière assez lumineuse, en invitant les disciples à témoigner de ce qu’ils voient. D’où l’importance pour nous dans la vie chrétienne de témoigner de ce que nous voyons, et de ce que nous expérimentons. C’est-à-dire que la justice de Dieu finalement, c’est sa miséricorde. Ce que Jésus est venu instaurer comme Règne et comme Justice, c’est un chemin de Pardon, un chemin de guérison et un chemin de libération.
Alors l’important pour nous aujourd’hui, deux choses :
D’abord notre image de Dieu. Si même Jean-Baptiste a pu se tromper, ou être troublé dans sa perception du Messie, lui qui était là depuis le début… il est vraiment parti au désert pour se préparer à accomplir sa mission de prophète. Si même lui a eu besoin de se convertir alors combien chacun de nous devons avoir conscience de cette réalité, que nous avons besoin de nous convertir, et en particulier de demander à l’Esprit Saint, et bien de révéler en nous le vrai visage de Dieu, en son Fils Jésus-Christ. On a tous besoin d’ajuster : on est parfois habité de convictions tellement forte que l’on dit : mais enfin, comment se fait-il que les choses se passent de cette manière-là si Dieu est vraiment Dieu ? Pourquoi est-ce qu’il ne correspond pas à l’idée que j’en ai ? Voilà, et on est tous un peu guettés, piégés si vous voulez par des conceptions de Dieu qui ne sont pas la réalité de ce que Jésus est venu révéler. Ça c’est la première chose : demander au Seigneur de nous accompagner sur ce chemin de conversion, de nous établir dans la Vérité qui rend libre.
Et puis la deuxième chose c’est la place prépondérante du témoignage. Vraiment le témoignage : pas d’idée, de concept, de théorie, mais vraiment un témoignage de ce que nous vivons, de ce que nous expérimentons. Témoigner que par exemple, quand nous allons nous confesser, eh bien nous avons reçu vraiment la miséricorde de Dieu. Et un beau signe d’ailleurs que nous l’avons vraiment reçue, que notre démarche est sincère, c’est que quand nous sortons de la confession, et bien nous rendons grâce au Seigneur. Nous sommes dans l’action de grâce, et dans la louange. Voilà, et puis d’avoir ce regard, cette méditation de la Parole de Dieu, ce regard sur notre vie, et sur la vie du monde pour être des Veilleurs sur les signes que Dieu nous donne de Sa présence et de Sa justice qui est toujours Miséricorde.
Amen.