Homélie du jeudi 17 décembre 2020

18 Déc 2020 | Homélies

Père Laurent de Villeroché

3ème semaine de l’Avent  –  Gn 49, 1-2.8-10 ; Ps 71 (72), 1-2, 3-4, 7-8, 17 ; Mt 1, 1-17

Comme je nous le rappelais tout à l’heure nous voici à huit jours de Noël, nous serons déjà arrivés aux deux tiers des premières messes dans exactement une semaine. Ça commence à frémir, et dans la liturgie ça se manifeste de plusieurs manières, et je vais simplement en citer deux pour ce soir :

Une première manière qui nous montre qu’on est vraiment dans les derniers jours pour préparer Noël. On le trouve dans la liturgie des vêpres, où commence ce qu’on appelle la série des « antiennes Ô ». L’antienne c’est, comme vous le savez, la petite phrase qui est juste devant un psaume, et puis juste devant le Magnificat. Et on a, à partir de ce soir, dans la liturgie, des phrases qui sont tirées et qu’on chantait du temps de Charlemagne : vous voyez, ça date quand même un petit peu, donc on reprend ces phrases de la Tradition, qui commencent toutes par Ô. Alors ce soir, c’est « Ô sagesse de la bouche du Très-Haut, toi qui régis l’univers avec force et douceur, enseigne-nous le chemin de vérité, viens Seigneur, viens nous sauver. » Force remarquable, il faudrait la chanter. Le dire, ça ne donne pas assez de force, et ça dit toute notre attente, tout ce souhait que nous avons de la venue de Jésus, et en même temps, se dire que nous avons besoin d’y être préparés, parce que sinon nous n’arriverons pas vraiment à accueillir Jésus.

Ça commence à frémir, et puis nous avons un deuxième signe qui nous est donné dans la liturgie de ce jour, avec l’Évangile qui nous fait repartir au début de l’Évangile selon Saint Matthieu. Et ça commence donc par cette fameuse généalogie… À chaque fois, je me dis « Pourvu que ça ne me tombe pas dessus », eh bien heureusement c’est le Père Joseph qui l’a lue. Il y a eu juste un tout petit bout d’accent breton pour la vingt-troisième personne nommée, sinon c’était parfait ! Voilà. Je dis ça évidemment avec un sourire, parce que si on s’attachait à regarder chacun des noms eh bien on entrerait dans des histoires, il faudrait les posséder, pour ceux qui sont spécialistes de la Bible ça ouvre plein de réflexions possibles de ré-entrer dans cette histoire de la Bible. Il faudrait aussi éviter d’être fondamentaliste parce que, on sent bien que Saint Matthieu a eu besoin de dire les choses un peu plus précisément avec ce « quatorze », « quatorze », quatorze »…   L’idée, c’est de dire que c’est prévu. Ce qu’on sait, au-delà des petits personnages si j’ose dire, qu’il y a Abraham, David… Il y a l’exil qui est évoqué, l’exode… On sent que ce que veut dire Matthieu,  dans cette sorte de figure de style, c’est que Dieu au fond pense à nous, j’allais presque dire « il prépare son coup » depuis des générations et des générations, pour arriver jusqu’à nous, jusqu’à cette naissance de Jésus, et nous sommes dans les temps qui sont les derniers. Que peut-il dire de plus, que peut-il faire de plus qu’avec Jésus ? Mais en tout cas il préparait l’humanité, et c’est à travers l’humanité que le mystère de Dieu, ce mystère de son amour vient nous retrouver.

Alors il y a aussi dans le texte, et on peut l’ajouter, des personnages qui sont… – j’allais dire en plus ce sont des dames ! alors n’allez pas penser mal, ça pourrait être aussi des hommes – mais on va dire des personnages qui sont un petit peu défaillants dans l’histoire, notamment des païens. Ce qui peut nous dire cette universalité du salut, il peut passer, Dieu, y compris par des gens qui ne sont pas comme nous, qui sont un peu différents, qui sont étrangers, étranges. Ce sont aussi des gens qui partiellement ont eu une vie un petit peu douteuse. Alors comme il est tard ce soir on ne racontera pas leur histoire…   Mais derrière ça veut nous dire que Dieu, qui depuis tout ce temps nous prépare pour accueillir Jésus, mais Dieu peut vraiment faire naître dans l’histoire, quelle qu’elle soit, Jésus ! Il peut naître, Jésus, malgré nos fragilités, malgré nos défaillances, malgré nos manques. C’est donc plein d’espérance pour nous.

La vraie question, et je reviens à l’antienne de tout à l’heure, l’antienne de ce soir, la vraie question c’est : est-ce que nous avons vraiment le désir d’attendre Dieu, qu’il vienne dans nos vies ? Est-ce que nous avons envie de lui dire : « Oui Seigneur, enseigne-nous le chemin pour t’accueillir » ? Est-ce que nous avons tout simplement envie de lui dire : « Ô Seigneur, viens ! »

Alors prions pour nous-mêmes, prions pour nos proches, prions pour ceux que nous rencontrons chaque jour, prions pour l’humanité entière.

Amen