Père Gilles Rousselet
Mercredi après l’Epiphanie – 1 Jn 4, 11-18 ; Ps 71 , Mt 6, 45-52
Voilà, ce temps que nous vivons après les fêtes de Noël et de l’Épiphanie : nous sommes toujours dans le Temps de la Nativité, de la Révélation de Dieu tel qu’il se révèle à nous. Et c’est important que nous prenions garde à ce que nous ressentons à ce moment-là. Vous avez vu comment dans l’Évangile, Saint Marc précise qu’après le miracle de la multiplication des pains, ils n’avaient rien compris. Voilà, ils étaient dans la stupeur. Et ils le prennent pour un fantôme, c’est vous dire combien ils sont bouleversés intérieurement, et c’est l’occasion pour nous de nous demander : comment avons-nous accueilli vraiment la Révélation de Dieu ?
Alors ça peut être plusieurs choses, mais ça peut être quand nous découvrirons vraiment qui est Dieu tel qu’il se révèle à nous, peut-être que nous pourrions être surpris, et un peu dans la stupéfaction, et en tous cas découvrir que nous avons un cœur endurci.
Si on regarde la première lecture, comment est-ce que cette Révélation de Dieu se réalise en nous ? Dieu s’est pleinement révélé en Son Fils Jésus, cet enfant qui est né dans la crèche, Il est vraiment le Fils de Dieu. C’est le Verbe de Dieu qui s’est fait le tout-petit et le tout-bas. C’est Dieu tel qu’il se révèle à nous, on ne peut pas dire les choses autrement, ce n’est pas une révélation, mais c’est la Révélation plénière, cet Enfant que nous avons accueilli cette nuit de Noël dans la crèche dans notre vie, Il est vraiment le Fils de Dieu.
Mais là, Saint Jean dans la première lecture, il dit quelque chose d’autre qui est très important, c’est comment à la fois Il se révèle à nous ? Alors la réponse est claire, c’est aussi par notre accueil dans la foi de Sa présence. Et comment Il se révèle aux autres ? Par la manière que nous avons non seulement d’en témoigner, mais en particulier dans la manière que nous avons d’en témoigner dans nos relations fraternelles. Alors on peut dire aujourd’hui que le monde est athée, on peut dire, un athéisme pratique, à très forte majorité, et ça doit nous interroger sur la manière que nous avons, nous, de prendre la relève puisque nous sommes le Corps du Christ, nous sommes d’une certaine manière la révélation de Dieu parmi les hommes aujourd’hui.
Est-ce qu’on a vraiment accueilli cette Révélation de Dieu ? Est-ce que nous accueillons vraiment cet amour ? Vous savez, c’est comme dans un couple en fait. Je me rappelle il y a quelques années, quand j’étais aumônier de lycée en Bretagne, on m’avait demandé de faire une conférence sur les familles recomposées. Alors pour ça j’avais interviewé une trentaine d’élèves du lycée, qui étaient tous membres d’une famille recomposée. Et alors tous ils disaient quelque chose, mais tous unanimement, ils disaient : nous on croit toujours au mariage, alors merveilleux, plein d’espérance…, à condition, que nous sachions, ce que nous serons dans 15 ans. Et alors voyez, ce qui manque finalement, c’est à cause de la blessure du divorce, eh bien c’est cette confiance en l’autre. Et voilà que dans la première lecture, c’est exactement je crois ce que nous dit la Parole de Dieu, c’est qu’il y a quelque chose de déterminant, c’est que pour accueillir Jésus il faut vraiment faire le choix d’avoir confiance en Lui, en fait. Et ayant confiance en Lui, Il va se manifester à nous pleinement, et Il se manifestera aux autres par la manière que nous aurons concrètement, non seulement, pas d’avoir une théorie de la foi, mais une foi en œuvre dans les relations fraternelles que nous avons les uns avec les autres.
Et dans l’Évangile, juste un mot parce qu’on peut être surpris de ce qui se passe juste après la multiplication des pains, pourquoi est-ce que les Apôtres n’avaient rien compris ? Ils n’avaient rien compris, sinon l’Évangile ne nous le dirait pas. Mais en quoi leur cœur était-il endurci ? Bien c’est simple, c’est que en fait quand les Apôtres ont vu ce miracle extraordinaire que Jésus a fait, ils ont vraiment pris le risque, ou Dieu a pris le risque de se révéler comme un thaumaturge, un faiseur de miracles, comme quelqu’un qui allait donner à manger à tous ceux qui ont faim, voilà, de manière un peu magique. Et voyez, quand il les envoie dans la tempête de l’autre côté, c’est à dire du coté, sur la rive de la foi, eh bien justement c’est pour les préserver de ce risque d’avoir une mauvaise idée, ou une mauvaise interprétation de Dieu. Dieu se révélera pleinement non seulement dans la naissance de son Fils, mais aussi dans Sa mort et dans Sa résurrection. C’est là, à ce moment-là, qu’il manifestera vraiment la Toute-puissance, et ce n’est pas la Toute-puissance qui fait des miracles, mais si de fait elle en fait, c’est la Toute-puissance qui sauve. Voilà, nous sommes sauvés par Dieu en Jésus-Christ qui nous donne son Esprit Saint. Et c’est tout un itinéraire pour nous. C’est comme dans l’amour en fait. Vous savez, on se marie, ceux qui se marient se marient pour apprendre à aimer. Moi je suis devenu prêtre pour manifester l’amour de Dieu, mais aussi et surtout d’abord pour apprendre à vous aimer. Nous sommes sur la terre pour apprendre à aimer. Eh bien, nous sommes vivants sur cette terre pour apprendre vraiment à accueillir Jésus tel qu’il se révèle à nous.
Amen.