Père François Jourdan
Vendredi après l’Epiphanie – 1 Jn 5, 5-13 ; Ps 147 ; Lc 5, 12-16
Alors Jésus étendit la main et le toucha : c’est un lépreux ! Et les distances, alors, sanitaires comme on dit aujourd’hui ? Ah bien oui c’est la lèpre, hein, aujourd’hui on sait très bien il y a quelques lépreux, y compris en France, mais ça ne se voit pas, ils sont soignés, il n’y a pas de problème. Mais dans ce temps-là c’était quelque chose, hein. Donc, voyez le sens qui est derrière. Ce n’est pas seulement l’anecdote. Jésus, c’est le Fils du Père – Fils de Dieu c’est le Père, hein – le Fils du Père, envoyé par le Père, pour être cette lumière, justement pour tous les hommes, pour aider l’humanité à vivre. Dieu n’a pas créé le monde, puis après débrouillez-vous ça n’est plus mon problème. Ah si si si, il est responsable parce qu’il est amour, et qu’il nous aime. Donc le Fils est venu jusqu’aux lépreux, si on peut dire comme ça, et nous pouvons élargir bien sûr ce mot de lèpre à toutes nos lèpres d’aujourd’hui, toutes les déviations qu’il peut y avoir dans les sociétés que nous essayons de bâtir, de réajuster, de remodeler, alors que nous manquons souvent d’une âme, dans ces sociétés, voyez.
Et alors j’aime beaucoup cette réflexion mûrie de saint Jean dans la première Lettre : « Bien-aimés, qui donc est vainqueur du monde ? » Ah, vous vous souvenez, dans une autre partie de l’Évangile, Jésus dit : « Courage, j’ai vaincu le monde ! » On retrouve la même expression. Oui, mais ce n’est pas vaincre le monde en dominant, ah mais pas du tout ! Ma paix, pas comme le monde la donne, justement. Quand il est vainqueur du monde on pourrait comprendre : il est vainqueur de l’esprit du monde. Et c’est justement toutes nos lèpres, en particulier ces histoires de pouvoir entre les hommes, aussi bien au plan culturel qu’au plan politique. Jésus au contraire, vous voyez à la fin de l’Évangile, là il se retirait dans les endroits déserts, et il priait. Vainqueur du monde : il ne se laisse pas prendre par l’esprit du monde. Il aurait pu effectivement vouloir entrer dans les rapports de force politiques et culturels, et identitaires, bien sûr dans toutes les sociétés. Oui mais il faut une âme, pour ça ! Et lui, il est venu pour soigner l’âme, justement, qui manque, et qui fait qu’on tombe dans toutes les idoles multiples, religieuses ou non, et qui prennent la place de cet absolu pour lequel nous sommes faits, l’absolu de l’amour de Dieu.
Puissions être illuminés en effet et accepter cette lumière de grande liberté du Christ : ne pas se laisser prendre par l’esprit du monde, pour pouvoir justement lui rendre beaucoup plus, selon l’amour de Dieu.