Homélie du mardi 19 janvier 2021

22 Jan 2021 | Homélies

Père François Jourdan

2ème semaine du TO – année impaire – He 6, 10-20 ; Ps 110 ; Mc 2, 23-28

Nous avons entendu dans l’épître aux Hébreux, qui nous rappelait justement cette attitude de Dieu vis à vis de nous : Sa décision était irrévocable. Dieu s’est engagé de façon irrévocable. Et quand Il s’engage c’est énorme évidemment, et c’est pour toujours, bien sûr, nous le savons, et nous le voyons dans Jésus. C’est très étonnant ces petites paraboles toutes simples, nous ne sommes encore qu’au début de l’Évangile selon Saint Marc. Donc très tôt dans sa vie publique, Jésus a dit les choses.

Qui a créé le shabbat ? C’est Dieu dans la genèse, à la fin de la Création ; Il cesse, et puis Il laisse les affaires continuer leur cour qu’Il a donné, évidemment. Donc le shabbat a été fait, dans une vision biblique et juive, ce n’est pas historique comme ça bien sûr. Mais c’est donc Lui qui est l’auteur du shabbat. Et Jésus dit : le Fils de l’homme est maître, même du shabbat. Eh bien, pour qui il se prend celui-là ? Ah oui, non seulement il se prend pour Dieu, mais Il l’est. Et le shabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le shabbat. Voyez cette grande liberté du Christ par rapport à un esprit tatillon qu’on peut avoir dans toutes les religions, même en dehors des religions. Les prescriptions, on applique des choses, puis on va faire des catégories, on a de la comptabilité…. Ce n’est pas ça du tout. C’est la relation, Dieu est Amour, donc c’est la relation avec Lui qui doit se manifester, dans la pratique, mais pas dans du bricolage, voyez. Alors là-dessus Jésus prend des libertés. Et ça Lui donne l’occasion de dire qu’Il est Maître du shabbat. C’est-à-dire qu’Il est Dieu, et qu’il faut voir les choses par rapport à ça, et pas dans le détail, où on peut faire des aménagements. Il n’est pas contre le shabbat, mais il y a des aménagements possibles. C’est ça que ça veut dire. On a eu, quand la religion chrétienne était une religion puissante, dans la société, on avait cet esprit-là, de temps en temps. Il y avait des gens scrupuleux, bien évidemment qui tombaient en plein dedans. Ça n’aide pas.

Par contre, faut voir le fond des choses, et là, ça doit être irrévocable. Voyez c’est le moment de ressortir le mot. Effectivement de la part de Dieu, mais aussi de notre part. Notre baptême, nous avons été baptisés tout petits, on ne nous a pas demandé notre avis. Moi je ne le regrette pas, et au contraire je l’assume. Et bien c’est irrévocable. Ça doit être irrévocable dans notre vie. Et là, c’est l’alliance où les deux côtés, nous allons ensemble. Et nous faisons le chemin ensemble. Le Christ Jésus est venu au milieu des hommes pour prendre notre vie, voyez, c’est extraordinaire ça. Jamais les hommes n’avaient pensé une chose pareille. C’est choquant à vue humaine il faut nous le rappeler. Quand Frédéric Lenoir a quitté la foi chrétienne, il ne le dit pas comme ça, mais n’empêche on le voit bien, il dit : jamais Jésus ne s’est prétendu Dieu. Or il a le droit, après avoir été un temps chez les frères de Saint Jean, puis il n’a pas continué, puis même il a quitté la foi chrétienne : il a pris la pensée humaine. Dans toutes les autres religions, c’est impensable évidemment que Dieu vienne au milieu des hommes comme ça ! Voyez, c’est impensable. Ça ne vient pas des hommes, c’est vraiment une révélation qui nous bouscule, et qui bouscule les hommes. Alors évidemment quand on est dans la logique de l’esprit du monde, c’est plus facile de suivre… faut se porter là où il y a foule, on suit, et puis voilà, on retombe dans l’esprit du monde. Non, c’est autre chose : Si nous voulons suivre celui qui est Maître du shabbat, alors nous Lui donnons justement Sa place. Sanctifier le Nom. Le nom c’est la personne. C’est bien la place, au Christ, dans notre vie, qui doit l’animer, et qui doit permettre aussi de savoir ce qui est important et ce qui l’est moins. Et de s’engager pour ce qui est important. Parce qu’on peut s’investir énormément dans les choses secondaires. Et qu’est ce qu’on fait de l’essentiel ?

Il y a peut-être un discernement à faire, et à faire en Église d’ailleurs, nous sommes là pour nous aider, ensemble, à faire ce chemin, et à voir dans le contexte dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui ce qui est important et surtout à ne pas oublier les choses essentielles. Parce que des fois on se focalise sur quelque chose puis on oublie le reste. C’est humain. Alors nous marchons ensemble, et c’est ça l’Église, l’Église des baptisés, l’Église en alliance, avec le Seigneur dont l’alliance est irrévocable.