Père Gilles Rousselet
1ère semaine du TO – année impaire – He 2, 14-18 ; Ps 104 ; Mc 1, 29-39
Comme je vous le disais hier, on a la particularité cette semaine de méditer les premiers chapitres de l’Évangile selon Saint Marc, sans coupure. Il ne manque pas un seul verset. Et on est directement plongé, c’est assez étonnant chez Saint Marc, dans ses deux premiers chapitres il doit y avoir au moins sept fois ce mot « aussitôt », qui est quand même très caractéristique de la Parole de Dieu. Et, on peut dire de l’efficacité, puisque Jésus commence par proclamer, crier le kérygme et nous inviter à accueillir le royaume de Dieu qui est là, « les temps sont accomplis ». Après se déroule, on peut dire, le programme assez dense de la vie de Jésus. C’est dire qu’il n’a pas le temps vraiment de perdre du temps, et en même temps, nous sommes témoins de l’efficacité de cette présence parmi nous du règne de Dieu.
Alors plusieurs petites choses : d’abord, évidemment, vous avez vu que dès le départ Jésus appelle les Apôtres, et que eux aussi sont disponibles. Évidemment, tout ce qui concerne le programme de la vie de Jésus concerne le programme de la vie de l’Église, et de nos communautés. Nous avons vraiment à nous inspirer de ce que fait Jésus pour découvrir ce que nous devons faire et comment le faire, avec cette sorte d’immédiateté. Ce qui ne nous préserve pas de la réflexion, de la distance nécessaire, et du discernement, mais sans repousser à demain ce que nous devrions faire aujourd’hui, parce que peut-être demain, nous n’aurons pas le temps de faire ce que l’on devait faire demain, si on veut faire demain ce que l’on devait faire aujourd’hui. C’est assez cohérent ce que je dis, quand même.
En tous cas, il y a un petit mot, là, qui est très révélateur, en plus de ce mot « aussitôt », c’est le mot « sortie », on l’a trois fois. D’abord les Apôtres et Jésus sortent de la synagogue, et ils arrivent chez la belle-mère de Simon-Pierre. Voyez, hier je vous disais que Jésus, la puissance de la Parole de Dieu, c’est aussi ce que dit la première lecture, la grande œuvre de Jésus, c’est quand même de nous libérer de l’esclavage, et en particulier des attaques du démon qui veut vraiment nous empêcher de vivre notre vocation d’enfant de Dieu. Et Jésus hier a libéré cet homme, et il l’a rendu, on peut dire, à sa capacité d’être en relation avec lui-même, avec les autres et avec Dieu. Et là Jésus intervient dans un domaine plus privé, plus intime, qui est la maison de Pierre : la belle-mère de Simon-Pierre qu’il va rendre à sa capacité, à sa dignité de femme, et qui va pouvoir accomplir cette extraordinaire vocation qui est celle du service. Voilà, parce que ça c’est la vocation de toute personne. Voyez que la prédication de l’Évangile conduit les personnes à pouvoir vraiment vivre leur dignité d’enfant de Dieu avec la même efficacité que Jésus. C’est-à-dire que si l’Église annonce l’Évangile et c’est sa première mission, c’est vraiment pour libérer les hommes. Vous vous rappelez, Jésus avait dit à Simon-Pierre : Désormais ce sont des hommes que tu prendras. Et en fait dans la compréhension biblique, quand on sort un poisson de la mer, ce qui était le métier de Simon-Pierre, le poisson va mourir, mais sortir un homme de la mer, c’est au contraire le sortir de la mort puisque dans la pensée biblique, la mer c’est la mort. Donc il s’agit vraiment de notre mission : C’est de libérer et de guérir. C’est la raison pour laquelle on fait des soirées Bartimée. Mais en fait ça ne pourrait pas se limiter qu’à ça. En fait ça doit être notre action permanente. Tout à l’heure, avec Éliane, on parlait d’une célébration des funérailles. La célébration des funérailles, c’est d’annoncer la Résurrection. C’est d’annoncer que le Christ a vaincu la mort. C’est la grande mission. Ce n’est pas seulement de dire que Dieu est Amour, mais aussi que cet amour a vaincu la mort. Et puis il s’agit autant de l’annoncer aux foules, que de manière un peu personnelle. Et le fruit de cette prédication, c’est que les personnes peuvent servir. Alors ça, c’est aussi un événement qui est très important. L’évangélisation doit nous permettre de prendre notre part à la prédication du Royaume. Personne au nom de son baptême ne peut rester consommateur de la vie de l’Église. Chacun de nous doit se demander comment je peux servir la prédication du Royaume.
Il y a un deuxième moment, donc, avec ce verbe « sortir », où Jésus va sortir qui est aussi très révélateur : c’est pour aller prier. Il sort le matin très tôt, et Il va prier. C’est aussi une sortie qui pour nous est nécessaire.
Et puis la troisième référence de ce verbe, c’est quand il dit aux Apôtres : Allons ailleurs, parce que c’est pour cela que nous sommes sortis. Vous voyez, sortir de la synagogue, c’est-à-dire que, en fait, la messe commence quand vous allez être envoyés. Ce que vous recevez ici, en fait, c’est pour vous évidemment, pour vous enraciner profondément dans la foi, c’est-à-dire dans la relation avec Jésus. Mais c’est aussi pour annoncer l’Évangile. Il s’agit de sortir aussi, de trouver le temps de votre journée de la prière, de la contemplation, et puis il s’agit d’être en sortie, c’est-à-dire d’aller vers les autres annoncer l’Évangile, et ne pas rester dans notre cercle restreint de ceux que nous connaissons bien, de ceux qui font partie de nos zones de confort. Et aussi aller à la rencontre de ceux qui meurent, on peut dire d’une certaine manière, de ne pas connaître l’Évangile.
Amen.