Homélie du vendredi 15 janvier 2021

22 Jan 2021 | Homélies

Père François Jourdan

1ère semaine du TO – année impaire – He 4, 1-5.11 ; Ps 77 ; Mc 2, 1-12

La première lecture sur le « repos du Seigneur », rentrer dans le repos de Dieu, ce n’est pas du tout un repos, notre vie sur la terre ! Oui, mais nous voyons plus loin, et ça je pense qu’on peut comprendre, voyez. Voir plus loin que…  ah bien, les derniers temps sont déjà arrivés, avec la présence du Christ. Et en particulier ce repos en Dieu, fondamental. Mais à côté de ça il faut travailler, et drôlement transformer le monde, oh là là, et le Seigneur Jésus le sait très bien !

Alors nous avons, là, justement, un magnifique exemple. On est encore au tout début de Saint Marc, au début du chapitre 2, et voilà que Jésus est dans la maison de Saint Pierre. Quand on entend « la maison », à Capharnaüm, c’est la maison de saint Pierre. Aujourd’hui, quand on y va, on voit les lieux, dans la rue qui descend vers le lac, sur la droite, on a trouvé les restes de cette maison, qui était le QG, si on peut dire, de l’organisation, de la mission…  le mot « organisation » est un peu fort, il n’a pas institué les choses, mais enfin c’était là que Jésus résidait, dans la maison de Saint Pierre. Et il y avait un monde fou. Et alors c’est intéressant de voir que les gens ont dit : « On va s’y prendre autrement, puisqu’on ne peut pas accéder à lui, on va passer par le toit ». Il faut dire que c’était des toits, à l’époque, qu’on pouvait ouvrir facilement, c’était léger, un peu comme en Afrique noire, aussi, on des choses comme ça, on peut passer par le toit. Et alors, c’est intéressant de voir que le paralysé qu’on lui descend devant lui, il ne demande rien. Oui, mais « voyant leur foi », dit le texte, c’est intéressant, Jésus a été impressionné : ils se sont démenés, ils ont inventé une solution. Ah, ça n’était pas prévu, eh bien n’empêche, ils l’ont fait. Et alors, « voyant leur foi », Jésus dit au paralysé qui ne demande rien, et qui ne demandait pas le pardon de ses péchés : « Mon enfant, tes péchés sont pardonnés ». Alors il faut remettre peut-être aussi dans la mentalité de l’époque, qui était très simpliste, mais qui peut exister encore aujourd’hui : si on a des problèmes, eh bien, c’est qu’on paie nos fautes. C’est vrai, la justice immanente, ça peut exister, on peut voir les conséquences de fautes. Mais ce n’est pas toujours comme ça, il y a un tas d’autres causes aussi aujourd’hui, nous le savons très bien. Donc s’il est paralysé ce n’est pas forcément parce qu’il a péché, ça n’a rien à voir. Mais enfin dans la mentalité de l’époque, on peut penser que Jésus commence par là. Et il savait très bien ce qu’il faisait, Jésus, il connaissait aussi très bien le judaïsme, et même aujourd’hui, chez les juifs, chez les musulmans, c’est impensable qu’un homme pardonne les péchés ! C’est Dieu qui pardonne. C’est un blasphème pour un juif et pour un musulman aujourd’hui. Aujourd’hui encore. Donc Jésus savait très bien qu’il allait provoquer des remous. Et il en est au tout début de sa mission, au chapitre 2 de Saint Marc. Et quand aujourd’hui vous avez des gens qui ont fait des études, et qui sont dans les média, qui disent : « Non, mais jamais Jésus n’a prétendu être Dieu ». Je suis désolé, mais au début de saint Marc, il fait comme Dieu, il pardonne les péchés, et c’est choquant ! D’ailleurs c’est sans détour. Jésus dit lui-même : « Pour que vous sachiez que le Fils de l’Homme – il parle de lui – le Fils de l’Homme a autorité pour pardonner les péchés sur la terre » – ah c’est extraordinaire, ça – eh bien il guérit – ce que personne ne pouvait faire – il guérit le paralysé. C’est-à-dire qu’il pouvait aussi pardonner les péchés. Et là, c’est bouleversant. Et c’est très audacieux. Et vous pouvez chercher dans toutes les religions, quelque chose comme ça, ça ne se trouve pas, voyez. On a là une nouveauté, une audace, dans la simplicité des choses, voyez. L’attitude de la liberté du Christ, et de son audace, dans la simplicité. Il ne cherche pas à dominer, il ne cherche pas à organiser des affaires et puis à faire une société, et puis une contre-société, et puis à se lancer dans la politique, pas du tout. Et même il fuit, après, dans la nature, pour ne pas qu’on lui mette la main dessus, sur lui, voyez. La grande liberté du Christ qui lui permet justement de faire des choses extrêmement audacieuses.

Ce qui fait que, aujourd’hui, le christianisme est la seule religion au monde où on peut recevoir le pardon de nos péchés avant notre mort. Et ça nous dépasse complètement. Et de même que, aujourd’hui, nous pouvons recevoir le Christ ressuscité qui vient nourrir notre être profond. Sans attendre notre mort. Nous pouvons multiplier, voyez…   Cette audace du Christ dans une très grande simplicité. Nos sacrements qui sont la présence du Christ qui se donne, les sacrements, ç’est ça, c’est Dieu qui se donne, de multiples manières, eh bien, dans ces sept sacrements, ça nous dépasse complètement. Et c’est la suite de cette audace. Qui peut faire une chose pareille ? Il faut oser le mettre sur ce chemin. Eh bien les chrétiens l’ont reçu. Alors il n’a pas dit « Je suis Dieu ! ». Non, on trouve ça dans les asiles psychiatriques, des gens qui sont complètement perturbés. Ce n’est pas le cas de Jésus, c’est une évidence. Et ce n’est pas du simplisme. Il y a un certain nombre de fois où on voit dans les évangiles, qu’il a les prérogatives de Dieu : « Qui m’a vu a vu le Père ». Et quand on dit « le Père », tout le monde a très bien compris, il s’agit de Dieu. « Qui m’a vu a vu Dieu », dit d’une manière un peu détournée, mais c’est ça. Ce sont des paroles extrêmement fortes, voyez. On a ça dans les évangiles, qui sont des témoignages que les hommes n’ont pas pu inventer. C’est absolument contraire aux vues humaines. Et tout de suite, évidemment, les autres : « Ah, c’est une blasphème, etc. » Puis sa vie publique n’a duré que deux ans et demi. Il n’a pas été bien reçu à Noël puisqu’il a fallu qu’il naisse dans une caverne, et puis au bout de deux ans et demi de vie publique, eh bien c’est terminé. Eh bien oui c’est arrivé, mais c’est les derniers temps. Et nous sommes dans cette vision, là, qui nous est donnée, vision de foi, de notre vie que nous avons à vivre à la suite du Christ. Avec une liberté, aussi, très grande, par rapport au contexte dans lequel nous nous trouvons. Oser ouvrir des chemins nouveaux. Aujourd’hui par exemple, on en parle heureusement de plus en plus, mais il faudra que ça augmente, c’est les gens qui récupèrent les déchets. Nous sommes une société où nous sommes très nombreux, alors avec la technique on produit un tas de déchets, et ça empeste toute la terre. On commence à en prendre conscience, ah, il est temps. Il y a des entrepreneurs, des gens qui lancent de nouvelles entreprises pour ça, et qui font des choses merveilleuses avec nos déchets. Ça c’est intelligent. Eh bien je dis ça va dans le sens… avec le pape qui nous rappelle : « Laudato si », loué sois-tu Seigneur pour cette terre, mais que nous ne savons pas très bien gérer, etc. Et s’occuper aussi des rapports entre les hommes, les GAFA, les paradis fiscaux, tout ça c’est à reprendre complètement, ça ne va pas du tout. Et on dort là-dessus. Alors il y a beaucoup à changer, nous ne sommes pas dans le repos pour le moment, mais si, nous sommes dans le repos dans nos relations avec Dieu, qui sont au contraire fortes, saines, et par le Christ lui-même qui vient nous chercher et nous mettre sur ce beau chemin.