Homélie du vendredi 22 janvier 2021

29 Jan 2021 | Homélies

Père François Jourdan

3e semaine du TO – année impaire – He 10, 32-39 ; Ps 36 ; Mc 4, 26-34

La Parole de Dieu est encourageante aujourd’hui particulièrement, ça tombe bien, on en a bien besoin. Mais il ne faut pas oublier  –  et le psaume aurait peut-être tendance à nous le faire oublier  –  nous ne devons pas oublier que notre condition de chrétiens  –  et de juifs  –  c’est d’être dans l’Alliance. Donc, Dieu a son travail, mais nous on a le nôtre aussi, et il ne fera pas le nôtre. Alors vous voyez bien sûr que le Seigneur nous aide, et il ne demande pas mieux. Mais en même temps il nous respecte et il nous aime, et donc il nous laisse notre liberté, nous ne sommes pas des marionnettes, forcément, évidemment. Par contre nous avons à travailler en effet pour trouver le chemin, son chemin à lui : s’il était à ma place, qu’est-ce qu’il ferait ? C’est difficile à dire, mais enfin, nous avons à chercher, et à chercher ensemble, c’est la condition de l’Église. « Nous ne sommes pas de ceux qui abandonnent » nous disait l’épître aux Hébreux à l’instant. Eh bien non, on n’abandonne pas, et on sait être accrochés, mais à l’essentiel, quitte à laisser tomber les choses secondaires, voyez. Et là il y a des choix. Et ces choix, eh bien c’est notre lien à Dieu justement, dans l’Alliance, qui nous éclaire, et qui nous aide : « Tu as révélé aux tout-petits les mystères du Royaume ». Ce n’est pas forcément très compliqué, parce que ça demande en fait, c’est ça qui est le plus difficile, une vraie liberté profonde, quitte justement à innover, trouver des chemins auxquels on n’avait pas pensé. Eh bien la foi chrétienne, elle est stimulante, et stimulante pour nous, mais nous avons à être stimulants pour les sociétés dans lesquelles nous nous trouvons. Nous n’avons pas à les gérer en tant que chrétiens, mais nous vivons notre foi dans ces sociétés, et il faut trouver les moyens, et effectivement trouver des solutions, et nous aider les uns les autres. C’est ce qu’ont fait beaucoup de grands saints, qui ont essayé d’adapter l’Église à leur époque, selon les problèmes de leur époque, et puis des gens qui ne sont pas canonisés, mais qui ont bien innové et trouvé des chemins : je pense à l’abbé Pierre, qui a été très apprécié de tous les Français, même non chrétiens ou non pratiquants. C’est vrai que c’est parlant, c’est l’amour de Dieu qui, avec des chemins pratiques et concrets, continue encore aujourd’hui dans le monde, le monde entier, pas seulement en France.

Alors c’est ça la petite graine de moutarde. Et Jésus  –  d’ailleurs il l’a vécu lui-même  –  Jésus n’était rien de son temps, dans la société ( ?) il n’était rien. Eh bien c’est ça la petite graine. Et elle pousse, et elle grandit. Eh bien oui. Quand je vois à la Maison Saint Jean, derrière la maison, les arbres colossaux, il y a des cèdres magnifiques. Je n’ai jamais vu une graine de cèdre, je ne sais pas si c’est très gros, en tout cas ce n’est pas le problème, c’est vrai qu’il y a des choses, dans la nature, splendides. Et Jésus prend ces petits symboles, ces images, ces paraboles pour se faire comprendre d’une manière toute simple, mais qui en dit long sur l’Évangile. C’est la force de la faiblesse, ou la force des moyens pauvres, comme on dit aussi, voyez. Alors ça, dans la tête de toutes les cultures humaines, ce n’est pas très bien compris. On aime les choses qui font de l’effet, et puis avec tous les media aujourd’hui, il y a un petit piège, nous devons nous en libérer, et, au contraire, être dans cet esprit, voyez. Les « pauvres de cœur » c’est ça : « Heureux les pauvres de cœur ». Ce sont les petits moyens, des petits moyens qui ne sont pas bêtes du tout, qui sont bien intelligents, qui sont bien utiles. Et que le Seigneur nous pousse à engager dans ce monde.

Osons l’audace simple de Dieu.