Père Gilles Rousselet
5e semaine du TO – année impaire – Gn 1, 20, 20-2, 4a ; Ps 8 ; Mc 7, 1-13
Nous avons tout bénéfice à relire le livre de la Genèse, non pas pour y découvrir comment Dieu a créé l’univers, au centre duquel d’une certaine manière Il a placé l’homme, mais pourquoi Il l’a créé. Souvent j’essaie d’expliquer aux enfants que si Dieu a créé tout ça, c’est par amour pour chacun d’eux parce qu’Il voulait placer chacun de nous au cœur d’un univers qui chanterait la Gloire de Dieu en permanence, la beauté du Créateur et l’amour que le Créateur a pour chacun de nous. Parce que c’est vraiment nous qui sommes placés là au cœur de cet univers que Dieu a créé par amour pour nous. Mais si on regarde comment Dieu a créé, pourquoi Il a créé, alors on a vraiment des enseignements sur notre manière de vivre au cœur de l’univers, dans le respect de l’univers, c’est-à-dire dans le respect de la Volonté du Créateur :
Vous pouvez constater d’abord le foisonnement extraordinaire de toutes les espèces qu’il y a sur la terre, et comment Dieu a ordonné les choses. C’est très beau de voir que Dieu a créé en ordonnant, en clarifiant. Ce n’est pas un capharnaüm, ce n’est pas un bazar que Dieu a créé. Vraiment Il créé en ordonnant, en séparant, en identifiant clairement. Et tout ce qui ne va pas dans ce sens là relève vraiment de l’idéologie. Par exemple la théorie du genre est en complète contradiction avec l’Esprit du Créateur. Parce que la théorie du genre n’identifie pas du tout en fait. C’est la fuite, la confusion, et c’est contraire au plan du Créateur.
L’autre chose qui est magnifique dans le livre de la Genèse, et il y a beaucoup d’autres choses, mais c’est la bénédiction. Vous avez vu comment Dieu bénit. À la fin de chaque acte créateur, Dieu dit que cela était bon. Sa parole, sa parole créatrice est une bénédiction. Et il y a une bénédiction particulière qui est accordée à l’homme et la femme : Dieu dit que cela était très bon. Et nous sommes imprégnés continuellement de cette bénédiction. Si nous savions toutes les bénédictions que Dieu nous accorde de manière éternelle, immuable, et combien en tant que créature placée au cœur de l’univers comme des maîtres, mais pas comme des dominateurs. Comme des maîtres, nous avons aussi ce pouvoir, cette responsabilité de bénir, de dire du bien, de répandre cette bénédiction.
C’est vrai que quand l’homme s’est emparé on peut dire de ce que Dieu lui a donné, il est passé de statut de maître qui était voulu par le Créateur à celui de dominateur. Et en fait mu par un autre esprit qui est bien différent de celui du Créateur, mais qui est celui du profit. Ce qui mobilise notre énergie de domination en fait c’est le profit, c’est l’intérêt personnel, le pouvoir de l’argent, le pouvoir de la rentabilité. Nous ne sommes plus du tout dans la bénédiction, mais d’une certaine manière dans la malédiction.
Et puis on voit un peu comment ça se passe un peu aussi dans ce passage d’Évangile, ce dialogue très particulier, très tendu entre Jésus et tous ceux qui sont là à l’entourer. Dans l’Évangile d’hier, je ne parle pas de l’Évangile que nous avons lu à l’occasion de la solennité du Cœur Immaculé de Marie, mais l’Évangile qui était prévu : vous savez ces hommes et ces femmes qui portent les uns et les autres qui sont malades pour que le Seigneur les touche et le guérisse. Là ils entouraient Jésus en le suppliant de les bénir finalement, de faire ce que le Père a toujours voulu accorder à ses enfants de toute éternité. Et là ce n’est pas du tout pour demander la bénédiction de Jésus, mais c’est vraiment pour le piéger autour de l’attitude qu’Il a Lui avec ses disciples :
Alors il y a une tension entre la tradition des hommes et les commandements. Et voyez dans la pensée du Créateur les deux s’harmonisent, il y a une clarification. Et là dans ce débat qui est instauré, c’est la confusion et la violence. Voyez comment la confusion, c’est-à-dire que quand les choses ne sont plus claires du tout, quand elles ne sont pas connues et comprises, eh bien ça conduit à la confusion et à la violence. Le drame qu’il y a ici, c’est que en fait les hommes ont instauré le règne de la tradition humaine, de l’interprétation humaine, qui peut être très bonne, mais là qui est complètement détachée de son origine, des commandements du Seigneur. Alors Jésus donne un exemple qui est très particulier : c’est que l’argent que j’ai à ma disposition, du fait d’une interprétation de la loi, est utilisée pour le Temple, enfin plus exactement pour le bien-être de ceux qui font vivre le Temple. Et si les parents ont besoin d’argent, cet argent n’est plus utilisable parce qu’elle est consacrée au Temple. Voyez il y a une espèce d’aberration, une contradiction on peut dire, puisque les biens qui sont les nôtres ne peuvent plus servir à faire du bien aux autres, voyez. Et alors comment est-ce qu’on peut comprendre ça pour nous aujourd’hui ?
D’abord c’est peut être notre risque aujourd’hui, c’est de ne plus comprendre les choses. Par exemple quand on utilise un certain nombre de rites. On disait tout à l’heure avec Marie-Anne, pour préparer le temps, la catéchèse pour les enfants à la maison des jeunes ce soir, qu’on allait leur parler de la prière, et en particulier du signe de Croix. Marie-Anne disait qu’ils ne savent pas faire le signe de Croix. Est-ce que nous qui faisons le signe de Croix nous en comprenons le sens ? Est-ce que nous comprenons le sens de tous les rites que nous accomplissons pendant la messe ? Voyez, si on ne les comprend pas, on les dénature complètement, et si on ne les comprend pas, on les dénaturant, on les absolutise. Ils sont complètement détachés de ce pourquoi ils nous sont offerts comme moyens de communication et d’exprimer notre foi. C’est peut-être ça le risque aujourd’hui des communautés chrétiennes : de ne plus comprendre le sens profond des rites. On va les durcir, on va être tellement attachés aux rituels, comme ceux qui interpellent Jésus dans l’Évangile aujourd’hui. Les rites sont tellement importants qu’il n’y a plus le temps de faire quoi que ce soit d’autre. Et tous ceux qui n’ont pas le temps d’accomplir tous ces rites ne peuvent plus pratiquer leur religion, voyez. Il y a une aberration complète…une aberration complète.
Alors peut-être qu’il faut entrer dans ce repos de Dieu. Je ne crois pas que le 7ème jour, comme dit le livre de la Genèse, Dieu s’est reposé parce qu’Il était fatigué. Ce n’est pas pour ça qu’Il se repose. Mais peut-être ce temps du repos du dimanche, c’est le temps où nous pouvons nous reposer, nous poser à nouveau pour rentrer, on peut dire, dans la clarté, la clarification que Dieu donne dans la compréhension de ce qu’Il a accompli dans notre vie, et de ce qu’Il nous invite à poser comme réponse.
Amen.