Père François Jourdan
5e semaine du TO – année impaire – Gn 2, 18-25 ; Ps 127 ; Mc 7, 24-30
Nous sommes entourés de femmes, en ce jour avec les lectures. La 1ere femme, celle qu’on appelle Ève, Ishsha. L’homme c’est Ish au masculin, et Ishsha au féminin en hébreu ; on ne peut pas le faire en français. Nous sommes évidemment l’os de mes os, la chair de ma chair. Et donc nous sommes compagnon ou compagne d’Adam et puis Ève. Et Adam, compagnon d’Ève. C’est une présentation évidement, ce n’est pas scientifique. Dieu ne fait pas avec la terre, comme ça avec les animaux ; c’est une présentation, nous le comprenons bien. Mais ça rappelle bien que c’est Dieu qui est à l’origine de nous tous. À travers l’évolution comme le disait le père Teilhard de CHARDIN sur la paléontologie et les origines humaines. C’est la création dans l’évolution, à travers l’évolution, ce n’est pas en direct. Pour nos amis de l’Islam, Dieu c’est en direct (il a créé le chat comme ça, mais avant le chat il y a tout une évolution). Non, non c’est Dieu qui est direct, tout de suite, c’est une manière de voir Dieu, qui est complètement différente de la nôtre.
Dieu collabore vous voyez, et c’est pour ça qu’Il va être en alliance avec Abraham. D’ailleurs, c’est un petit détail, avec la terre, il modela tous les être etc… puis il les emmena vers l’homme, pour voir quel nom il leur donnerait. Et donner le nom c’est très important, le nom c’est la personne, c’est dans beaucoup de sociétés anciennes : alors nommer les animaux de la part d’Adam, c’est quelque chose d’important dans la mentalité ancienne, il faut comprendre. (dans le Coran pour nos amis de L’islam, c’est Dieu qui donne les noms et donc Adam va répéter ce que Dieu a choisi pour les noms des animaux, c’est une autre vision des choses vous voyez). Là, l’homme est beaucoup plus intégré en collaboration avec Dieu lui-même.
Nous voyons avec l’évangile, que cette collaboration, ne s’arrête pas avec le peuple juif. Ça paraît un peu dur, cette phrase de Jésus : « Laisse d’abord les enfants se rassasier », il ne faut pas prendre le pain des enfants et le jeter aux petits chiens. Eh bien alors pourquoi est-il venu à Tyr ? C’est d’ailleurs tout à fait incorrect, à vue humaine, dans le contexte de Jésus, qu’un prophète (si l’on peut dire pour les gens de son époque, ils ne le connaissaient pas encore bien, et ne savaient pas que c’était le Messie) aille en terre païenne. Il va contracter des impuretés rituelles forcément.
Alors Jésus, ne voulait pas être reconnu, il a fui un peu son pays parce qu’il n’était pas toujours bien reçu et il arrive en terre païenne. Eh bien même les païens viennent le voir. Alors s’il est venu en terre païenne, il ne faut pas s’étonner, bien sûr, il y a des païens qui viennent ! Et voilà, donc Jésus accepte en effet que comme déjà à Capharnaüm, il y a des païens en Galilée, « Galilée des nations » comme on l’appelait. C’est à dire où il y avait beaucoup de païens, ce n’est pas comme à Jérusalem où Jésus habitait déjà avec un tas de gens de tous pays y compris les occupants : l’armée romaine etc…
Donc voyez Jésus finalement est habitué, comme dirait Saint Paul, le juif bien formé : les Juifs d’abord et les Grecs ensuite. Les Grecs c’est à dire les païens. D’abord les Juifs c’est vrai, mais tout le monde est appelé. Et Jésus va faire comme avec les Juifs, il va faire pareil avec les païens : donc il va guérir cette femme, qui est accrochée, puis elle a bien su répondre pour ne pas rester sur le bord du chemin. Et oui, les petits chiens sous la table mangent les miettes des petits enfants.
Donc les païens vont chercher les miettes qui tombent du peuple juif. Et aujourd’hui, nous sommes de tous les peuples dans cette mondialisation. En plus, nous sommes sans doute la religion qui a été, par la mission en particulier, la première mondialisée, maintenant ça arrive dans toutes les religions. C’est une époque nouvelle aussi, mais nous c’est vraiment une vocation. Regardez l’hindouisme : c’est en Inde et puis c’est tout. Le bouddhisme est déjà un peu plus mondialisé. L’Islam aussi, mais le Christianisme, il y a longtemps que nous sommes mondialisés, donc là il y a vraiment une visée : tous les hommes sont appelés à entrer dans cette collaboration, ce régime d’alliance dans lequel nous nous trouvons. Juifs et chrétiens c’est notre spécialité nous vivons en régime avec Dieu, c’est différent. Les autres religions elles ont un régime avec Dieu aussi, ce n’est pas le même. Nous, on est en régime d’alliance, cette collaboration, c’est une alliance de partenariat. Ce n’est pas une alliance de domination, où Dieu fait tout et nous on est là à attendre et puis voilà… Et donc c’est très valorisant pour nous et c’est pour ça d’ailleurs, que la Genèse dit : il nous a faits à son image. Pour nos amis de l’Islam dans le Coran, Dieu ne crée pas l’homme à son image, non il n’y a aucune image avec Dieu, la transcendance de Dieu est complètement différente. Eh bien chez nous si, c’est une autre manière d’être avec Dieu et que nous avons à partager avec tous les hommes. Et qui entraîne aussi, il faut le dire, la dignité de la personne humaine puisqu’elle est faite à l’image de Dieu. Chez nous, c’est plus fort qu’ailleurs cette dimension-là. Et je pense que c’est bien que nous ayons dans les droits de l’homme, (il a fallu du temps c’est vrai, 2000 ans, mais maintenant, nous avons le droit international et c’est bien), donc c’est le droit de l’homme et de la femme bien sûr, qui progresse encore d’ailleurs, mais qui vient, et ce n’est pas tout à fait par hasard, de ces pays chrétiens où Dieu collabore avec nous et donc il nous met en avant. Il ne va pas nous écraser et il nous donne la liberté.
C’est un beau chemin que nous avons à vivre. Des fois c’est un peu difficile et fatiguant la liberté, alors des fois nous sommes lâches et nous préférons ne pas vivre avec la liberté… Je le vois sur un certain nombre de problèmes par exemple la question de la non-violence, et la question de l’Islam. Tout le monde a peur, il faut être gentil au détriment de la vérité, alors on cache les choses. Eh bien non et c’est notre responsabilité. Un jour ça va mal tourner, puisqu’on n’a pas voulu prendre en compte les réalités, alors on ne travaille pas, on attend que ça se passe. C’est pour ça que les causes des guerres, ce sont de la lâcheté la plupart du temps, souvent, alors bien nous avons à être courageux pour vivre la liberté du Christ.