Père François Jourdan
5e semaine du TO – année impaire – Gn 3,9-24 ; Ps 89, 3-13 ; Mc 8, 1-10
Si vous allez un jour, ou si vous êtes allés en Terre Sainte, il y a un endroit présumé, on n’est pas bien sûr, enfin c’est au bord du lac qui est très, très agréable pour y célébrer la messe en particulier, ça s’appelle Danmaoussa. C’est peut-être cet endroit-là où Jésus s’est retiré avec ses apôtres. En tout cas, le verset alléluiatique nous dit bien des choses, ce que Jésus dit d’ailleurs lui-même dans les évangiles : l’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Alors, c’est intéressant de voir avec certainement des éléments un peu symboliques déjà : il y a les 7 pains, il y a les 7 corbeilles qui restent, ils l’ont écouté pendant 3 jours. Est-ce qu’historiquement c’est ça, on n’en sait rien… Mais je pense que ça participe à rappeler que l’on fait une relecture de ce que Jésus a vécu avec ces foules. Les foules qui pouvaient d’ailleurs risquer de tomber dans le travers, et vouloir le faire roi, politique bien sûr. Ce n’est pas ça du tout et l’homme ne vit pas seulement de pain… Donc elle écoute sa parole. Elle avait apporté sans doute un peu à manger, évidement pendant 3 jours ça fait beaucoup.
Alors, Il pense aussi à ce pain ordinaire, mais c’est pour écouter sa parole et en vivre évidemment, l’intégrer et en vivre et il est lui-même la Parole du Père. C’est ce que nous essayons de vivre avec l’Eucharistie pour que nous puissions non seulement entendre, mais écouter. Écouter, entendre la Parole de Dieu et qu’elle fasse corps avec nous. Oui c’est ça qui est très beau. Il y a une cohérence de fond qui est très très belle.
Ne nous laissons pas prendre non plus par le livre de la Genèse avec Adam et Ève : c’est une présentation symbolique, complètement symbolique évidement : « Où es-tu ? » « Je suis dans le jardin etc.… » et puis chacun se défausse sur l’autre : (pourquoi tu as fait ça ? « Oh ce n’est pas moi c’est Ève, et puis Ève : « ben ce n’est pas moi c’est le serpent »). Cette manière de faire que l’on a aussi sur les prophètes qui est extrêmement courante : expliquer nos malheurs où nous payons nos fautes.
« Tu enfanteras dans la douleur, tu travailleras dans la douleur etc.… » pour payer la faute. Les prophètes font ça aussi en interprétant l’histoire du peuple d’Israël, en particulier avec l’Exil, comment payer ses fautes. C’est un peu simplet surtout aujourd’hui avec les sciences humaines, nous savons très bien qu’il y a bien d’autres causes ; et il y a une justice immanente comme on dit, (c’est à dire que des fois, les conséquences de ce que nous faisons nous retombe dessus ça c’est vrai, ça peut arriver.) Donc ne soyons pas dupes du côté très symbolique des 11 premiers chapitres de la Genèse, comme disent et ont bien repéré les biblistes. À partir du chapitre 12, c’est Abraham, on entre dans l’histoire. Et une histoire qui ne s’est pas passée comme cela est raconté, c’est une relecture aussi bien sûr, mais enfin c’est historique tandis que là ça ne l’est pas, ou c’est historique d’une manière générale : c’est à dire qu’Adam et Ève, c’est nous.
C’est un peu simpliste comme explication, mais comme nous pouvons le comprendre c’est une manière de nous ressaisir, et de comprendre en effet, que si on n’écoute pas la Parole de Dieu pour s’en nourrir, le monde ne va pas aller bien. Et ça c’est vrai et nous le voyons bien aussi aujourd’hui, avec tous ces ajustements que nous avons à faire : et bien on n’avait pas pensé à ça, on n’avait pas prévu, c’était déjà le désert médical, mais arrive une pandémie comme ça, on n’était pas prêts. Et pourtant, moi je me souviens quand mon père est mort, il aurait plus vivre plus longtemps, mais il y a eu des fautes dans l’hôpital où il était. Le directeur de l’hôpital où il était nous a dit que la médecine en France avait bien des problèmes et qu’on allait voir ça, ça va s’accentuer dans les années futures. Ça fait 30 ans, ce n’est pas d’aujourd’hui.
Nous voyons bien, c’est vrai qu’il faut être en éveil. Et en éveil grâce à cette parole du Seigneur qui se donne à nous. Et ce n’est pas seulement des mots, c’est son être ; ça va très, très loin et nous sommes les seuls à être porteurs de cette manière de voir. Et donc nous avons un rôle à jouer dans ce monde très important et souvent, nous avons tendance à voir à courte vue, évidement c’est toujours plus facile. Alors qu’au contraire c’est fondamental, c’est notre être profond qui doit s’engager dans l’histoire du monde : si Dieu est entré dans l’histoire, jusqu’à s’incarner, c’est que justement elle est très importante et c’est là que se joue effectivement cette présence du Seigneur dans nos vies.