Homélie du mercredi 24 février 2021

26 Fév 2021 | Homélies

Père Gilles Rousselet

Mercredi de la 1ère semaine de Carême – Jon 3, 1-10 ; Ps 50 ; Lc 11, 29-32

C’est rare d’entendre Jésus, ça arrive quand même d’entendre Jésus parler ainsi d’un groupe de personnes : cette génération-là, qui est une génération mauvaise. Alors évidemment Il s’adresse aux personnes de son temps, mais dans le sens biblique du terme ; la génération, en fait, c’est toutes les générations. Donc ça nous concerne, enfin on doit se laisser interpeller, et pas se dire : ce n’est pas ma génération, moi la mienne elle va très bien. Et c’est ce qui en nous identifie cette génération. De toute façon la Parole de Dieu est toujours pour nous, et pas d’abord pour les autres. Elle est pour les autres à partir du moment où, justement, comme Jonas, on s’approprie la Parole de Dieu. Elle nous transforme, elle nous fait vivre. Elle nous rend conformes à ce qu’elle dit, et alors il y a une urgence, une nécessité absolue, vitale à aller la porter aux autres. Pas pour faire la morale, mais parce que la Parole de Dieu est source de vie.

Alors j’aime bien le commentaire que le Pape François fait de ce passage d’Évangile. Vous savez que le Pape avait, il y a quelques années à la curie romaine, proclamé les 15 maladies de la curie romaine. Entre temps il en a découvert d’autres, c’est un excellent diagnosticien ! Et il avait parlé du signe de Jonas, comme une maladie en fait qui nous guette. Parce que Jonas, quand Dieu lui a demandé d’aller à la rencontre de cette ville, il a dit non, il a refusé, en disant qu’il n’y a pas de raison ; sous-entendu : moi je suis juste, je fais vraiment la volonté de Dieu ; il est hors de question que j’aille dans cette ville pour autre chose que la condamner. Toi tu l’invites à la conversion…

Après on connaît toute l’histoire de Jonas, comment il a été retourné. Et voilà, le Pape François dit qu’il y a déjà un premier élément qui peut nous guetter, de dire qu’on ne serait pas concernés par un nécessaire appel à la conversion. Évidemment, on ne peut annoncer la conversion que dans la mesure où l’on se convertit soi-même. Mais l’annonce du Royaume de Dieu qui commence par la conversion, la conversion dans le sens de ce que Jésus dit, ce n’est pas une conversion morale : c’est une conversion à l’Évangile.

« Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » : La conversion que nous sommes appelés à proclamer c’est : ayez confiance en Dieu, vivez dans la foi, ouvrez-vous au Seigneur Jésus. Et c’est dans la mesure de cette ouverture à la présence de Jésus que nous pouvons passer du mal au bien. C’est dans ce sens-là. Il ne s’agit pas d’abord de passer du mal au bien pour que Jésus vienne en nous, mais c’est dans la mesure où j’accueille Sa présence comme un pauvre de cœur, comme un pécheur, que le Seigneur Lui-même peut se charger de ma conversion.

Voilà, c’est le premier élément, moi qui m’ait bien éclairé sur ce commentaire du Pape François à propos de l’Évangile d’aujourd’hui :  ne nous laissons pas envahir par la mentalité de Jonas avant sa conversion, et avant sa décision d’aller à Ninive.

Et puis alors, il y a évidemment un deuxième aspect dans le signe de Jonas, c’est cette génération qui demande des signes, des preuves en fait. On pourrait croire que notre foi va grandir à la mesure où on aura des signes et des preuves de l’existence de Dieu. Et voilà, ce qu’il y a de mauvais dans cette génération, précisément, c’est qu’elle ne s’ouvre pas à la foi.

Contrairement à la ville de Ninive, qui était vraiment une grande pécheresse, on sait bien qu’une des caractéristiques de l’Évangile, de la bonne Nouvelle du Royaume de Dieu, c’est que les pécheurs, les publicains, les prostituées nous précèdent dans le Royaume de Dieu. Parce qu’ils ont la conscience, on peut dire, de leur état intérieur dont ils ne peuvent pas se libérer par eux-mêmes. Et que c’est seulement par la puissance de la grâce et de la miséricorde de Dieu que nous pouvons vraiment changer de vie, et entrer dans la foi en Jésus-Christ, qui nous aime et qui nous sauve.

Alors dans cette célébration, demandons au Seigneur de faire de nous des missionnaires zélés de l’Évangile, et aussi d’accueillir cette bonne nouvelle qui nous concerne nous : « Nous sommes des pécheurs à qui Dieu fait miséricorde. » Vous vous rappelez que c’est comme ça que le Pape François s’était présenté au début de son pontificat, en répondant à la question du journaliste : Qui est Jorge Bergoglio ? Il avait répondu après quelques instants de réflexion, de silence : Je suis un pécheur à qui Dieu fait miséricorde. Voilà, demandons au Seigneur de nous permettre de nous identifier en vérité. Nous sommes tous des pécheurs à qui Dieu fait miséricorde.

Amen.