Père Laurent de Villeroché
Vendredi 1e semaine de Carême – année impaire – Ez 18, 21-28 ; Ps 129 ; Mt 5, 20-2
« S’il observe mes décrets, s’il observe le droit et la justice, c’est certain, il vivra, il ne mourra pas. » En entendant il y a un instant cet extrait du prophète Ezéchiel, je ne pouvais m’empêcher de penser à la phrase de Saint Irénée, une phrase si souvent citée, qui dit : « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant ». La phrase se poursuit d’ailleurs, en disant : « La vie de l’homme c’est de voir Dieu », mais pour ce matin je retiens l’essentiel de cette phrase : « La gloire de Dieu c’est l’homme vivant ».
« Il vivra ». Le message profond de cette lecture, c’est sûrement que Dieu veut notre vie, il veut que nous soyons des vivants. Peut-être que c’est bon de nous rappeler ce message de fond. Mais alors, comment faire pour être des vivants ? Peut-être que les textes nous invitent à faire de la conduite automobile. De la conduite automobile parce que pour être vivant, pour avancer, il faut relâcher ce qui freine, et il faut pouvoir accélérer, c’est comme ça qu’on avance.
Alors ce qui freine, c’est sûrement le péché, et il importe donc de se détourner du péché, il s’agit d’éviter de commettre le mal. Notre choix c’est donc de nous en détourner, d’arrêter ce qui freine nos vies, ce qui empêche leur dynamisme. Alors, nous le savons bien : « Si tu retiens les fautes, Seigneur, Seigneur, qui subsistera ? » Lui, il décide de tout, d’une certaine manière. Et pourtant, ce que nous savons d’après ce texte, c’est qu’Il ne fonctionne pas comme nous, Il se refuse d’enfermer l’autre dans son passé comme nous avons si souvent tendance à le faire, comme le texte le dit dans Ezéchiel : Lui, il a une autre conduite, et Il se refuse à ce que nous l’obligions à fonctionner comme nous. Donc, si Dieu constate que l’homme se détourne du péché, c’est la promesse d’Ezéchiel, Il se tiendra à nos côtés. Donc, arrêtons de freiner, nous pouvons nous préparer à accélérer.
Cette accélération, si je continue l’image, on la trouve évidemment dans l’Évangile, avec cette invitation à aller au-delà d’une justice de pharisiens. Alors, on connaît le texte puisque nous l’avons souvent entendu : la loi parle de meurtre, et Jésus nous dit : « Mais déjà si vous vous mettez en colère il y a quelque chose qui ne va pas ». Donc il y a un dépassement à faire pour vraiment prendre en compte : « Allez vous réconcilier avec le frère », comme il est dit. Ce qui fait qu’on accélère, c’est le soin que nous prenons de notre frère, c’est le soin que nous prenons de la fraternité. Alors évidemment on peut penser à la dernière encyclique de notre pape François Fratelli tutti, qui nous y invite. Voilà, nous sommes allés au désert tout au long de cette semaine, pour retrouver l’essentiel. Eh bien rendons grâce au Seigneur parce qu’il nous rappelle qu’il veut notre vie. Il y a des choses qui sont à notre mesure : essayer de nous détourner du péché, et demandons sa grâce aussi si nous n’y arrivons pas tout seuls bien sûr. Et puis il y a ce choix que nous pouvons faire de la fraternité, et nous vivrons !