Père François Jourdan
Mercredi de la 2ème semaine de Carême – Jr 18, 18-20 ; Ps 30 ; Mt 20, 17-28
Le prophète Jérémie que nous avons eu en première lecture est célèbre pour ses « jérémiades », comme on a appelé ça. Parce que justement vivre la liberté de Dieu, la vraie liberté, c’est parfois lourd à porter. Pas facile, c’est une lutte, c’est un combat : le combat de la liberté comme on l’a chanté au début de la messe. Et nous le voyons aussi avec Jésus ; c’est remarquable cette liberté du Christ. Jésus avait déjà eu Saint Pierre : « Non, non, non, ça ne t’arrivera pas ! – Arrière de moi Satan », dit Jésus à Pierre. « Tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes.» Et alors là, avec les Douze, il y a un conflit. Jésus vient de leur dire, c’est quand même ahurissant voyez : Il n’avait aucune illusion. Donc les chefs de prêtres, les scribes vont le condamner à mort, avec les nations païennes. C’est exactement ce qui s’est passé. Nous le voyons bien avec la Passion que nous allons rappeler au moment de la fête de Pâques. Tout le monde s’est ligué contre lui. Les autorités du moins. Et Il a donc été condamné et Il est mort à l’extérieur de la ville comme on faisait pour les condamnés à mort dans la ville de Jérusalem. À l’extérieur avec deux bandits, c’est affreux. Les juifs comme les musulmans aujourd’hui sont très choqués de notre foi. Ce n’est pas possible ça. Ah bien ce n’est pas à vue humaine justement : « Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner Sa vie. » ça renverse, voyez, c’est le renversement évangélique. C’est extraordinaire, vous voyez. Et c’est ça que nous avons à vivre.
Alors, arrive là-dessus la mère des fils de Zébédée et les deux frères, Jacques et Jean. J’ai cité Saint Pierre, Jacques et Jean, ce sont les trois plus proches de Jésus qui étaient à la Transfiguration quand même. Et puis au moment où Il se rend au Jardin des oliviers, au moment de la Passion, pour aller prier avec Jésus. Eh bien oui, même ceux-là, voyez. Alors Ils se sont laissé prendre. Leur mère elle-même les a poussés pour qu’ils soient bien placés à côté de Jésus dans Son royaume ; tout de suite, voyez ! Il faut que l’on fasse attention. Nous tous, et même dans l’Église, à quelque poste que l’on soit, à quelque responsabilité. Avoir cette liberté du Christ qui envoie promener tous les pouvoirs. Pouvoir commercial, économique, politique, religieux même…Cette grande liberté du Christ est exemplaire, et doit nous éclairer sur notre chemin du Carême, car nous voulons en effet être comme le Christ. Et c’est incroyable, quand Dieu vient sur la terre, ce n’est pas pour être servi, ce serait normal, ça c’est à vue humaine… non, c’est pour servir :
Dieu au service de l’homme, c’est une vision de Dieu qui est tout à fait étonnante, et magnifique, et très audacieuse… et même choquante ! Eh bien c’est cela que nous portons dans notre vie.