Joseph Le Gall, eudiste
Dans le beau récit de la Genèse (=1ère lecture de ce dimanche), qui nous raconte le sacrifice d’Abraham, le Seigneur s’adresse à ce dernier pour lui dire à deux reprises : « Tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique ». Et dans la deuxième lecture, voici que c’est st Paul qui, utilisant une formule très semblable, déclare : « Dieu n’a pas épargné son propre fils, mais il l’a livré pour nous tous ».
Dans le 1er cas c’est l’homme, Abraham, qui ne refuse pas son fils à Dieu ; et dans le second c’est Dieu, le Père, qui ne refuse pas son fils à l’homme. Dans les deux cas il s’agit de donner ce que l’on a de plus cher et de montrer jusqu’où peut aller l’amour, aussi bien du côté de l’homme que du côté de Dieu.
En acceptant d’offrir en sacrifice Isaac, « son fils, son unique », sur qui, seul, repose pourtant la Promesse « d’une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel ou que le sable au bord de la mer », Abraham donne la preuve du détachement le plus radical, tout en continuant à croire, malgré toutes les apparences contraires, que Dieu, dans son amour, ne saurait faillir à ses engagements.
La tradition chrétienne (cf. Hébreux 11 / 17-19) ne manquera pas de voir en Isaac, prêt à verser son sang mais épargné par Dieu et demeurant en vie, l’image de Jésus-Christ mort, puis ressuscité et toujours vivant.
C’est ce rapprochement entre le sacrifice d’Isaac et celui de Jésus qui permet à saint Paul de crier haut et fort sa joyeuse et ferme espérance, qui peut et doit être aussi la nôtre : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? »… « Le Christ Jésus est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, il intercède pour nous. »